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<I>Une lettre pour Laye</I> : La veuve et le caméléon

Publié le vendredi 29 octobre 2004 à 07h43min

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Cher Wambi,

Même au village, tu as certainement dû être informé de la démission du député Salvador Yaméogo de l’UNDD, le parti que dirige son frère, Hermann Yaméogo. Comme tu peux le pressentir, cette démission a créé un choc tant au sein de la famille Yaméogo que de ceux qui, dans le landerneau politique national, sont proches de Me Hermann Yaméogo.

Naturellement si du côté du pouvoir, on applaudit à tout rompre cette rupture du cordon ombilical, une frange non négligeable de la société (pas nécessairement sympathisante d’Hermann et de son UNDD) pense que cette démission n’est plus ni moins qu’une forfaiture.

Et là, le pas est vite franchi, car on ne voit que la main du pouvoir dans ce schisme qui semble avoir divisé pour de bon les frères Yaméogo.

Selon des observateurs avertis de la scène politique nationale, certains indices et non des moindres annonçaient une imminente rupture entre Salvador et Hermann.

Depuis quelques mois, dit-on, Salvador se sentait bien à l’étroit à l’UNDD, ne partageait pas les prises de position de son frère et ne participait pratiquement plus à la vie du parti ; les deux frères en avaient discuté et au sein du parti, on avait pensé que l’orage était passager.

Il y a aussi que les fréquentations amicales et politiques de Salvador étaient aux antipodes de celles d’Hermann. En effet, pendant que le premier faisait un point d’honneur à entretenir ses amitiés du côté du pouvoir, le second, lui, ne tarissait pas d’idées pour mettre les bâtons dans les grosses roues du régime Compaoré.

Et là, on n’a pas besoin d’être devin pour pronostiquer la rupture. Maintenant que Salvador est parti de l’UNDD avec fracas, quelle pourrait être sa prochaine chute ?

- Retournera-t-il à l’ADF/RDA pour retrouver Gilbert et ses amis ?
- Fera-t-il tomber le masque pour rejoindre courageusement avec armes et bagages le CDP ?
- Choisira-t-il de créer sa propre formation avec des risques que celle-ci ne soit qu’un parti de plus dans le landerneau politique national ?
- Ou restera-t-il jusqu’en 2007 (fin de la présente législature) un député non-inscrit avec des risques certains de mort politique ?

Certainement que les prochains jours nous situeront davantage sur cette situation inédite au "Pays des hommes intègres".


Ce n’est plus un secret, l’hebdomadaire Conseil des ministres, qui s’est réuni le mercredi 27 octobre dernier sous la présidence de Blaise Compaoré en personne, a mis fin à la crise qui secouait depuis la mi-septembre le conseil municipal de Ouahigouya, en révoquant le maire Issa Joseph Diallo de ses fonctions avec poursuites judiciaires pour fautes graves de gestion.

Te rappelles-tu, en effet, dans une correspondance datée du 22 septembre 2004 adressée au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD), et publiée dans L’Observateur paalga n°6233 du 23 septembre 2004, 24 des 42 conseillers de la commune de Ouahigouya décidaient de retirer leur confiance au maire Issa Joseph Diallo, pour les raisons suivantes :
- recrutement du personnel sur des bases subjectives qui a permis la reprise du personnel de la mairie auparavant licencié pour malversations ;
- attribution opaque, non transparente, sans avis du conseil municipal, des parcelles d’habitation ;
- mise en gestion déléguée du matériel et des biens de la commune ;
- attribution des marchés à des amis et à des entreprises taillées sur mesure au détriment de ceux qui peuvent faire du bon travail, mais sont catalogués comme ses opposants ;
- gestion du compte spécial lotissement destiné à recevoir la contribution des citoyens à l’effort d’aménagement de la commune comme une caisse noire du maire, sans compte rendu au conseil ;
- gestion de la coopération décentralisée devenue la seule affaire du maire, qui effectue solitairement les voyages, fait les négociations, signe les contrats, supervise des exécutions avec ce que cela comporte comme corruption, affairisme et pots-de-vin ;
- silence absolu sur les produits de la vente des céréales acquises avec Chambéry.

Depuis ces graves accusations, cher cousin, le Conseil municipal de Ouahigouya était divisé en deux, et les activités de développement, fortement compromises, à telle enseigne que le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD) et l’Association des municipalités du Burkina Faso (AMBF) avaient dû envoyer des missions de bons offices dans la capitale du Yatenga pour sauver ce qui pouvait encore l’être.

Même sa Majesté le Naaba Kiiba, le roi du Yatenga, a joué les médiateurs, mais hélas, le fantôme était déjà dans la maison, comme on dit.

En son temps, cher cousin, certains avaient vu dans cette défiance du maire Issa Joseph Diallo, la main du tout-puissant ministre d’Etat chargé de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, Salif Diallo, qui venait de regagner le bercail après quelque deux mois d’hospitalisation en France.

En quelque sorte, un lâchage par celui-là même qui l’aurait fait édile de Ouahigouya. La décision du Conseil des ministres vient donc confirmer les accusations du conseil municipal.

Ils ont enfin eu la tête d’Issa Joseph Diallo, et voici la commune de Ouahigouya dorénavant dirigée par une délégation spéciale, comme le sont aussi les communes de Kongoussi et Réo.

Ziniaré, la commune présidentielle, l’a échappé belle, puisque le maire François Vokouma sentant l’épée de Damoclès venir, a préféré prendre les devants, au bénéfice de son premier adjoint.

Je dois te dire, cher cousin, qu’avec la révocation du maire Issa Joseph Diallo, bien des projets seront en hibernation à Ouahigouya, pour la seule et simple raison que les bailleurs de fonds n’entendent pas travailler avec les délégations spéciales.

C’est une leçon que tous devraient méditer, ici comme à Laye, car en pareille circonstance ce sont les populations bénéficiaires qui en patissent.

Cette affaire, qui défraie la chronique à la veille de la tenue à Ouagadougou des Assises de l’Association internationale des maires francophones (AIMPF), sera à l’ordre du jour du traditionnel point de presse du gouvernement, qui se tient ce jour à partir de 8 heures au ministère des Infrastructures, des Transports et de l’Habitat.


En plus de ce dossier brûlant, le ministre Adama Fofana et son équipe répondront aux questions relatives :

à la création de l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi (ANPE) en remplacement de l’Office national pour la promotion de l’emploi (ONPE) ;
- aux conditions de garde à vue au Burkina Faso ;
- à l’institution de la semaine nationale de la citoyenneté, qui débutera chaque année le 10 décembre, c’est-à-dire la veille de la célébration de la fête nationale.


Pourquoi avoir tant attendu ? C’est, en effet, cher cousin la question que les Ouagalais se posent après l’interpellation mardi dernier par la Police nationale d’Adama Bella, dit Adam’s, le patron de La Surface, et de cinq acolytes (Silma Hado dit Noufou, Ouédraogo Kader, Bissiri Issifou alias "Ivoirien", ou "Mécanicien", Kaboré Ousséni et Sawadogo Désiré).

Comme tu l’as certainement appris, il leur est reproché d’appartenir à un vaste réseau de voleurs de véhicules de luxe, de recel et d’attaques à main armée.

Malgré les avœux déjà faits par les intéressés, cher cousin, il y a lieu de pousser les investigations afin de démasquer les autre prédateurs, qui ont choisi de spolier et d’endeuiller des familles.

Encore une fois, pourquoi avoir tant attendu ?, d’autant que depuis la nuit des temps, la capitale burkinabè bruit des "exploits" et de la réussite soudaine de ceux que la police vient de cueillir.

L’enquête était-elle difficile à mener ?

- Adama Bella et ses hommes de main étaient-ils des intouchables de la République ?
- Pourquoi refuser qu’on fasse la photo du sieur Adam’s, alors que pour un poulet ou un portable volés, il y en a qui se réveillent avec un grand portrait à la télé ou dans les journaux, si ce n’est une grande ardoise accrochée au cou ?

La police aura-t-elle le pouvoir de boucler son enquête ? Autant de questions, capitales et d’actualité qui méritent réponses, si vraiment la lutte contre le banditisme est inscrite en lettres d’or dans la Bible de la sécurité nationale.

En attendant, chapeau à la police nationale, à travers le Service régional de la police judiciaire de Bobo-Dioulasso (SRPJ-B), qui a permis de franchir ce premier pas, mais géant tout de même.


Cher cousin, emprunter certains axes comme Bobo-Banfora ou Bobo-Niangoloko constitue de nos jours un vrai danger pour les usagers avec ces nombreux cas d’attaques à main armée, de jour comme de nuit.

Et les bandits sont en train de procéder à un bouclage total de la zone ouest, car la route nationale N°1 ne fait plus exception à la règle. En effet, l’axe Bobo-Ouaga est subitement devenu une zone à haut risque, car c’est là que les coupeurs de route semblent installer leur quartier général.

Il ne se passe plus un jour sans que des cas d’agression ne soient signalés sur ce tronçon. Le dernier en date remonte au dimanche dernier lorsque l’honorable député Salia Sanou a été pris pour cible par des bandits, qui avaient installé des barricades sur la chaussée.

Plus récemment notre confrère Gilbert Kaboré de la Sofitex s’y est, lui, retrouvé pendant plus de deux heures en compagnie d’autres usagers, sous les ordres d’un groupe de malfrats qui se sont fait plein les poches avant de s’évaporer dans la nature.

Cher cousin, cette recrudescence du banditisme suscite de nombreuses inquiétudes et beaucoup de s’interroger sur l’efficacité des hommes de Djibril Bassolet, qui, jusque-là, n’ont pu faire grand-chose pour sécuriser la zone ouest.

Et à en croire certains observateurs avertis, la situation risque d’empirer dans les semaines à venir, car depuis un certain temps Bobo-Dioulasso est devenue la base arrière de nombreux malfrats, qui y ont trouvé refuge après avoir été délogés de leurs abris suite aux récentes opérations de ratissage menées dans certaines localités du pays.

C’est pour te dire, cher cousin, que notre région a aussi besoin et urgemment d’un nettoyage complet et, Djibril Bassolet n’a vraiment pas à se poser des questions pour déclencher une opération, car en ce début de campagne agricole où l’argent circule chez nos braves paysans, les bandits pourraient faire encore mal comme lors des précédentes saisons.


De banditisme, parlons-en toujours avec ce cambriolage qui a eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi au CSPS Gumbi à Koko.

Les voleurs se sont introduits dans les locaux en passant par la toiture en tôle, qu’ils ont réussi à perforer de même que le plafond, sans que le gardien, du nom de Sanou Adama, s’en rende compte.

Les indélicats visiteurs d’un soir se sont retirés après avoir vidé la caisse, qui contenait environ 250 000 F plus des produits pharmaceutiques.


Avant de t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, cher cousin, lis-moi ce fais divers qui s’est passé dans la ville de Sya et qui alimente depuis la chronique.

La veuve et le caméléon : tel pourrait être le titre de cette histoire qui s’est déroulée au secteur 6 (Kuinima) et qui a finalement connu son dénouement au commissariat de police.

Quelques années après la mort de son mari, la veuve dont il est question découvrit un beau matin dans sa cour un caméléon. Cette découverte, selon ses dires, coïncidait avec le jour anniversaire du décès de son époux.

Alors, elle prendra soin du caméléon, qu’elle finira par domestiquer. Plus les jours passaient, plus elle avait de l’amour pour cet animal. En fait, cette découverte en ce jour anniversaire n’était pas fortuite, car pour elle, ce caméléon n’était rien d’autre que la réincarnation de son mari.

Toute chose qui l’amenait à prendre davantage soin de l’animal pendant plusieurs mois jusqu’au jour où des enfants s’emparèrent du caméléon à son insu. Ses recherches furent vaines et c’est avec une vive indignation qu’elle apprendra que l’animal, qui avait été banalisé par les enfants, a été vendu à un inconnu parti sans laisser de trace.

Prise de colère, elle alerta la police qui, malheureusement, n’a rien pu faire pour lui ramener son mari de caméléon.

On imagine alors l’amertume de cette pauvre dame qui semblait trouver une sorte de réconfort moral avec ce caméléon qu’elle confondait à son défunt de mari et qu’elle a malheureusement perdu à jamais.

N’est-ce pas là une seconde mort de son époux, cher cousin ?


- Et maintenant : L’affaire Hermann Yaméogo sera portée dans la rue à Koudougou avec le meeting-marche, que la section communale de l’UNDD compte organiser ce samedi 30 octobre 2004.

En effet, cette section convie tous les "militants et sympathisants du parti, de la cause de la grande alternance en 2005" à sortir pour un meeting-marche demain afin d’exiger la libération du militant et responsable du parti, M. Noël Yaméogo.

S’il est trop tôt pour prédire quelle ampleur et quelle tournure prendra ce jamboree, on peut d’ores et déjà souhaiter que les organisateurs et leurs ouailles sachent raison garder pour nous éviter les dérapages qui ont enlaidi Koudougou à une époque pas si éloignée que ça.

- Depuis une dizaine de jours, l’Ecole nationale de gendarmerie sise à Bobo-Dioulasso n’a plus de commandant. En effet, selon des sources dignes de foi, son premier responsable, le commandant C.A. Yaro, reste introuvable, malgré le communiqué de l’état-major de la gendarmerie nationale.

Il serait, dit-on, parti travailler pour le Système des Nations unies, abandonnant ainsi son poste. Et du côté de l’état-major de la gendarmerie, on n’entend pas la chose de cette oreille. Affaire donc à suivre.

- Aujourd’hui vendredi 29 octobre, l’aumônier militaire principal musulman El hadj Boukary Compaoré invite tous les fidèles à un culte à la mosquée du Camp de l’Unité (Gounghin) à 20 h 30.

Il s’agit en fait d’une grande prière pour la paix à l’intention des militaires, "une occasion de demander la grâce d’Allah pour notre armée et pour tout le pays entier" , a laissé entendre l’aumônier. Cette activité entre dans le cadre du 44e anniversaire de l’Armée burkinabè, qui aura lieu le 1er novembre prochain.

- En attendant le 10e Sommet de la Francophonie, la capitale burkinabè abritera courant novembre de prestigieuses manifestations, au nombre desquelles les Assises de l’Union de la presse francophone du 16 au 20 ; les Assises de la Fédération internationale des experts comptables francophones du 16 au 18 et les Assises de l’Association internationale des maires francophones du 23 au 25 novembre.

- Le collège Sainte-Marie de Ouahigouya a 40 ans. En effet, c’est le 15 octobre 1964 que les premières élèves ont débuté les cours dans cet établissement consacré aux jeunes filles. A ce jour, près de 3 000 jeunes filles ont été formées dans ce collège qui fait la fierté du Yatenga.

C’est donc spontanément que les anciennes du collège ont décidé de marquer cet anniversaire de leur empreinte. Pour mieux préparer les choses, elles tiennent une réunion le dimanche 31 octobre à 15h dans la cour du collège Notre Dame de Kolog-Naaba.

Ce jubilé sera marqué par une cérémonie d’ouverture le 15 novembre 2004 et une messe de clôture le 20 novembre. Au programme : des activés sportives et culturelles, une conférence débat dont le thème est « Quelle éducation pour la jeune fille dans le 3e millénaire », animée par Mme Alice Tiendrébéogo. Le vendredi 19 novembre à Ouahigouya, une rencontre des anciennes de l’établissement aura lieu.

- A partir de ce vendredi et ce jusqu’au 06 novembre prochain, il est décrété la journée continue sur l’étendue de la capitale en raison du IXe Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO).

- Tous les anciens élèves de l’école primaire privée catholique de Tenkodogo sont conviés aux différentes manifestations du jubilé d’or de leur école les 30 et 31 octobre 2004 selon le programme suivant :

Samedi 30 octobre à 18h : causerie débat sur le thème : « Contribution de l’école catholique au développement économique et social du Burkina Faso » ;

Dimanche 31 octobre à 9h : grand-messe d’action de grâce en l’église Marie- Reine de Tenkodogo.

- Dans le cadre de la célébration du 25e anniversaire du lycée provincial de Yako, prévue du 16 au 19 décembre 2004, l’Amicale des anciens élèves dudit établissement convoque une assemblée générale des anciens élèves le 31 octobre 2004 au Fouquets (place Naba Koom) à 11h.

Les nouvelles ne sont pas bonnes du côté du lycée provincial de Yako. En effet, les militants de la section SYNTER, par lettre en date du 21 octobre 2004, ont informé le proviseur de ce qu’ils ne donneront plus de cours dans les salles de classe pléthorique du lycée. Pourquoi cela ?

Le personnel du lycée aurait opté l’an passé de ne pas payer l’écolage des enfants dont il a la charge. En riposte, le proviseur a refusé de signer les bulletins de fin d’année de ces enfants. Le proviseur dit agir dans la légalité et dans le respect de l’arrêté ministériel portant règlement de l’inscription de droit dans les établissements secondaires publics.

Respect de textes pour respect des textes, les militants du SYNTER refusent alors de donner des cours dans les classes dont le nombre des élèves dépasse le seuil réglementaire fixé par l’arrêté ministériel N°007-MESSRS/SG du 16 août 1994 portant fixation des effectifs dans les classes. Espérons que les deux parties trouveront un terrain d’entente pour ne pas compromettre ainsi l’avenir des jeunes du Passoré.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir

Ton cousin Passek Taalé
L’Observateur Paalga

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