LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.” Montaigne

Exécution extra-judiciaire : Autorité de l’Etat, où es-tu  ?

Publié le lundi 23 juillet 2012 à 00h23min

PARTAGER :                          

Un corps froidement exécuté, jeté dans la nature et livré en pâture aux vautours et aux chiens errants. Des cas de ce genre on en rencontre de temps à autre dans nos villes. Les populations n’ayant plus confiance en la justice se rendent des fois justice. Une situation qui interpelle.

Peut-on combattre la criminalité au Burkina Faso ? La réponse par l’affirmation n’est pas aisée au vu de ce qui se passe tous les jours sous les yeux des populations.

Si le ministre Jerôme Bougouma en charge de l’Administration du territoire jure d’éradiquer la criminalité, celle qui sévit sur les axes routiers et celle qui existent dans les quartiers, des grandes agglomérations et dans les villages aux moyens de sa police de proximité, il est un autre mal, une autre criminalité qu’il parviendra difficilement à combattre. C’est quand des populations se rendent justice et abattent avec sang froid leur semblable.

Ce sont des crimes que commettent certaines personnes. Ce sont également les agressions et les atteintes à l’intégrité physique des personnes que commettent des citoyens lorsqu’ils s’en prennent à un individu ou à des individus sous le prétexte qu’il a été pris la main dans le sac.

Le 1er juillet 2012, de présumés délinquants ont fait les frais d’un lynchage public dans l’enceinte du musée national. Bilan de ce supplice, deux morts et deux blessés côté bandits dont l’un dans un état très critique. Selon les informations, ils ont été forcés de boire de l’acide avant d’être ligotés et roués de coup jusqu’à ce que mort s’en suive. Ce genre d’événements arrive malheureusement de temps à autre.

C’est la triste réalité. Chacun se prend pour le centre du monde et conteste tout et visiblement l’autorité de l’Etat est écornée avec une population qui veut se rendre justice, qui ne fait plus confiance en la justice. Parfois des innocents sont parmi les victimes.

Les Burkinabè sont en train de perdre les valeurs de respect de l’être humain, les valeurs de tolérance qui étaient pourtant des valeurs sacrées pour nos sociétés. On se demande pourquoi subitement les Burkinabè sont devenus violents.

La recrudescence de la criminalité explique certains lynchages

La tempête de la violence qui met à mal l’autorité de l’Etat a eu pour conséquence 0la recrudescence de la criminalité. Les populations bafouent le respect des forces de sécurité et parfois ils veulent retirer le prévenu des mains des forces de sécurité pour se rendre justice.

Les raisons de cette furie peuvent être s’expliquées avec la recrudescence du banditisme qui donne l’impression que nos forces de sécurité sont impuissantes face à la situation. Mais on peut aussi accuser les associations de mouvement des Droits humains comme le MBDHP qui, on se rappelle avait en 2001 estimé que les autorités burkinabè étaient paranoïaques sur les questions de sécurité.

Djibril Bassol à l’époque ministre chargé de la Sécurité, animé d’une volonté d’en découdre avec le grand banditisme était obligé de revoir ses stratégies.

Ces prédécesseurs aussi étaient handicapés par les attaques des associations et mouvements de droits humains. Après une accalmie relative, les bandits ont refait surface et comme les forces de sécurité ne semblent plus avoir les mains libres pour assurer leurs missions, bonjour les exécutions extra-judiciaires et à la faveur des manifestations et contestation de rue où l’Etat a perdu son autorité.

Lorsque l’Etat qui a le rôle d’assurer la sécurité n’est plus en mesure de le faire parce que les populations ont décidé de s’en charger elles-mêmes, on sombre dans l’anarchie, dans la jungle où c’est la loi du plus fort qui semble être la meilleure.

Il est indispensable que les forces de sécurité retrouvent la plénitude de leur autorité. Si dans une société civilisée, il n’est pas question de s’adonner à un western digne de l’époque écoulée du far-west, la manière dont opèrent les bandits dicte bien souvent le choix de la riposte.

Le retour de la quiétude dans nos cités est une urgence. Ce rappel est une nécessité dans le contexte de l’Etat de droit où bien souvent la différence n’est pas faite entre les citoyens honnêtes et ceux qui choisissent la facilité en bafouant les lois de la République.

Kibsa KARIM

L’Hebdo

PARTAGER :                              

Vos réactions (6)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique