LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.” Montaigne

Retour de Simon Compaoré à Ouagadougou : Le film d’un accueil émouvant

Publié le lundi 25 juin 2012 à 00h34min

PARTAGER :                          

Retour triomphale de Simon Compaoré à Ouagadougou, ce samedi 23 juin 2012, dans la soirée ! Comme si Ouagadougou s’était retrouvée orpheline, après l’accident qui a éloigné son maire, pendant plus de trois mois de la ville, les Ouagavillois sont sortis, comme un seul homme, pour accueillir leur maire. Le film de l’accueil d’un homme qui dit avoir cru que « tout était fini », suite à son accident du 4 mars dernier et à son évacuation, trois jours plus tard, le 7 mars 2012, en France…

Aéroport international de Ouagadougou, samedi 23 juin 2012. Il est 16 heures 45 minutes. L’atmosphère surchauffée et l’ambiance présagent d’un évènement. Le retour du maire de Ouagadougou, Simon Compaoré. Pour une arrivée annoncée à 17 heures 5 minutes, la police municipale avait déjà du mal à maîtriser la foule. Une foule bigarrée, aux origines diverses, avait pris d’assaut l’aéroport. La police maintenait certains à plus de 200 mètres des lieux. Les hommes de média font parties des rares priviligiés qui ont eu accès à l’enceinte de l’aéroport, le salon vert, où il était prévu que Simon Compaoré fasse sa première déclaration officielle, en foulant les pieds dans son Ouagadougou natal qu’il a quitté, lui et son garde du corps, Brahima Sanou, le 7 mars 2012, pour des soins intensifs à Paris.

N’empêche, ce soir là, privilégiés comme citoyens lambda, à l’aéroport, se faisait entendre, chacun, à sa façon. Ainsi, des applaudissements fusaient par-ci, des sons de balafons par-là, des trompettes et fanfares d’autre part. Les majorettes de la ville, habillées comme des anges, étaient en répétition, à l’entrée de la porte par laquelle le « maire prodige » devait sortir, pour lui rendre hommage, lui dire « Nii wango ». Bref, les amis, les parents, les camarades, les coreligionnaires, les « ennemis » et/ou adversaires, les parents à plaisanterie du maire (entendez par là les taximen et les commerçants des marchés et yaars qui, à force de se querellés avec Simon Compaoré, sont devenus des amis) …, toutes et tous étaient au rendez-vous. Ces hommes d’en bas, comme d’en haut, vêtus chacun, du mieux qu’il puisse, pour ne pas passer inaperçu, étaient là, débout. Comme si chacun voulait que Simon Compaoré sache que lui aussi était à l’aéroport pour l’accueillir (…) Qu’est-ce qui les mobilise tant ? Est-ce la soif de Simon Compaoré ou veulent-ils, par curiosité, savoir dans quel état le bourgmestre de la ville est revenu parmi les siens ? En tous les cas, chacun avait son idée derrière la tête.

Enfin l’oiseau du ciel atterri avec le « revenant »miraculé

Au lieu de 17 heures 5 minutes annoncée par les services de la mairie de Ouagadougou pour l’atterrissage du vol AF536 de Air France qui ramenait Simon Compaoré au bercail, c’est finalement à 17 heures 45 minutes qu’il s’est posé sur le tarmac de l’aéroport de Ouagadougou. Mais les 40 minutes de retard n’ont entaché, en rien, la détermination de la foule mobilisée pour voir son « la star du jour ». Et là, l’on a su que parmi des privilégiés, il y a encore des privilégiés, des supers privilégiés en quelque sorte. En effet, après l’atterrissage de l’oiseau du ciel, peut-être, mesure de sécurité oblige, c’est juste la famille du maire, les représentants des maires, une délégation de la communauté musulmane, des chrétiens, des députés et des notabilités qui ont eu accès à l’intérieur de l’aéroport. Quelques durs à cuir ont tout de même forcé pour y accéder, sinon, pour le reste, il fallait prendre son mal en patience. La presse était positionnée dans le salon vert. De là-bas, l’on se bousculait, chacun voulant savoir comment le maire Compaoré et son garde du corps Sanou, descendront des escaliers de l’avion. Seront-ils dans des chaises roulantes ou seront-ils transporté dans les bras ? Question d’un journaliste.

Il n’a pas tardé à être situé. En effet, de loin, à travers les vitres de la fenêtre du salon vert, l’on apercevait les deux miraculeux, Simon Compaoré d’abord, canne dans la main gauche, descendant de lui-même, suivi de Brahima Sanou, également canne en main. Comme le griot qui a annoncé la marche de Soundjata Keïta, dans l’œuvre de Djibrill Tansir Niane, le confrère de la radio municipale de Ouagadougou qui faisait du direct sur l’événement, annonçait avec une joie qu’on lisait sur son visage : « Simon est en train de descende de lui-même de l’avion. Il marche de lui même… » Et place a été fait aux salamalecs de bon arrivée, d’abord avec les en « hauts de hauts », alignés à l’intérieur de l’aéroport pour accueillir les deux héros de la soirée. Des accolades par-ci, des coups de mains chaleureux par là et voilà le maire de Ouagadougou, dans un costume noir, portant de grosses lunettes blanches. Le moment tant attendu par les journalistes est enfin arrivé. Les voilà, nez-à nez avec Simon Compaoré, à moins d’un mètre, installé au milieu, son épouse qu’il aide même à s’asseoir à sa droite et son garde du corps, Brahima Sanou, à sa gauche. Les journalistes se bousculent, chacun veut savoir comment le maire de Ouagadougou se porte…

« Je suis parti sur une civière, je reviens sur mes deux jambes »

Les hommes de média se sont retrouvés face à un Simon Compaoré, toujours égal à lui-même. Même si la fatigue se lisait sur son visage, l’on a découvert un homme, moins bouillant comme à ses habitudes, mais qui n’a pas perdu son goût habituel de l’humour. A la question de savoir comment le maire de Ouagadougou se porte-il ? Simon Compaoré a répondu sans détour et sans cacher la joie qui l’anime : « C’est vraiment une grande joie. Comme vous le voyez, je suis parti sur une civière et je reviens sur mes deux jambes, cela veut donc dire que ça va ». Et de laisser entendre que la reprise, c’est pour très bientôt. Pour qui connaît Simon Compaoré, inutile de chercher à savoir si Ouagadougou l’a manqué. Sinon, il te répondra : « Bien sûr que Ouagadougou m’a manqué ! Trois mois et demi, c’est la première fois de ma vie, à part le temps que j’ai passé dehors pour mes études, je n’ai jamais mis autant de temps hors de Ouagadougou ». Au regard de la mobilisation, un journaliste a voulu provoqué le maire de Ouagadougou pour savoir si c’est une démonstration de force.

Simon Compaoré lui a répondu sagement et diplomatiquement en ces termes : « C’est à vous d’en juger. Moi, j’ai vu des gens à l’intérieur, mais je ne suis pas encore sorti. C’est vous qui venez de dehors, c’est donc vous qui pouvez donner une appréciation. En tout cas, je suis content que la population soit venue pour s’enquérir de mon état de santé. C’est une joie immense et extrême et je remercie le tout puissant ». Tout en remerciant le « tout puissant », le maire de Ouagadougou n’a pas oublié ses bienfaiteurs, ces hommes que Dieu a utilisé pour l’aider. Ainsi, il a saisi l’opportunité pour dire : « Je voudrais profiter aussi pour remercier les plus hautes autorités de notre pays, le président du Faso, le premier ministre, le président de l’Assemblée nationale, l’ensemble des ministres, le personnel de la santé, les professeurs, les médecins qui se sont affairés pour que notre transfère à Paris soit effectif. Je ne peux que leur dire merci ». C’est un Simon Compaoré marqué par l’accueil qui lui a été réservé, qui a promis de se battre, encore plus, pour la population de Ouagadougou, pour le reste de son mandat. « Je ne peux que dire à cette population que pour le reste de mon mandat, je ferai tout pour qu’elle soit toujours contente », a-t-il laissé entendre.

Par où passer pour rejoindre le domicile de Simon Compaoré ?

Après ce tête-à-tête avec les journalistes, direction le domicile de Simon Compaoré, sis à Gounghin, pour le show final. Une bousculade monstre s’est installée. A la sortie de l’aéroport, c’est comme si la population allait transporter Simon Compaoré et son garde du corps sur les épaules. Heureusement pour eux que les agents de la sécurité veillaient au grain. Sinon, le pire aurait pu survenir. Mais après tout, les choses se sont bien passées. Il y a eu quelques injures à la Ouagavilloise, entre piétons, motocyclistes et automobilistes, mais tout est rentré dans l’ordre. La préoccupation commune était : par où passer pour rejoindre le domicile de Simon Compaoré ? Car l’ambiance était féerique. Tant l’accueil était royal. Il y avait plus de monde que prévu pour emprunter la même voix, au même moment. Des taximen, des motocyclistes, des automobilistes, des piétons, des cavaliers…, bref, tous étaient au rendez-vous. De l’aéroport à l’avenue Bassawaga pour remonter à Gounhin, le cortège a fait plus d’une heure et demie. Enfin, à 19 heures, le cortège arrive chez le maire de Ouagadougou, avec simon Compaoré en tête, à pied, bien encerclé par la police.

Le deuxième adjoint au maire, Dramane Compaoré, prend la parole, au nom des collaborateurs du maire de Ouagadougou, pour lui dire la bienvenue et manifester leur joie de le revoir parmi eux. Pour eux, c’est Comme si Simon Compaoré est ressuscité ! Comme pour dire que tout va bien, Simon Compaoré, accompagné de Brahima Sanou, est monté sur le podium, haut d’environ un mètre, pour s’adresser à la foule. Mais avant tout, il appelle son directeur de cabinet, Job Ouédraogo, afin qu’il fasse une prière à Dieu, pour ses bienfaits. Sans détour, M. Compaoré qui avait annoncé qu’il parlera d’abord en français, a fini par dire qu’il va aller directement en mooré, une des langues nationales.

Simon Compaoré l’évangéliste

Serait-ce les difficultés qui ont fortifié la foi du maire de Ouagadougou ? En tout cas, Simon Compaoré a invité ceux qui ne croient pas encore en Dieu, à se convertir, de croire en Dieu, car il est grand. Et commence les révélations : « Après l’accident, le 4 mars 2012, je me suis dis que c’était fini… Et quand on quittait Ouagadougou, le 7 mars 2012 pour Paris, je voulais faire venir mes proches, pour leur dire ce qui est sur mon cœur, parce que je croyais que c’était fini… », a révélé M. Compaoré. Il a poursuivit en expliquant leur souffrance pendant le trajet : « Quand j’embarquais le 7 mars dernier, je ne pouvais pas parler. Pendant le trajet, Sanou et moi, on souffrait fortement de douleurs. On nous donnait de la morphine pour nous calmer. Arrivé à Paris, les médecins ont constaté qu’on avait perdu assez de sang et il fallait nous en trouver ». Pour détendre un peu l’atmosphère, Simon Compaoré bascule dans l’humour : « dans le petit avion qui nous a pris, ce n’était pas facile. L’avion avait du mal à nous contenir. Sanou étant gros et grand, 120 kilogrammes… » Des rires, et retour au sérieux. Simon Compaoré fait savoir que son intervention a duré six heures de temps car il a été victime de trois fractures. Des gestes à l’appui, il explique qu’il fallait visser de part et d’autre pour que ça puisse tenir.

Et voilà Simon Compaoré, se montrant comme le « gandaogo national », Georges Ouédraogo, défier les mauvaises langues, les mains et la canne en l’air « Voici, c’est moi comme ça. Certains avaient dit que nous allons revenir dans des chaises roulantes. On voulait nous donner des chaises roulantes à l’aéroport de Paris, mais nous avons refusé. Il fallait que les témoins sachent que nous sommes sur les jambes ». Après quoi, Simon Compaoré a remercié ses femmes (la brigade verte), ses enfants (la police municipale) et toutes les bonnes volontés qui ont posé un acte quelconque pour rendre agréable leur accueil. La joie se lisait sur le visage des femmes de la brigade verte, à l’image d’Awa Ouédraogo, battant les mains en chantant pour le retour de Simon Compaoré. « Je suis là pour célébrer le retour de Simon. Dieu a béni et exhaussé nos prières. Il est revenu en bonne santé et nous sommes heureux. Nous étions vraiment découragés, mais Dieu merci et nous lui rendons grâce… ». A 19 heures 45 minutes, les remerciements ont pris fin. Chacun devait retourner à son train train quotidien, afin de laisser Simon Compaoré et son garde du corps se reposer, pour les défis à venir…

Ali TRAORE (traoré_ali2005@yahoo.fr )

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos réactions (34)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique