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Basile Guissou : "Ma part de vérité sur l’incendie de l’Observateur"

Publié le jeudi 27 novembre 2003 à 12h20min

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Notre note de la rédaction qui avait suivi la "Lettre de Normandie" que nous avait acheminée un confrère hexagonal au sujet de l’affaire Norbert Zongo (cf. L’Observateur paalga n°6010 du 30 octobre 2003) continue de susciter des réactions.
Après Do Pascal Sessouma et Touré Ibrahim, c’est aujourd’hui à Basile Laëtare Guissou, qu’on ne vous présente plus, de dire sa part de vérité sur l’incendie dont notre publication a été victime sous le CNR dans la nuit du 10 au 11 juin 1984.

A la lecture de votre juste, légitime et cinglante réplique au "blanc bec" normand, (cf. l’Observateur du jeudi 30 octobre 2003), l’envie de vous écrire m’est venue, mais il a fallu les deux écrits de ce jour (n° 6012 du 03/11/2003) pour me décider. Ministre de l’Environnement et du Tourisme (1983/1984) avant d’occuper deux (02) ans durant (1984/1986) le poste de ministre des Relations extérieures et de la Coopération, et enfin ministre de l’Information en 1986/1987, il n’est pas inutile de rappeler quelques faits en relation avec "l’affaire" de l’incendie de votre journal, dans la nuit du 10 au 11 juin 1984.

C’était un devoir de reconnaissance pour moi, d’aller sur place vous témoigner ma solidarité, car votre journal acceptait toujours de publier mes articles signés de mon nom en partageant les risques politiques. Il y en avait aussi à cette époque. Il n’est pas superflu de le souligner, car en la matière, vous avez été un pionner dans la lutte légale pour la liberté de penser, d’écrire et de publier dans notre pays. De 1980 à 1983, le pays a eu quatre (4) chefs d’Etat issus d’une consultation électorale (1978) et de trois coups d’Etat militaires. Le climat politique était extrêmement tendu jusqu’au 4 août 1983. N’importe qui ne pouvait pas dire, écrire ou publier n’importe quoi.

Basile Guissou

Bien que ministre et membre du Conseil national de la révolution, il me fallait poser cet acte, me présenter physiquement pour me démarquer des pratiques d’intolérance et de refus au droit à la contradiction, qui commençaient à miner le processus révolutionnaire balbutiant et pas encore rassuré sur son propre sort. L’inexpérience, l’extrême jeunesse de l’équipe dirigeante, même si elles ne peuvent pas tout justifier, contribuent à expliquer certains actes et comportements.

Le fait d’être venu dans les locaux du journal avec ma voiture de fonction (R.5 noire) m’a valu des remarques désobligeantes de certains "camarades militants" , que je passe volontairement sous silence. Même si ma bonne foi pouvait être contestée à l’époque, l’essentiel était de vous dire que l’ingratitude n’est pas mon fort. Déterminé à prouver cette bonne foi, il m’a paru normal de rechercher les voies et moyens pour aider à reconstruire ce "bien commun" que le journal est à mes yeux.

Dans un entretien avec le président Thomas Sankara, je me suis ouvert à lui pour savoir si l’Etat ne pouvait pas aider "L’Observateur" à reparaître et se dédouaner par rapport à sa responsabilité ou sa culpabilité. Le président a promis de s’informer. Un autre jour, je suis revenu à la charge. Il m’a répondu en ces termes : "L’assurance du journal de ton ami Edouard est une assurance minimale. Sil faut l’aider, il faudra pratiquement tout faire aux frais de l’Etat. Alors, s’il faut financier un quotidien, je préfère financer un quotidien d’Etat".

A l’époque, effectivement, le gouvernement s’activait pour lancer le premier numéro du quotidien "Sidwaya". C’était dorénavant clair pour moi, que l’Etat ne ferait rien pour aider un "concurrent" privé. Pour certains, l’incendie de "L’Observateur" ne pouvait être que l’œuvre du Conseil national de la révolution pour laisser le terrain libre à "Sidwaya". Jusqu’à nos jours, je conteste cette vision des choses, car jamais cette idée n’a été discutée en ma présence dans une réunion du CNR. Chacun reste libre d’avoir son analyse.

De votre côté, dignement et avec courage, vous avez lutté sans désespérer jusqu’en 1987 où vous êtes venu dans mon bureau de ministre de l’Information pour m’annoncer que vous êtes prêt à relancer la parution de "L’Observateur". Si mes souvenirs sont exacts, vous m’avez demandé une lettre signée de la main, autorisant cette relance au journal qui n’a jamais été interdit officiellement. Séance tenante, sous votre dictée, ma secrétaire particulière (Benon Colette) a saisi la lettre et je l’ai signée avec beaucoup de satisfaction morale. A la même période, j’ai signé une lettre de Moustapha Labli Thiombiano, autorisant l’ouverture de sa radio privée Horizon FM. Il m’a offert une copie de la lettre il y a 3 ou 4 ans.

Les choses vont se compliquer par la suite. Vous êtes revenu me dire que le ministre de l’Intérieur (Ernest Ouédraogo) vous refuse le droit de reparution sans autorisation du Conseil national de la révolution (CNR). Il m’a fallu recourir à l’arbitrage du capitaine Thomas Sankara en personne qui a voulu vous rencontrer pour en parler de vive voix. J’étais soulagé vu que moi-même je ne me considérais plus comme ministre. Ma démission était déjà un acquis négocié avec le chef de l’Etat. Il me demandait d’attendre la traditionnelle dissolution du gouvernement au mois d’août 1987 pour ne pas lui "ajouter des problèmes".

Mais ça, c’est la "cuisine" interne de la guerre des clans au sein du pouvoir à l’époque. Au retour de l’entretien avec le président Thomas Sankara, vous avez bien voulu me faire un compte rendu d’où il ressortait qu’une Commission interne du CNR, présidée par feu Ouatamou Lamien, devrait statuer sur le problème de l’autorisation. C’est à ce niveau que s’arrête ma connaissance de ce dossier, puisqu’ensuite, j’ai quitté le gouvernement pour la prison politique. A la composition du gouvernement suivant (kiti n° AN V-5/CNR/PF du 4 septembre 1987) je n’étais plus ni ministre, ni membre du Conseil national de la révolution.

Enfin, après mes quatre (4) mois de prison politique (16 décembre 1987 au 25 mars 1988), vous êtes un des défenseurs de la liberté de presse à vous déplacer physiquement pour "me saluer" chez moi. Ça ne s’oublie pas, surtout dans un pays où la mémoire devient de plus en plus un bien rare ! Des indiscrétions m’ont fait savoir que mon arrestation, ma détention à la Brigade de prévention routière de la gendarmerie nationale et les tortures subies, je les devais à ma plume que vous avez contribué à affiner.

Pour conclure, vous avez tort de sous-estimer le soutien dont vous avez bénéficié pendant cette véritable traversée du désert, y compris dans les instances du pouvoir. Nul observateur critique de la scène socio-politique du Burkina depuis trente (30) ans ne peut nier la contribution de "L’Observateur" au progrès de notre société. Mes divergences politiques et idéologiques avec vous et votre journal sont connues. Je dénonce votre réformisme chrétien, libéral et votre anti-communisme primaire. Mais hier comme aujourd’hui, "Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je donnerai ma tête à couper pour que vous ayez le droit d’exprimer vos points de vue" , comme le dirait quelqu’un que vous connaissez, pour avoir fait vos "humanités gréco-latines".

Fraternellement.

Basile Guissou


A mon ami Basile

Je reconnais le Basile avec qui j’ai eu toujours plaisir depuis les années 80, à échanger librement, dans la franchise et le respect mutuel.
Car quoiqu’on dise, nous avons en commun d’être tous deux disciples de Voltaire, philosophe de la tolérance et contempteur du dogmatisme, l’homme que vous avez cité en substance en fin de propos.

Je n’irais certainement pas jusqu’à donner ma tête à trancher, mais comme vous, je suis prêt à me battre du mieux que je puisse pour que chacun ait le droit d’exprimer ses opinions, quand bien même je ne les partagerais pas. Le lancement de l’Observateur il y a une trentaine d’années procède d’un tel engagement.
Par contre, je me garde des imposteurs, ces Tartuffe qui ne disent pas ce qu’ils pensent et ne pensent pas ce qu’ils disent.

Votre écrit soulève bien des points qui méritent éclaircisement et je voudrais d’avance solliciter la patience du lecteur si à vouloir les relever, je faisais plus long que de raison.
Oui Basile, vous êtes effectivement venu le lendemain de l’incendie nous manifester votre compassion, dans l’attirail ministériel que vous avez décrit. Je n’étais pas sur place, mais mes collaborateurs m’en ont tenu informé et je vous en sais gré aujourd’hui encore.

Tout comme les témoignages de Do Pascal Sessouma et Boureima Touré parus dans notre édition du lundi 3 novembre dernier, le vôtre vient confirmer ce que nous n’avons cessé d’écrire : à l’époque des faits, il eût été suicidaire d’envahir la rue, banderoles au vent et verbe haut pour soutenir le journal et exiger que la lumière fût faite, les coupables et leurs commenditaires, punis.

Des suspects plus que sérieux il y en avait cependant puisqu’après leur forfait et sûrs de l’impunité que la révolution assurait à tous ses dévots, quelques-uns des pyromanes sont allés s’en vanter dans les alcôves ouagalaises de leurs petites amies.

J’ai enregistré ces temps-ci bien d’autres témoignages qui prouvent à souhait le climat inquisitorial qui prévalait en juin 84. C’est le cas entre autres de mon confrère Bakary Alexandre Sanou (1) qui m’a rappelé qu’il avait conduit une équipe de la télévision sur les lieux de l’incendie, mais que son reportage a été censuré, sa hiérarchique ayant jugé contre révolutionnaire la diffusion d’un tel élément.

De tous ces exemples et de bien d’autres langues qui se délient librement aujourd’hui, on tire la conclusion que si l’incendie n’a pas été formellement ordonné par le CNR, il a été par contre suscité par une campagne haineuse contre le journal, puis perpétré par les exécuteurs des basses œuvres du régime, comme tant d’autres crimes non encore élucidés à ce jour.

Face à la langue de bois et à la pensée unique dont Sidwaya (2) voulait abrutir le peuple voltaïque, l’Observateur proposait une information plus diversifiée et une vision pluraliste de la société. C’était plus que n’en pouvaient supporter les sectaires de la révolution démocratique et populaire avec leur paranoïa de la lutte des classes. Il fallait donc en finir avec ce journal petit bourgeois. Ce fut l’autodafé du 10 juin 1984.

Non Basile, je ne sous-estime pas la sympathie que dans le silence de la peur, nos compatriotes dans leur écrasante majorité ont éprouvée pour notre cause qu’ils savaient du reste la leur. Sans ce sentiment que le journal n’était pas seul, je ne pense pas que j’aurais pu endurer sept ans de traversée du désert sans succomber à l’une ou l’autre proposition mirifiques qui m’ont été faites et qui m’eûssent conduit à quitter le pays ou à tout le moins, changer de métier.

Mais comment voulez-vous Basile que je me lasse de dire que le CNR fut un régime de terreur et de non-droit pour toute contestation citoyenne, quand je me rappelle qu’après le choc de l’incendie, suivi le lendemain 11 juin des premières exécutions politiques, beaucoup n’osaient même plus prononcer le nom du journal ou le faisaient mezza voce, tant ils étaient convaincus que le faire à haute voix serait considéré comme de la provocation par les gardiens du temple de la révolution ?

Vous écrivez par ailleurs que j’ai demandé une lettre signée de votre main autorisant la relance de l’Observateur.
A votre demande, je suis allé effectivement vous voir le jeudi 25 juin 1987 dans l’après-midi, mais si les notes de mon agenda ne me trahissent pas, il n’a nullement été question ce jour-là d’autorisation. Je tiens à le relever parce qu’en bon légaliste, j’ai toujours soutenu que l’incendie ne valait pas interdiction du journal et qu’en conséquence son récépissé obtenu en 1973 était toujours valable et de plein effet. Je ne pouvais donc pas me piéger moi-même en parlant d’autorisation.

J’ai par contre parlé ce jour-là de garanties politiques et vous m’avez répondu que le président Thomas Sankara désirait savoir si je consentirais à ce que l’Etat prenne des parts dans le capital social du journal.
J’ai objecté qu’une telle éventualité ne relevait pas de mon seul ressort et qu’en tout état de cause, une telle opération ruinerait totalement la crédibilité du titre auprès de ses lecteurs.

Grâce à vos bons offices, j’ai pu également rencontrer Thomas Sankara le 14 août 1987 en fin de matinée. Avec lui non plus, je n’ai pas parlé d’autorisation pas plus qu’il n’a évoqué avec moi cette idée saugrenue de participation étatique au capital du quotidien.
Je sais qu’avec certains de ses intimes, il ne cachait pas que pour lui, une relance de l’Observateur serait considérée comme de la régression pour la révolution.

Mais ce 14 août 87, il s’est contenté de me demander de prendre encore patience, le temps qu’il procède à des réformes qui rendraient dorénavant impossibles des actes répréhensibles comme l’incendie d’un journal.
Quant à Ernest Nongma Ouédraogo alors ministre de l’ Administration territoriale, c’est le 16 juin 1986 qu’il m’a reçu dans l’après-midi, mais ce fut dans le cadre d’un magazine hebdomadaire (3) que j’ambitionnais de lancer en attendant la restauration complète de notre imprimerie pour la reprise du quotidien.

Vous dénoncez enfin mon "réformisme chrétien, libéral" et mon "anticommunisme primaire".
Commençons par la fin. J’ignore s’il y a un communisme secondaire ou tertiaire et que sais-je encore !
Je sais seulement que malgré la séduction et la fascination que l’idéologie communiste a pu exercer sur les esprits, ce fut la plus grande imposture du XXe siècle.
J’ai été moi aussi fasciné à un certain âge et j’ai lu nombre de classiques sur la question, car comme disait l’autre, si vous n’êtes pas communiste à vingt ans, c’est que vous n’avez pas de cœur, mais si vous le restez à quarante ans, c’est que vous n’avez pas de tête.
Moi je n’a pas attendu la quarantaine pour ne plus croire au grand soir où l’on rasera gratis.

L’anticommunisme primaire dont aiment à m’accuser certains cercles de pensée et d’action de notre pays a en fait une explication : c’est que je fais partie de ceux qui ont toujours refusé de jouer les imbéciles utiles dont parlait cyniquement Lénine, ces jobards au grand cœur qui se laissent instrumentaliser par des petits malins qui savent bien avancer masqués.
Cela n’empêche pas qu’à défaut de les suivre, j’aie toujours eu la plus grande estime pour tous ceux qui professent ouvertement leur foi communiste et qui s’efforcent d’y conformer leur vie.

La preuve ?
- Tout ce que je n’ai jamais cessé d’éprouver pour feu Amirou Thiombiano (4) qu’on ne présente plus et que je suis tenté de hisser au rang des saints laïcs.
- Les rapports suivis que j’ai entretenus avec vous-même Basile, jusqu’au plus fort de la révolution sankariste, alors que je vous savais adepte d’un communisme pointu et rouge vif, puisque vous étiez pro-albanais ou à tout le moins prochinois. Il vous souvient bien que je soutenais mes convictions non à coups de poing ou de gourdin, mais par un argumentaire que bien sûr votre doigté dialectique savait esquiver, mais dont vous ne pouviez nier la cohérence.

Vous fustigez mon "réformisme chrétien, libéral". Très bien ! Je sais qu’au temps où le communisme s’imposait comme idéologie dominante, il a toujours traité le réformisme en frère ennemi, l’accusant de retarder l’éclatement de la révolution grâce aux correctifs et autres calmants qu’il sait appliquer aux maux de la société.
L’histoire a cependant donné raison aux réformistes et ce n’est pas un hasard si aujourd’hui, la plupart des anciens partis communistes du monde ont opéré leur aggiornamento en embrassant la sociale- démocratie. Et vous m’en voyez bien content.

Je ne suis pas non plus mécontent quand vous qualifiez de chrétien non réformisme. Vous faites certainement alusion à la doctrine sociale de l’Eglise. Comme vous le savez sans doute, la genèse en remonte à l’encyclique "Rerum novarum" de Léon XIIIe de 1891 par laquelle l’Eglise pour la première fois s’est penchée sur la condition ouvrière en même temps qu’elle se réconciliait avec les idées républicaines.
La doctrine prendra définitivement corps en 1931 avec Pie XIe et son encyclique "Ouadragesimo anno". Elle sera réactualisée par Jean Paul II en 1990 à travers "Centisismus annus" qui traite des problèmes du travail et de notre société.
C’est de tous ces enseignements que procèdent aujourd’hui les commissions Justice et Paix qui s’investissent à travers le monde pour la démocratie, les droits de l’homme et le contrôle de la mondialisation.

Tout cela procède d’une vision solidaire et fraternelle de la société, d’un humanisme qu’aucun homme de bonne volonté ne peut récuser et qu’on retrouve dans d’autres spiritualités comme le soufisme et sa version sénégalaise qu’est le mouridisme dans sa mystique du travail.
Quand le Pape Jean-Paul II déclare que le développement est l’autre nom de la paix, n’entend-on pas en écho cette exhortation des disciples de Cheik Ahmadou Bemba : "Travaille comme si tu devais vivre éternellement, et prie comme si tu devais mourir demain" ?

Quand par ailleurs Pie XI enseigne que "La politique est le plus vaste champ de la charité", j’applaudis moi à tout rompre parce qu’il s’agit de nous inviter à nous intéresser à la politique comme mission de service public, mais surtout à nous y engager non pour nous servir mais pour servir.
Si aujourd’hui la politique et tous ceux qui en font profession ont perdu un peu partout de leur noblesse, c’est parce qu’entre autres, il leur manque un supplément d’âme.

Bien fraternellement

Edouard Ouédraogo

Notes :

(1) Ancien directeur de Radio Bobo, premier maire adjoint actuel de ladite ville.

(2) Le premier numéro de Sidwaya date du 5 avril 1984, avec le sous-titre de quotidien d’information et de mobilisation du peuple. Tout un programme. Le journal a abjuré cette orientation militante depuis juillet 1991.

(3) Cf. Raabo AN IV/33/CNR/MATS/SG, Kombisse

(4) Fondateur du P.A.I., premier parti marxiste-léniniste de notre pays.

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