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Toussaint Abel Coulibaly de l’UPR : Il aime Blaise, mais pas le CDP

Publié le mardi 14 février 2012 à 02h05min

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La précarité des destinées politiques, mais aussi l’anticipation guident le plus souvent les actes des leaders politiques.
Par le biais des médias, les Burkinabè ont été informés que l’UPR (un des partis de l’AMP), dont le président occupe le strapontin de ministre délégué à la Décentralisation, stoppait sa collaboration avec ce cadre formel. Raisons invoqués par celui qui fut dans une vie antérieure huissier de justice de son état : "Nous avons décidé de quitter l’AMP parce que la politique du deux poids, deux mesures y est la règle... une décision d’ailleurs que recommandaient les instances statutaires". En outre, le patron de l’UPR estime qu’un processus de canibalisation de son parti au sein de cette instance était en cours, d’où ce départ.

Le trébuchet penche du côté de l’UPR, car lorsqu’on se sent à l’étroit dans un endroit, a fortiori dans un rassemblement politique, la raison commande que l’on prenne ses cliques et ses claques pour aller vers des cieux plus cléments.

Le hic ici est que l’UPR est bien partie de l’AMP, mais reste dans la mouvance présidentielle ; un funambulisme politique qu’avait expérimenté l’ADF/RDA qui, elle, se réclamait de l’opposition.

Pour le cas d’espèce, le grand écart n’est qu’apparent, puisque depuis qu’elle a été portée sur les fonts baptismaux en 2004, elle a toujours épousé les idéaux de Blaise Compaoré. "Tant que ce sera le président Blaise Compaoré, nous serons dans la majorité". Cette antienne serinée constamment par Abel Coulibaly laisse entrevoir qu’il aime le Président du Faso, mais pas forcément le CDP, même s’il y compte de nombreux amis.

En clair, l’UPR veut bien composer avec "le militant émérite du CDP", mais pas forcément avec le mégaparti. Politiquement, une telle position peut se comprendre, d’autant qu’on sait que l’élément fédérateur du CDP est bien Blaise Compaoré. Maintenant, il reste à inculquer ces petits micmacs politiques dans l’esprit des militants qui ne savent pas faire le distinguo entre Blaise et le CDP, le premier servant d’image de marketing politique au second.

Gardons-nous cependant de nous contenter d’une simple lecture de ce petit aménagement opéré dans l’UPR.
Lorsque des élections couplées (législatives et municipales) se profilent à l’horizon, toute décision d’une formation politique ne saurait être anodine, loin s’en faut.
Troisième force politique du Burkina avec 5 députés et 610 conseillers municipaux, l’UPR compte encore mieux se positionner lors des prochaines échéances, à tout le moins ne pas reculer. Il est vrai que certains élus de son parti ont des fiefs électoraux quasi imprenables, tels Saïdou Kaboré dans le Kourittenga, ou Gouem L. Saïdou dans le Boulgou.

Mais l’arrivée de nouveaux partis avec à leur tête des personnalités fortes pourrait bousculer les ambitions de l’UPR. Le marigot politique du Burkina Faso de 2012 n’a rien à envier en matière d’adversité aux années précédentes. Ce scrutin couplé sera âpre et ses résultats très attendus, car ils impacteront et les réformes politiques, et l’année 2015, année présidentielle, qui devrait marquer un tournant majeur dans la vie du pays.

"Un pied dedans, un pays dehors, c’est dehors" disait Balla Kéita (1) un ministre ivoirien sous Houphouët-Boigny. L’UPR a toujours, lui, les deux pieds dedans, reste à pouvoir garder sa spécificité et surtout être électoralement efficace, pour prouver que faire figure de 2e ou 3e épouse de Blaise n’est pas un handicap.

Zoewenmanogo Dieudonné Zoungrana

Note : Balla Keita a été retrouvé mort à Ouaga dans la villa des hôtes en août 2000, un décès dont les circonstances n’ont jamais été élucidées

L’Observateur Paalga

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