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Mairie de Bobo-Dioulasso : Le maladroit coup de pouce à Salia Sanou

Publié le jeudi 21 mars 2013 à 21h54min

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Le 9 mars 2013, de par la volonté de ses protecteurs et en violation du guide élaboré par le ministère en charge de l’Administration territoriale pour encadrer la mise en place des organes des communes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso (les deux villes à statut particulier), Salia Sanou, le maire sortant, a été reconduit pour un nouveau mandat de cinq ans à la tête de la commune de Bobo.

La saisine du tribunal administratif par certains partis de l’opposition ne changera pas la donne, puisque le verdict rendu lundi dernier est défavorable aux requérants. Mais que faut-il penser de cette procédure cavalière qui foule aux pieds des principes conçus par les institutions de la république ? Pourquoi le ministère de l’Administration territoriale peut-il se faire le complice d’une situation déplorable en piétinant les dispositions de son propre guide ? L’argument facile de question sécuritaire n’a convaincu personne. A supposer qu’il s’agisse vraiment de question de cette importance, pourquoi n’avoir pas pipé mot de façon officielle ?

Cet argument sonne comme un prétexte pour refiler la mairie à Salia Sanou contre les principes démocratiques. Et ce n’est pas pour rien que les autorités locales ont balbutié du début à la fin. Rien que les propos du Haut-commissaire du Houet montrent comment les techniciens ont été mal à l’aise dans l’organisation de cette élection du maire de la commune de Bobo-Dioulasso. La seule ligne de défense du Haut-commissaire était que l’autorité ne faisait que suivre des instructions de sa hiérarchie. Paradoxalement, c’est après ce forcing que beaucoup d’observateurs redoutent que la quiétude soit troublée à Sya.
Les nouveaux organes de la commune sont peut-être légaux (avec le verdict du tribunal administratif) mais manquent de légitimité. Les citoyens ont maintenant la conviction que des officines politiques leur imposent des personnes même quand ces dernières ne sont pas les meilleures pour booster le développement de la capitale économique. En outre, par ce geste maladroit, le gouvernement vient une fois de plus de porter un coup à l’autorité de l’Etat.

Si les pouvoirs publics peuvent se plier si facilement aux considérations partisanes locales pour satisfaire des intérêts personnels de politiciens en manque de popularité, ils doivent s’attendre à ce que les mêmes prétextes soient évoqués demain par d’autres acteurs de la vie nationale pour se soustraire à la rigueur de la loi. Bobo, ville réputée difficile, n’avait vraiment besoin de ce théâtre. Le parti au pouvoir pouvait tout seul résoudre ses contradictions. C’est pourquoi, la violation des dispositions du guide du ministère relatif à la mise en place des organes des communes à statut particulier comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso pourrait être perçu comme un soutien à un individu ou à un groupe d’individus qui ne seraient pas capables de l’emporter par eux-mêmes. On en arrive à la conclusion que Salia pourrait ne pas avoir eu le tact nécessaire pour rassembler sous son nom la majorité des conseillers de son propre parti dont il est en plus le responsable local.

En effet, Ouagadougou avait-il moins de problèmes de sécurité avec ce qui a été donné d’observer ? Assurément non. La preuve, un des conseillers de l’UPC est sous haute protection et un maire nouvellement élu a été suspendu du CDP, son parti. Mais si malgré les signes avant-coureurs dans la capitale, le gouvernement a scrupuleusement respecté les procédures contenues dans le guide, pourquoi n’avoir pas fait de même à Bobo ? L’Etat a eu tort de se mêler à cette querelle interne à une formation politique. Ça n’a l’air de rien, mais il vient de se compromettre dangereusement et les responsables provinciaux pourraient laisser des plumes dans cette affaire.

Adam Igor

JJ

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