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<I>Une lettre pour Laye</I> : Où est passé Tuo Fozié ?

Publié le vendredi 10 décembre 2004 à 11h00min

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Cher Wambi,

Comme chaque année, demain samedi 11 décembre sera commémorée la fête nationale du Burkina Faso. Tu le sais mieux que quiconque, l’événement a, depuis ces dernières années, perdu de son faste d’antan.

Si bien qu’à l’occasion de la célébration de ce quarantième anniversaire, nous devrons nous contenter des traditionnelles décorations. Et ils sont légion les récipiendaires qui recevront leurs insignes ce samedi en fin d’après-midi au palais de la présidence du Faso.

En attendant que tu prennes connaissance de la liste dressée par le président du Faso par décret n°2004/PRES-GC du 8 novembre 2004, dans l’Observateur dimanche de ce jour, je me permets de te souffler les noms des rares promus au grade de commandeur de l’Ordre national à titre normal :
- M. BELEMSIGRI Paul, né le 31 octobre 1943 à Ouagadougou/ Kadiogo ;
- M. COLGO Noraogo Bertrand, Mle 08027 P, né vers 1946 à Nédogo/Ganzourgou ;
- M. OUEDRAOGO Guesséyoba (Lieutenant-Colonel (ER), né en 1935 à Ouahigouya/Yatenga ;
- M. OUEDRAOGO Yembraogo Roger (Lieutenant-Colonel (ER), né en 1935 à Tangaye/Yatenga ;
- SAWADOGO Gomdaogo Jean Paul, Mle 15237, né le 25 janvier 1955 à Pissi/ Koubri/Kadiogo.

Bien d’autres personnalités seront distinguées ce samedi, au nombre desquelles l’épouse du président El hadj Aboubakar Sangoulé Lamizana, Bintou Lamizana, et El hadj Mahamadi Kouanda, le président de la Coordination nationale de soutien aux Etalons. Je n’ose pas omettre le nom de mon illustre voisin depuis une trentaine d’années, El hadj Ouédraogo Goama Ousmane, président national des marchands de colas, qui, lui, sera décoré au même titre que d’autres opérateurs économiques dès 8h à la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat.

Au plan provincial, cher cousin, le haut-commissariat du Kadiogo donne rendez-vous à ses valeureux serviteurs dans la matinée à la place de la Nation. Qu’en sera-t-il à la préfecture de Laye ce samedi ? J’espère que pour une fois vous avez songé à la vieille Yempoaka, la renommée dolotière qui approvisionne tout le département en nectar !


Ce n’est un secret pour personne, la vie est devenue chère au Faso. A preuve, les prix des hydrocarbures, entre autres, ne cessent de grimper et pourtant les salaires, eux, stagnent. En empruntant le car pour Ouaga, tu te rendras compte que les transporteurs ont eux aussi revu leurs tarifs à la hausse.

Jusqu’à présent, la réponse officielle servie par les gouvernants pour justifier cette conjoncture économique difficile est : la guerre en Irak et la crise ivoiro-ivoirienne. Mais, cher cousin, ils sont nombreux qui pensent que l’Etat a trouvé par ce biais le moyen de renflouer ses caisses. Car, disent-ils, les Maliens, qui traversent notre pays pour s’approvisionner en carburant à Lomé, par exemple, le revendent moins cher chez eux. Et pendant combien de temps encore porterons-nous cette croix ? Ce n’est pas demain qu’on verra le bout du tunnel, nos autorités ayant pris la fâcheuse habitude de réclamer au contribuable le double de ce qu’il lui a donné la veille.

En tout cas, en ville comme en campagne, chacun devra se préparer encore à cracher dans le bassinet, et pour cause : c’est ce matin que sera lancée officiellement à partir de 9h au service des passeports à Gounghin (secteur 8) la nouvelle carte nationale d’identité burkinabè. Elle coûtera à chaque citoyen la somme de 2500 FCFA, ce qui n’est pas rien. Si tu veux être à jour de cette pièce essentielle, tu as intérêt à mettre dès à présent un peu de pognon de côté, sinon... Le 12 novembre dernier, je te contais la méseventure qu’a vécue le sieur Djibril Compaoré, un des exposants à la 9e édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO).


Aujourd’hui, je dois te dire que la vérité de Djibril Compaoré n’est pas celle du commissariat général du SIAO, comme peut en témoigner le droit de réponse que je t’invite à lire : "Un proverbe de chez nous dit que dans une situation de conflit opposant deux personnes, celle qui en explique les causes à un tiers se donne toujours raison. Dans votre livraison n°6268 du "vendredi 12 au dimanche 14 novembre 2004", sous la rubrique "Une lettre pour Laye", vous avez fait cas de l’exposant Djibril Compaoré dont les produits ont été embarqués le 31 octobre 2004 "sans autre forme de procès par une escouade d’agents de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) "venus à trois reprises".

Vous précisez que quand le sieur Compaoré a voulu "comprendre le pourquoi de cette intervention musclée, il a reçu un coup de tête, avant d’être bâtonné, menotté et déféré au Commissariat central de police de Ouaga sous le regard ahuri de toute la foule". Que s’est-il réellement passé ? Comme vous l’avez écrit, le sieur Djibril Compaoré, qui s’est inscrit deux fois sous des prénoms différents (le 4 juin sous Djibril et le 30 juillet sous Djibrina, ce qui laisse planer le doute) proposait effectivement des tee-shirts frappés du logo du SIAO, mais c’était pour tromper la vigilance des membres de la Section contrôle et vérification du Commissariat général du Salon, chargée de faire respecter le règlement général de cette 9e édition.

Ce règlement interdit en effet la vente des produits non artisanaux (exceptés bien sûr les tee-shirts et autres tissus frappés du logo du SIAO), et les installations anarchiques, deux fautes dont le sieur Compaoré s’était rendu coupable, car, non content de déborder les limites de son stand, il avait entreposé derrière les cartons de tee-shirts des marchandises diverses, dont des cartons de vins et de jus de fruits. Le sieur Compaoré avait donc transformé son stand en une véritable épicerie, et l’escouade d’agents de la CRS dont vous parlez, venus par trois fois, c’était pour le rappeler à l’ordre par rapport à ces deux fautes graves.

Mais hélas, non content de refuser de s’exécuter, le sieur Compaoré s’est opposé à l’embarquement de ses produits, a tenu des propos injurieux à l’endroit des forces de sécurité et pire, a même voulu porter la main sur l’un d’eux. Vous comprenez dès lors que les choses ne pouvaient pas se passer autrement. Il y a lieu de signaler que le sieur Compaoré n’était pas le seul dont les produits ont été saisis.

En effet, c’est face au viol répété du règlement général du SIAO, constaté par la Section contrôle et vérification, aussi bien au niveau des pavillons que dans la zone des restaurants, qu’une opération "coup de poing" a été menée le 31 octobre 2004. Cette opération a permis au SIAO non seulement de mettre un peu d’ordre sur le site, mais également de renflouer ses caisses, car plus d’un million de francs CFA ont été perçus sous forme d’amendes ce jour-là. Quelle leçon tirer de tout cela ?

Après vingt ans d’existence, le SIAO a atteint l’âge de la maturité ; il a pris l’option de se professionnaliser et c’est pourquoi le Commissaire général ne cesse de répéter que le SIAO ne saurait être un bazar. Cela doit être compris de tous et surtout des exposants s’ils ne veulent pas être victimes d’opérations "coups de poing" comme celle du 31 octobre 2004, lors des prochaines éditions du salon".

Ont signé :
- Le président de la section sécurité,
Pascal Sindgo

Le président de la section contrôle et vérification,
Clément Nikièma


Sais-tu, cher cousin, ce que c’est que la sauce gnienou ? Si tu l’ignorais encore, rendez-vous ce dimanche 12 décembre 2004 à la Maison des jeunes et de la culture de Ouagadougou (MJCO), où, à l’occasion de l’assemblée générale constitutive de l’Association pour la promotion des filles et femmes du Tuy (APFFT/PANISSE), tu pourras découvrir ce met local, qui est l’équivalent du kiênèbdo à l’arachide, des Mossé. En marge donc de cette manifestation, les femmes du Tuy prévoient des réjouissances populaires à la Maison des jeunes et de la culture de Ouagadougou, à l’issue de la cérémonie officielle à partir de 11h 30.

Outre le gnienou, cher Wambi, tu pourras, à l’exposition des mets, déguster le gnonkon, le konkoura et surtout... le dolo bwaba. Assurément un bon remontant, cher cousin, qui te permettra de visiter les stands les yeux ouverts, et pourquoi pas d’esquisser des pas de danse du terroir aux côtés des Peulhs, leurs parents à plaisanterie.

En attendant de t’y retrouver pour donner un coup de pouce à ces battantes du Tuy, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante :


- Où est passé l’adjudant Tuo Fozié, l’autre chef militaire de la rébellion ivoirienne, qui a installé ses pénates à Bouaké depuis septembre 2002 ? L’intéressé aurait déserté les rangs de la rébellion après qu’il a été reçu en audience par le président togolais, le général Gnassingbe Eyadéma, début novembre, juste à la veille du bombardement de Bouaké par les Forces loyalistes le 4 novembre dernier. Que s’est-il passé à Lomé et qu’est-ce qui a pu motiver le rebelle de la première heure à abandonner ses troupes ? A ce qu’on dit, il aurait même quitté la Côte d’Ivoire pour un pays de la sous-région. Et d’autres de préciser qu’il s’est enfui avec sa petite amie chez ses beaux- parents au Sénégal. Si cela s’avérait, il y a bien de questions à se poser encore sur le rôle des uns et des autres dans ce drame ivoirien.


- Noufou Ouédraogo, l’emblématique président du Comité de soutien aux Etalons, serait-il abandonné par les siens ? Si ce n’est pas encore le cas, nous ne sommes pas loin de ce qui peut s’apparenter à une dissidence au sein des fanatiques de notre onze national de football. Pas plus tard que le 7 décembre dernier, une certaine aile aurait en effet rencontré le "prési" pour lui demander de se mettre en réserve du Comité, pour ne pas dire de la République, compte tenu de ses multiples activités, qui compromettent souvent la bonne marche de ladite structure. Ses visiteurs d’un soir lui auraient proposé la présidence d’honneur du comité, toute chose que Noufou n’entendrait pas de cette oreille.

Pour les "jeunes patriotes" du Comité de soutien aux Etalons, il faut œuvrer à mettre un terme à la guéguerre Noufou-Kouanda, qui mène chaque fois les supporters loin des terrains de football. Tous devraient parler d’une même voix pour une même cause, les Etalons, rien que les Etalons. Au moment où les nôtres éprouvent des difficultés à s’imposer aux éliminatoires jumelées de la CAN/Coupe du monde 2006, la cohésion devrait être la chose la mieux partagée. Mais y parviendra-t-on jamais ? La balle est aussi bien dans le camps des joueurs que dans celui des supporters.


- Peur panique à l’amphi 1 de l’UFR/SH ce mardi 7 décembre 2004. Alors qu’un diplomate du Centre culturel américain était en train d’exposer sur les événements du 11 septembre 2001, ce fut le sauve-qui-peut quand l’auditoire fut surpris par un bruit de tonnerre qui secoua le bâtiment. Qu’y avait-il ? Des électriciens, qui avaient été sollicités pour des installations à l’amphi, se seraient permis d’entamer les travaux pendant les cours et sans crier gare. C’est le marteau piqueur qui a servi à perforer le mur qui fit l’effet d’une bombe, avec pour conséquence : deux filles dans les pommes. Ben Laden n’est pas encore là et voilà déjà les dégâts, s’amusaient à dire certains.


- Du consul de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique aux candidats au voyage vers les USA : "Nous avons constaté ce temps-ci des annonces radiophoniques et télévisuelles concernant la loterie américaine. L’ambassade n’est mêlée ni de loin ni de près à ces annonces. Il n’y a qu’une seule façon de participer au programme DV-2006 : Les candidats doivent envoyer électroniquement leur demande en utilisant le formulaire électronique de demande de visa DV, disponible uniquement sur le site : www.dv :lottery.state.gov

Important

Il n’y a aucun droit préalable à verser pour le Programme annuel de DV. Le gouvernement des Etats-Unis n’emploie pas les services de consultants extérieurs ni de services privés de messagerie pour la gestion du programme DV. Les intermédiaires ou autres services offrant leur assistance à la préparation d’un dossier de visa DV le font sans aucune autorité ni agrément du gouvernement des Etats-Unis. L’emploi de tout intermédiaire ou de toute assistance extérieure pour la préparation d’un dossier de visa DV est laissé entièrement à la discrétion du candidat. Pour des renseignements complémentaires, passez par l’ambassade des Etats-Unis au Burkina Faso. D’avance merci !

Ouagadougou, le 9 décembre 2004

Le consul


- La caravane du Sahel, édition 2004, sera lancée le mardi 14 décembre à Gayeri, la capitale de la Komandjari. C’est le ministre Mahamoudou Ouédraogo, en personne, qui ouvrira la voie aux vaillants défenseurs de notre culture, un convoi d’une soixantaine d’artistes et de journalistes, qui iront de Gayeri à Boulsa dans le Namentenga, en passant par Bogandé (Gnagna) et Sebba (Yagha) et ce jusqu’au 18 décembre. Les quatre ensembles musicaux et les vedettes qui seront de la partie ne sont autres que les lauréats de la Semaine nationale de la culture (SNC) et du Grand prix national en chanson moderne, au nombre desquels Nana Bibata et Camille Bazié. De quoi susciter des vocations dans le Burkina culturel profond.


- Les jeunes militaires font encore parler d’eux par leur brutalité vis-à-vis des populations. En effet, dans la nuit du 5 au 6 décembre 2004, alors que les populations de Kamboinsin fêtaient tranquillement le premier anniversaire de l’église St-Jean Baptiste, les militaires de l’Ecole des cadres des forces armées (ECFA) et ceux du Prytanée militaire du Kadiogo (PMK) auraient fait irruption sur le lieu de la cérémonie avec leurs ceinturons pour fouetter sans distinction aucune tous ceux qui y étaient. Bilan : deux blessés, un vieux de 50 ans du nom de Tapsoba Simon, et un enfant de 16 ans ; un kiosque saccagé, de l’argent pillé et la nourriture des vendeuses renversée. A Kamboinsin, les populations n’arrivent pas à digérer cette raclée. En tout cas la grogne monte dans les concessions.


Par arrêté n°2003-4289-4639/MFPRE/SG/DGFP/DPE (régularisation) signé le 5 novembre 2003, le personnel de l’Ecole nationale de santé publique recevait son acte de détachement auprès de la direction générale de l’école. C’est ainsi que depuis lors, le personnel a sollicité que la direction procède à son reversement sur la grille salariale des Etablissements publics à caractère administratif (EPA) devenus Etablissements publics d’Etat (EPE).

En guise de réponse, la direction générale réclama et obtint du personnel un certain nombre d’informations sur des dossiers. Une commission de vérification vit alors le jour même si, de l’avis du personnel, elle traîne les pieds. Et pour mieux se faire entendre, le personnel est monté au créneau le 3 décembre 2004 lors d’une assemblée générale. Il a exigé :
- que le reversement du personnel ait lieu immédiatement au cours de ce mois de décembre ;
- que le reversement sur la grille salariale des EPE soit accompagné du rappel dû à chaque personnel pour compter de janvier 2000 (pas de reversement sans rappel) ;
- la représentation du personnel lors du traitement du dossier ;
- et décidé un arrêt de travail de 48 heures du 9 au 10 décembre 2004. C’est donc en toute logique que le personnel a déserté les bureaux hier et aujourd’hui pour observer un sit-in. La situation était d’autant plus préoccupante du côté de la direction générale, que le mouvement a été suivi dans toutes les directions de l’ENSP (Ouahigouya, Bobo, Fada, Koudougou et Ouagadougou). Le personnel menace de durcir le ton si d’ici là rien n’est fait. Que deviendront alors ces milliers d’élèves inscrits dans ces écoles ?


- Les turfistes du Burkina ont fait leurs adieux au pari hebdomadaire du Multi 4 le mercredi 8 décembre. De sources bien informées, la Nationale de la chance aurait décidé de le remplacer par le jeu du Tiercé. Comme quoi, à la rue de la chance, les avis des parieurs comptent aussi.

- En cette fin d’année, les tournois de football sont légion un peu partout. Du côté de Houndé, chef-lieu de la province de Tuy, on prépare un événement sportif pour le week-end prochain. En effet, la ville va connaître une ambiance particulière avec le lancement officiel de la coupe du bassin cotonnier de la boucle du Mouhoun le 18 décembre 2004, à 15 heures, au stade provincial de Houndé. A l’instar des fêtes de l’arachide, de l’igname et nous en oublions, cette manifestation veut, avec le temps, devenir la fête du coton.

Pour la première édition, l’accent a été mis sur le football, qui, dit-on, mobilise pas mal de producteurs de coton dans la zone. Il semble que de plus en plus, les jeunes s’intéressent à la production du coton, et la présente coupe leur offre ainsi un cadre d’expression, de retrouvailles et de communion. En marge de ce tournoi, il y aura une conférence sur la problématique du coton en ces temps de lever de boucliers contre les subventions accordées aux producteurs de certains pays d’Amérique et d’Europe, et de chute des prix de l’or blanc. La conférence, qui sera animée par le président de l’Union nationale des producteurs de coton, François Traoré, permettra de débattre de ces questions. La finale aura lieu le 26 décembre toujours à Houndé.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

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