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Autant le dire… : S’ils créent un parti, ça va faire quoi ?

Publié le mardi 5 juin 2012 à 00h07min

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Des conseillers politiques du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) qui se sentent mis « au garage » sont accusés par dame rumeur de la mise en place d’un nouveau parti politique. Ce qui, pour des analystes politiques, peut paraître plus proche du faux que du vrai. La caricature est bien simple. « Une poule qui « incube », quel que soit le temps que cela prendra, n’aura comme produit que des poussins ou des œufs pourris ». Dit l’adage africain. Car en effet, même s’ils (ceux qui se sentent au garage au CDP) venaient à créer un parti, « ça va faire quoi », comme on dit en langage familier ou du moins qu’est-ce que ça va changer ?

Au Faso, il est de notoriété publique que la rumeur est en passe d’être une source d’information. On a même l’impression qu’elle est organisée en réseaux et érigée en mode de gouvernance. Ce qui constitue un réel handicap à la prise de décision. De toute façon, pour ce qui concerne le CDP, on peut dire que ce sont les mêmes que nous avions vus dans le passé. Avec chacun ses insuffisances et ses forces. Mais en fait, rien qu’en prenant les localités d’où viennent ces hommes dits « forts », on se rend compte que les choses ne se sont pas toujours passées comme on voudrait le faire croire. Au Nord par exemple, pour ne prendre que ce cas, les lignes du développement n’ont pas suffisamment bougé ! Il ne faut pas qu’on se voile la face.

Il n’y a pratiquement pas d’eau dans cette partie du pays par manque d’infrastructures. En plus, l’état des routes est lamentable. Alors qu’ils étaient (ces môgôs-puissants ou tête pensante) mieux placés en ces temps-là pour résoudre ces problèmes. De façon générale, les conditions de vie des populations y sont difficiles.

Aujourd’hui, les populations aspirent à la liberté de manifester, d’exercer leur commerce, d’aller et de revenir en paix, etc. Contrairement à cette époque où certaines luttes syndicales ou grèves étaient systématiquement interdites. Dans la région du Nord, des travailleurs ont été pourchassés et matés pour fait de grève. Des grands commerçants soupçonnés d’appartenir à des partis d’opposition ont vu leurs affaires « asphyxiées ». Des moments assez difficiles que personne ne pense revivre, ni en réalité ni en rêve. Aussi, on peut bien croire qu’il faut éviter de « pomper l’air aux gens » comme on aime à le dire. En créant un parti dans de telles conditions, on peut penser que c’est de « l’aigreur » de la part de ses fondateurs.

Et puis, les choses n’étant plus comme avant, les géniteurs d’un tel parti pourraient bien être confrontés aux habitudes des « enveloppes surprises » des militants sur le terrain. Des enveloppes qui sont la première motivation de la mobilisation. Une exigence à laquelle ces « mis au garage » ne seront plus aptes à répondre. Parce qu’on n’est pas fort deux fois. Ceux qui ont usé de leur force pour changer le cours de l’histoire ou faire des victimes politiques n’y parviendront plus. Dans des localités comme Ouahigouya, c’est la « politique de façade » qui prédomine. Vous êtes les fils et filles d’une même région, et vous vous glissez des peaux de banane. On a passé le gros du temps à se combattre à l’intérieur alors que les défis sont grands. Nous n’avons rien contre les « anciens leaders » politiques. Mais nous ne souhaiterions plus revivre les situations de « passage forcé ». Si des bases ont été constituées, c’est qu’elles doivent avoir leur mot à dire. C’est bien cela la démocratie.

La mairie de Ouahigouya en est un exemple flagrant. La gestion de la commune est laissée entre quelques « mains ». Si bien que la déception de la population est grande et bien visible. Les services se trouvent presque « à genoux » mis à part le service de l’état-civil. Entre le parti et l’homme, il faut faire le choix du développement. Acceptons donc que les choses évoluent, car des générations attendent à leur tour aussi, de gérer ce pays. Donc, balle à terre ! Tout le monde peut mieux faire, il suffit d’y croire.

Lassané DOGA

L’Express du Faso

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