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<I>Une lettre pour Laye</I> : Arrêt des vols Air Mauritanie sur le Burkina

Publié le vendredi 5 novembre 2004 à 07h35min

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Cher Wambi,

Le dialogue de sourds qui s’est instauré entre la Mauritanie et le Burkina Faso depuis les accusations itératives de Nouakchott contre Ouagadougou au mois de septembre semble avoir de beaux jours devant lui.

La bonne foi dont tentent de faire preuve Blaise Compaoré et les siens ne convainc point Ould Taya, qui ne cache pas son appétit à écraser de l’opposant.

Et Ouagadougou, qui est accusée à tort ou à raison d’en être le temple, en subit-elle les conséquences. C’est ce qui expliquerait l’arrêt de la desserte du Burkina par la compagnie Air Mauritanie depuis la semaine dernière. Hélas, nous sommes encore loin de l’Occident et des pays développés, où les affaires et la politique n’empruntent point les mêmes chemins.

Gbabgo bombarde Bouaké

Chose qu’on n’a pas vue depuis des lustres à cette période de l’année. Par quoi cela peut-il s’expliquer quand on sait que depuis la fin septembre, la capitale burkinabè et ses environs n’avaient plus été arrosés, consacrant ainsi la fin de la saison hivernale ? On sait seulement que cette pluie providentielle a été précédée pendant des semaines par une chaleur torride qui a rappelé à plus d’un la canicule légendaire du mois de mai.

Si en campagne elle n’était pas la bienvenue du fait que nos braves paysans n’ont pas encore fini de récolter le fruit de leur labeur, à Ouagadougou elle fut des plus bienfaisantes, surtout pour les milliers de visiteurs du Salon international de l’artisanat, qui a ouvert ses portes vendredi dernier, et pour les riverains, qui n’en pouvaient plus de souffrir de la poussière.

Cela dit, j’ose espérer que pour une fois, tu seras un témoin oculaire de ce rendez-vous de l’art africain, malgré les prix, qui sont hors de portée du commun des mortels. Ne serait-ce que pour satisfaire ta curiosité, tu as intérêt à faire le déplacement du SIAO pour voir ce dont sont capables les artistes et artisans africains, avant la clôture, qui interviendra ce week-end.

- Côté politique, cher cousin, la fièvre qui était montée d’un cran depuis le début de l’affaire dite Hermann Yaméogo, suivie de la démission fracassante de son frère cadet, Salvador Maurice Yaméogo, de son poste de coordonnateur national de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), a baissé considérablement après les gorges chaudes entretenues par les protagonistes de la scène politique nationale. A-t-on choisi de taire nos différends le temps du SIAO et du Sommet de la Francophonie qui se profile à l’horizon ?

Au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), les batailles internes pour la mise en place des structures dans les différents fiefs électoraux continuent de me convaincre que la cohésion n’est point la chose la mieux partagée dans le parti au pouvoir. A preuve, dans le département de Dapelogo, région du Plateau central, le bureau monté par Sabné Koanda a purement et simplement été rejeté par la base, qui réclame un bureau de consensus.

Finalement, les protagonistes ont été invités ce samedi à Ziniaré, le patelin présidentiel, afin de trouver une solution à la crise. Que faut-il attendre de ce conclave ? Pour qui sait ce qui lie l’enfant terrible de Ziniaré au département de Dapelogo, il n’y a pas de doute que le dernier mot lui reviendra. Mais comme dit le proverbe, ne devançons pas l’iguane dans l’eau, car Ziniaré pourrait nous réserver de grosses surprises demain.

- A chaque arrondissement son affaire de parcelles ? C’est hélas, cher cousin, la question qui se pose dans notre capitale où les opérations de lotissements entreprises çà et là constituent pour certains des "deals" inespérés. Si l’arrondissement de Boulmiougou tient la vedette en la matière, celui de Bogodogo n’est pas en reste non plus. En témoigne une note circulaire de "la grande famille Ouédraogo, Compaoré, Dipama, Dondassé et Nikièma de Sankoui dans le quartier Dagnoën relative à la parcelle du lot 02, section KP du secteur 29.

De quoi s’agit-il ? Tu as certainement souvenance qu’à l’occasion des lotissements, il est prévu des espaces pour les différents cultes (musulman, chrétien et animiste). Il en est ainsi à l’ENAM, à Bangrewéogo, au camp militaire Guillaume-Ouédraogo, etc., où nos coutumiers vont souvent accomplir certains rites. A ce qu’il paraît, la parcelle ci-dessus querellée à Dagnoën serait un site ancestral dans les traditions mossi.

Lors du lotissement de 1970, l’Administration, qui en avait été tenue informée, a purement et simplement cédé ladite parcelle aux coutumiers. Quelque trente années après, soit en l’an 2000, les coutumiers furent surpris de constater qu’un individu y élevait un bâtiment. Le maire de Bogodogo de l’époque, Harouna Compaoré, interpellé, reconnut la faute et fit arrêter les travaux. Peine perdue, car trois ans après, les travaux de construction reprirent de plus belle. Cette fois-ci le maire a pour nom Mme Drabo/Ouédraogo Zénabo, et le maître d’ouvrage, toujours Maurice Sawadogo. Que s’est-il passé entre-temps ? Mystère et boule de gomme.

A ce jour, les coutumiers de Dagnoën ont initié mille et une démarches afin que leur site leur revienne, en vain. Le chef suprême des Mossé, le Mogho Naaba Bâongho, en a été saisi après plusieurs rencontres avec le Baloum Naaba et le Wemtenga Naaba, ainsi que les autorités municipales.

En attendant le dénouement de cette affaire de la parcelle à fétiches de Bogodogo, ils sont nombreux qui concluent que brader ce site équivaudrait à porter le deuil de notre culture. En arrivera-t-on là cher cousin ?

- Il n’y a pas longtemps, je t’informais de l’érection de la soute à munitions du nouveau camp de Gounghin en prison militaire. Je ne croyais pas si bien dire. Car, pas plus tard qu’hier, j’ai appris que les travaux de réfection viennent de prendre fin, et que la remise officielle de cette Maison d’arrêt militaire (MAM) aura lieu le 11 novembre prochain. C’est te dire que d’ici là, les pensionnaires en treillis de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), tels le capitaine Diapagri Luther Ouali et autre sergent Naon Babou pourraient faire leur paquetage.

A ce qu’on dit, la MACO elle-même pourrait être délocalisée d’ici peu. Ses effectifs étant de nos jours des plus pléthoriques, il est question de construire un établissement qui réponde aux normes. Le site choisi se situerait dans les environs de Tanghin-Dassouri, où serait aussi basée la garde de sécurité pénitentiaire. J’ignore pour l’instant comment s’appellerait cette nouvelle maison d’arrêt, mais je dois te rappeler que l’actuel bâtiment a été érigé en même temps que le lycée Bogodogo (ex-Ecole normale) en 1962-1963. Quant à la première Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, elle se trouvait à l’actuelle cité de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), au secteur 2, côté sud de l’Agence nationale de la BCEAO.

- Cher Wambi, les combats sont-il en train de reprendre en Côte d’Ivoire ? C’est la question qu’on est en droit de se poser après le mitraillage d’un barrage de contrôle à la sortie nord de Bouaké par deux avions de type Sukhoï 25. En effet, hier matin vers 7h15, l’un des avions a tiré une rafale sur ce barrage de contrôle situé sur la principale route menant au nord du pays. La ville de Bouaké, comme tu le sais, est tenue par les Forces nouvelles, de Guillaume Soro. Selon un premier bilan, cette attaque aurait fait quelques blessés légers.

L’information a été confirmée par le commandant militaire de la zone de Bouaké, le sergent Chérif Ousmane. Vers 11h 20 locales, les deux avions ont largué des bombes sur Bouaké. Dès 11h 00, les communications téléphoniques avec la capitale des rebelles étaient impossibles, pendant qu’à Abidjan, les membres de l’état-major des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) n’étaient pas joignables depuis le milieu de la matinée. D’ailleurs une déclaration de l’armée était attendue à 13h.

Cette attaque serait-elle en fait une suite favorable de la requête d’Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), le parti au pouvoir, qui avait appelé le président Laurent Koudou Gbagbo à tout mettre en œuvre pour réunifier le territoire en usant pour cela de tous les moyens y compris militaires ? Il y a quelques jours de cela, les forces onusiennes ont dû faire usage de leurs armes pour repousser des éléments des Forces armées ivoiriennes (FANCI) appuyées par des Jeunes patriotes de Charles Blé Goudé, qui voulaient marcher sur Vavoua. Si les canons doivent de nouveau tonner au pays d’Houphouët, tout le monde en sortirait perdant y compris ceux qui prétendent s’être suffisamment armés et être à même de refaire par la force l’unité de la Côte d’Ivoire.


A présent, cher cousin, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante :

- Ah ! Quelque part on commence à ressentir les conséquences de la fermeture du marché central de Ouagadougou, "Rood Woko". En témoigne le communiqué de presse ci-après émanant des organisations syndicales des petits commerçants de Ouagadougou et du Kadiogo : "Depuis le 27 mai 2003, date de l’incendie du marché Rood-Woko, poumons de l’économie du Burkina Faso, la vie des commerçants n’a cessé de se dégrader. Le 30 octobre 2004, la coordination des organisations syndicales des commerçants s’est réunie à la Bourse du travail de Ouagadougou en vue de se pencher sur le démarrage effectif des travaux de réhabilitation de ce marché. Depuis 4 (quatre) mois, nous constatons, avec amertume, que la promesse du Premier ministre par rapport au démarrage des travaux de réfection de Rood Woko dans le bref délai annoncé lors de la rencontre gouvernement-secteur privé tenue à Bobo le 16 juillet 2004 tarde à se réaliser.

A ce jour, aucune information de la part du gouvernement, relative aux résultats du 2e appel d’offres concernant l’architecture, le déblayement du terrain et la réfection du marché n’est connue du grand public. Cependant la misère et la pauvreté des ex-locataires de Rood-Woko ne cessent de s’accroître. Par le présent communiqué de presse, nous interpellons les autorités gouvernementales et communales pour la réhabilitation rapide du marché. Camarades, la lutte est permanente.

Fait à Ouagadougou, le 30 octobre 2004

Ont signé :

SYNAPETECOM/CNTB

Le président

Zongo Dieudonné

OSPCO/ONSL

Le président

El hadj Kaboré T. Dramane

USPCK/ONSL

Le président

Sakandé Marou

- La grande mosquée de Ouagadougou était particulièrement animée le mercredi 3 novembre dernier. Les adeptes du prophète Mohamed (psl) ont failli en venir aux mains pour une histoire de désignation des dirigeants des prières de nuit durant les 10 derniers jours du mois du Ramadan. D’habitude, c’est le grand imam El hadj Aboubacar Sana et El hadj Mahamoudou Bandé qui sont commis à cette tâche. Mais cette année, le président de la commission des Affaires islamiques, El hadj Issa Tapsoba, chargé de choisir les guides des prières de nuit, n’a pas cité l’imam Sana dans la direction des opérations. Est-ce une omission ou une exclusion ? Il n’en fallait pas plus pour que les uns et les autres montent sur leurs grands chevaux pour se faire entendre.

L’imam Sana a réagi à son exclusion de la direction de ces prières nocturnes. Ayant perdu la direction de la communauté musulmane, il n’est pas prêt à lâcher celle des prières du mois du Ramadan. Les badauds, toujours à l’affût ,ont vite fait de prendre position. Conséquences : de chaudes disputes dans ce lieu saint. Une situation qui, si les gens y en étaient venus aux mains, aurait fort bien fait ressembler ce lieu à l’esplanade des mosquées en Palestine ou à un Sadr City. Heureusement que le pire a été évité.

- Si vous voulez vivre intensément au rythme du "Toutouronron", retenez ceci : du 3 au 5 décembre prochain, la capitale du Ganzourgou accueille le 3e festival Warba. 12 provinces se donnent rendez-vous dans un mois à Zorgho. D’ici là, dans deux semaines, dans la province hôte, des éliminatoires sont prévues pour désigner deux troupes sur les six qui se sont inscrites et parmi lesquelles on peut citer celles de Mogtédo, Zorgho, Tibin et Méguet . Le jury, comme on le voit, ne va pas chômer, lui qui va apprécier la danse (rythme général, enchaînements, synchronisation), la musique (orchestration, maîtrise des instruments) et la scénographie (costumes, occupation scénique). Si le 20 novembre, vous êtes de passage à Zorgho pour la "ville des cailloux blancs", arrêtez-vous pour voir ces éliminatoires, qui promettent. On jure cette année à Zorgho que le trophée, détenu actuellement par la troupe Sini du Namentenga, sera reconquis et qu’il n’ira surtout pas au pays des "goyaks chauds", qui était arrivé 2e.

- Une belle occasion s’offre à Madson Junior, le plus jeune des rappeurs burkinabè : le protégé d’Aïcha Junior vient en effet d’être nominé pour les prochaines Kora, qui se tiendront, comme chaque édition, en Afrique du Sud. Après donc Améty Méria, le groupe Yeleen, les Sofaa, c’est maintenant au tour de Madson de défendre dignement les couleurs de la musique burkinabè au pays de Nelson Mandela. Ses aînés n’ayant pas pu décrocher de prix lors de leur passage aux Kora, espérons que lui le fera. Tous nos vœux de succès en tout cas l’accompagnent, et nous sommes impatients de l’accueillir à son retour, pour un tour d’honneur avec son prix, à travers la ville de Ouagadougou.

- Le 16 novembre prochain s’ouvriront simultanément dans notre capitale les Assises de l’Union de la presse francophone (UPF), et les XIIIes Assises de la Fédération internationale des experts comptables francophones (FIDEF). Si du côté de l’UPF, on annonce au bas mot un millier de participants, de celui de la FIDEF on en compte déjà plus de 200 venant d’une trentaine de pays francophones.

- Sur invitation de la Fondation Wotro, une organisation néerlandaise de promotion et de financement de la recherche dans les pays tropicaux, le Premier ministre, Paramanga Ernest Yonli, effectuera du 9 au 11 novembre 2004 une visite au Pays-Bas à l’effet de prendre part aux manifestations commémorant le 40e anniversaire de ladite Fondation. Cette Fondation a non seulement œuvré depuis sa création en 1964 à la promotion de la recherche scientifique au niveau des universités et instituts néerlandais, mais beaucoup contribué au renforcement des compétences scientifiques dans les pays tropicaux ainsi que dans les pays en voie de développement dont le Burkina Faso.

En tant qu’invité d’honneur, le chef du gouvernement burkinabè livrera, au cours d’une rencontre qui regroupera des personnalités du monde de la recherche, des universitaires, une communication sur le thème "Les enjeux et les priorités de la coopération en matière de recherche scientifique pour l’Afrique".

Paramanga Ernest Yonli saisira l’opportunité de son séjour aux Pays-Bas pour faire avec le gouvernement néerlandais le point sur les dossiers de la coopération entre le Burkina et la Hollande et échanger avec les autorités de ce pays sur les perspectives de renforcement de cette coopération. Le Premier ministre quitte Ouagadougou le lundi 8 novembre et sera de retour le vendredi 12 du même mois.

Département de la Communication du premier ministère

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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