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Misère des misères : Ces burkinabè qui exhibent leur fiche de paie

Publié le mercredi 24 avril 2013 à 22h42min

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Misère des misères : 	            Ces burkinabè qui exhibent leur fiche de paie

Face à la vie chère et à ses nombreuses conséquences économiques et sociales, tous les moyens sont désormais bons pour se légitimer. Ainsi en est-il de ces citoyens qui ne se gênent plus de montrer leur bulletin de paie mensuelle à la face de l’opinion nationale et internationale.

C’est sans aucun doute une (nouvelle ?) forme de légitimation dans le mouvement de contestation sociale au Burkina. Celle qui consiste désormais à dire haut et fort ce que l’on gagne à la fin du mois. Et si cela ne suffit pas, on passe à l’étape supérieure en offrant son bulletin de salaire aux regards extérieurs.

Inutile de dire que cette forme de voyeurisme est particulièrement bien appréciée. Car permettant aux autres travailleurs de se faire une idée de leur propre situation. Mais aussi et surtout cela oblige (peut-être) l’entourage de celui qui agit ainsi à revenir à de meilleurs sentiments en étant moins exigeants, à défaut d’être compréhensif.

Le ‘’bulletin’’ sur la place du marché

Dans un pays où l’argent et le patrimoine ont toujours été pudiquement et jalousement gardés au fond des cantines, cela constitue assurément un tournant majeur dans le débat social. Et qui prouve qu’une étape est franchie dans la stratégie de riposte à la misère.

Le cas le plus récent est illustré par un agent des services communaux qui a dévoilé les dessous de ses fins de mois pas très reluisantes. Une manière pour lui de témoigner des conditions difficiles que lui et ses camarades vivent au quotidien.

Diplomates et universitaires

Avant eux, il y a eu le cas très médiatisé des diplomates du ministère des affaires étrangères qui (en 2007) sont descendus dans la rue en ayant recours au même procédé. Lourdement sanctionnés puis reversés dans d’autres administrations pour emploi, ils ont été récemment réintégrés dans leur corps d’origine et leur traitement salarial a semble-t-il, été revu à la hausse.

Idem pour les professeurs d’universités qui à leur tour ont mis le ‘’bulletin’’ sur la place publique en 2008 pour attirer l’attention de l’opinion sur le déséquilibre qu’il y a entre eux et leurs collègues de la sous-région. Là encore des mesures correctives ont été apportées.

Pas à tous les coups

Faut-il alors en déduire que la méthode est efficace ? Elle marche certes, mais pas à tous les coups. En effet, la grande majorité des travailleurs attend toujours de bénéficier d’une revalorisation intégrale de sa situation.

Nombreux sont d’ailleurs ceux qui disent être toujours victimes de ce qu’ils appellent les salaires ‘’coco taillé’’, c’est-à-dire sans indemnité ou en attente.

Selon les syndicats, il faudrait en moyenne 25% d’augmentation des salaires au Burkina, pour espérer une amélioration des conditions de vie des populations.

Juvénal Somé

Lefaso.net

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