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Installation de "Bobo Diamond Cement" : Des querelles fratricides retardent le démarrage du chantier

Publié le vendredi 3 février 2012 à 01h08min

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La société Diamond Cement envisage l’installation d’une cimenterie à Noumoundara à quelques encablures de Bobo¬-Dioulasso. Mais ce projet qui pouvait être considéré comme une opportunité d’emplois et de développement socio-économique, s’est transformée en une bataille entre frères autour du choix du site et des modalités de cession. L’installation de Bobo Diamond Cement reste suspendue pour l’instant à une guéguerre sur fond de rivalités politiques.

Alors qu’une partie dit "être d’accord à 100%" pour l’installation de la cimenterie à cause des possibilités d’emplois, l’autre s’y oppose en invoquant d’éventuelles nuisances environnementales. L’installation de Bobo Diamond Cement aurait pu s’effectuer sans couac tant les choses s’étaient passées dans les règles et conformément à la coutume Tiéfo, selon tes témoignages.

C’est par l’entremise du maire de Konsa, Karim Barro que le promoteur a saisi le prince Ladji Ouattara, représentant le chef suprême des Tiéfos, le Gborotigui pour lui exposer le projet et l’intention de son promoteur de solliciter un site d’installation à la lisière Est de Noumoundara, à une quinzaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso. Selon le prince, le projet a été "très bien apprécié" par le Gborotigui qui a suggéré que le promoteur aille voir le chef du village, Bassory Ouattara, pour les démarches d’obtention du terrain. Le chef du village a informé à son tour le chef de canton et ensemble, ils ont rencontré les propriétaires terriens et entendu le promoteur en compagnie du prince Ladji Ouattara "Le chef du village de Noumoundara a confirmé l’accord des propriétaires terriens pour l’installation de l’usine en demandant toutefois qu’on approfondisse la question.

Les terriens ont rétorqué qu’ils sont allés voir la cimenterie du promoteur à Zagtouli près de Ouaga et qu’il n’y a pas de désagrément", a précisé Ladji Ouattara. Dès l’accord des propriétaires, un acte notarié de cession à titre gratuit de terrain d’une superficie de 31 hectares 36 ares à Bobo Diamond Cement SA a été signé ; quatre personnes cédantes : Soma Ouattara, propriétaire terrien, Dougoutigui Ouattara, propriétaire de champ, Bassory Ouattara, chef de village et Kalifa Ouattara, président du Comité villageois de développement (CVD) de Noumoundara. 9 450 000 F CFA ont été remis par le promoteur et destinés à être répartis entre les propriétaires à titre de don. On aurait pu s’arrêter là, mais l’Association pour le développement Tiéfo Amoro (ADTA) est entrée dans la danse le 3 décembre 2011.

Ce jour-là, l’ADTA a convoqué une réunion dite de concertation pour remettre en cause la cession du terrain au motif qu’elle a été faite sans l’accord des populations. Les décisions prises lors de ces échanges stipulent que la majorité des propriétaires "réaffirment leurs désaccords à propos de la cession des terres concernées". Les participants ont estimé que l’acte notarié n’engage pas la population car les signataires n’ont aucun droit de propriété et n’étaient pas mandatés par qui que ce soit. En outre, "le souci de pollution" invoqué pour motiver le refus demeure toujours. Membre de l’ADTA, Boua Ouattara n’est pas foncièrement contre l’installation de la cimenterie. Ce sont les conditions qu’il dénonce. "Nous n’avons pas refusé, mais nous exigeons la transparence avant toute implantation.

Dans un possible accord, un autre site pourrait être mis à la disposition de Diamond Cement car l’actuel est parsemé de lieux de culte et est situé à l’Est. La poussière qui se dégagera des activités ira directement sur Noumoundara", s’est-il persuadé. Malgré les gages donnés par le promoteur (voir encadré) l’ADTA tient mordicus. Elle partage son combat avec le vieux Wobisié Ouattara qui a finalement dit n’être pas au courant de la cession de son terrain par son fils au promoteur. Nous l’avons rencontré chez lui au secteur n°15 de Bobo. "Je ne vends pas ma terre dont j’ai héritée de mes grands parents. Si l’Etat ou un promoteur privé veut y investir, qu’il vienne me voir", a déclaré Wobisié Ouattara. Pourtant, son fils (en fait le fils de son frère cadet, Soungalo Ouattara) demeurant à Noumoundara, Soma Ouattara, s’est dit surpris par ces propos, car ayant reçu mandat du vieux, au regard de son âge, pour signer les documents de cession à sa place. Le fils Soma Ouattara est persuadé que le vieux a été touché par l’ADTA qui lui a suggéré de ne pas accepter la cession, poursuit-il : "C’est à l’issue d’un conseil de famille que j’ai été autorisé à signer au nom de la famille".

Tirs groupés contre l’ADTA

Soma Ouattara pense même que l’ADTA est contre le développement du village, car il n y a pas de raison qu’une association œuvrant pour le développement d’une localité, s’oppose à l’installation d’une usine qui mettra fin au désœuvrement après la saison de pluie. "Que faisons-nous en saison sèche si ce n’est que couper le bois pour le charbon et se rendre en Côte d’Ivoire ? C’est mieux d’avoir du boulot sur place", dira Soma Ouattara pour justifier la décision de céder le terrain à une cimenterie susceptible de générer des emplois. Le représentant des jeunes de Noumoundara, Soungalo Ouattara est plus catégorique. "Il n’y a pas de problème au village. ¬ Les jeunes, les vieux et les femmes sont d’accord à Noumoundara. Ceux qui parlent sont des politiciens qui veulent que l’usine soit installée à Péni ou à Matourkou. Si cds actions compromettent le projet, nous n’allons pas leur pardonner", a¬-t-il tranché. Pour répondre aux accusations, nos tentatives de rentrer en contact avec les premiers responsables de l’ADTA sont restées vaines.

Mahamadi TIEGNA (camerlingue78@yahoo.fr)

Sidwaya

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