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ROOD WOOKO : Venez, c’est rouvert.

Publié le jeudi 23 août 2012 à 22h46min

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 ROOD WOOKO : Venez, c’est rouvert.

Depuis le 16 avril 2009, le marché central de Ouagadougou a rouvert ses portes après près de 6 ans de fermeture pour cause d’incendie. Après 3 ans de fonctionnement, le marché peine toujours à retrouver son lustre d’antan. Le plus difficile pour le grand marché de la capitale, ce n’est pas la réouverture, mais de le faire réintégrer les habitudes des usagers.

Debout, au milieu de l’allée, Hamadé se lamente sans cesser d’haranguer les potentiels clients européens qui se sont aventurés dans le bloc des vendeurs de souvenirs et autres objets d’art. Le tout au milieu d’une multitude d’autres vendeurs. « A dire vrai, ça ne marche pas ». « Nous ici, nous ne vendons pas. Allez faire un tour devant eux, vendent mieux » rétorque Moussa. Indexant, les boutiques du réez –de- chaussée et aux abords du marché. Les vendeurs du second niveau du marché, eux vivent des jours moins heureux. Il n’y a pas si longtemps, ils ont encore assisté impuissants, au départ d’un de leur collègue qui a accumulé des arriérés de loyers. Cette fois ci, le choc fut plus dur pour Hamadé. L’expulsion a concerné son plus proche voisin. En bon Mossi il s’inquiète. « On dit que quand la maison de ton voisin brûle, il ne faut pas se moquer parce que les flammes peuvent très vite enjamber ton mur et se retrouver chez toi » soutient- il. Et d’exprimer son incompréhension à l’égard des responsables du marché « mon voisin est venu avec 100 000 FCFA comme avance espérant pouvoir reprendre son activité mais ils ont refusé » avant de déclarer « Ils veulent qu’on parte et on va partir ».

Pour Abdoul Rahim Tapsoba, à une cinquantaine de mètres plus bas, pas question de partir. Ce vendeur, installé depuis 8 mois à peine, a creusé le filon combien juteux des accessoires de beauté des femmes (chaînes, bagues, gourmettes, boucles d’oreilles etc.). Une technique imparable. « Je peux dire que ça marche un peu un peu. Je suis nouveau mais je vois que ça va » affirme t- il, tout sourire. Il n’est pourtant pas étranger à l’affluence mi figue mi raisin du marché. « Ceux qui étaient la avant moi disent qu’au début ce n’était pas du tout facile » se souvient t- il. Abdoul Rahim Tapsoba déplore néanmoins, le fait qu’il ait encore beaucoup de boutiques vides. « Voyiez, il y a beaucoup d’espaces vides. Après l’incendie, les gens sont allés dans les petits marchés et ils ne sont plus revenus » commente t- il. Pour y remédier, il a une idée bien claire. Pour lui, il faut laisser revenir les ‘’anarchistes’’ c’est-à-dire les commerçants qui, avant l’incendie, occupaient le marché sans pour autant être officiellement attributaires de boutiques. « Si les gens sont beaucoup, les clients viennent » affirme t-il. Pour lui, les ‘’anarchistes’’ donnaient l’assurance aux clients de toujours, trouver, tout ce qu’ils veulent sur place. « Eux absents, les gens se sont habitués au marché du 10, à Sankara Yaar, aux marchés périphériques au détriment de Rood Wooko » analyse t- il. Cette requête de M Tapsoba, connaîtra difficilement un écho favorable au près des autorités compétentes qui eux, ont déclaré la guerre à l’anarchie à la réouverture du marché en avril 2009.

Ami, commerçante de pagne attend un heureux événement. Il est plus de 11 h et elle vient de se réveiller d’une petite sieste. Depuis ce matin elle n’a encore rien vendu mais tient le même discours que la plupart des autres vendeurs. L’affluence du marché est mitigée. « Les gens viennent. Mais un peu, un peu. Ce n’est plus comme avant l’incendie » affirme t- elle. Si elle ne va pas jusqu’à vouloir le retour des ‘’anarchistes’’, elle lance un appel aux clients. « Il y a tout ici au marché, il faut venir. C’est de cette manière seulement que le marché redeviendra ce qu’il a toujours été ».

Aminata OUEDRAOGO (Stagiaire)

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