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Autant le dire… : A 86 ans, il veut toujours le pouvoir

Publié le lundi 23 janvier 2012 à 23h33min

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Abdoulaye Wade est bien fatigué pour mériter une retraite à la hauteur du combat politique et intellectuel qu’il a mené. En effet, né un 29 mai 1926 à Saint-Louis au Sénégal, il fait partie de la première génération d’intellectuels africains sortis de l’Ecole de formation des instituteurs de l’Afrique occidentale française. C’est en 1947 qu’il obtient son diplôme d’instituteur. Il effectuera ses études en France. Titulaire de plusieurs diplômes en mathématiques appliquées, en économie et en droit, il enseignera pendant plus de dix ans à la faculté des sciences juridiques de l’Université de Dakar. En 1970, il est élu doyen de cette faculté. Par la suite, il va abandonner ses activités d’enseignant pour devenir avocat ; et travaillera comme consultant pour le compte de plusieurs institutions multilatérales et panafricaines comme l’Organisation de l’unité africaine devenue Union africaine et la Banque africaine de développement.

Sur le plan politique notamment, Abdoulaye Wade va d’abord militer au sein de l’Union progressiste sénégalaise (UPS) avec Léopold Sédar Senghor. C’est à la faveur de l’ouverture démocratique décidée par Senghor qu’il crée le Parti démocratique sénégalais (PDS) en 1974. Et depuis cette date, il milite dans l’opposition. Et comme tout leader de parti d’opposition, son combat est la conquête du pouvoir d’Etat. Sa phrase fétiche qu’on retient jusqu’aujourd’hui est « Je ne veux pas marcher sur des cadavres pour accéder au palais présidentiel. Je préfère arriver au pouvoir dans la transparence et par la voie politique ». Son parcours politique d’opposant sera parsemé de hauts et de bas. Tantôt il entre dans le gouvernement d’Abdou Diouf, et quand il n’y « trouve plus son compte », il quitte. Il a même été emprisonné pour des faits politiques.

Le 19 mars 2000, il accède enfin à la présidence de la République après avoir régulièrement battu Abdou Diouf. Après trente ans de combat politique, Abdoulaye Wade, le chantre du « Sopi » est le chef de l’Etat sénégalais. Au pouvoir, Abdoulaye Wade va s’employer à travailler sérieusement pour son pays. Il ne pouvait en être autrement car, à son arrivée, il avait avec lui la quasi-totalité des leaders de l’opposition qui l’ont d’ailleurs porté au pouvoir. Malheureusement, le président Wade va dilapider ce capital en si peu de temps. Malgré tout, il se fait réélire en 2007 avec 51 % des suffrages exprimés. Mais au cours de ce dernier mandat, il fait réviser pour la deuxième fois la Constitution et rétablit le mandat présidentiel à sept ans qu’il avait réduit à cinq ans auparavant. Ce qui lui permet de briguer un second mandat puisque la loi dispose pour l’avenir et non pour le passé ; autrement la loi n’étant pas rétroactive, la Constitution révisée ne prend pas en compte le premier mandat de Wade. Ce qui est tout à fait juste.

Seulement, là où la candidature de Wade pose problème, c’est sur le plan moral et éthique. Après tout ce combat politique mené, après une dizaine d’années passées à la tête de l’Etat sénégalais, après tous les honneurs auxquels il a eu droit en tant que chef d’Etat, et enfin après 86 ans, qu’est-ce qu’Abdoulaye Wade pense pouvoir apporter aux jeunes sénégalais ? De quel espoir est-il encore porteur pour les Sénégalais qui veulent eux aussi « rêver » ? Abdoulaye Wade renoncerait à cette candidature que le peuple sénégalais et même la jeunesse africaine qu’il a inspirés à un moment donné de sa vie lui seraient très reconnaissants. Nul doute qu’on lui déroulerait le tapis rouge pour aller se reposer, et continuer de faire valoir ses connaissances. Comme il l’a fait en son temps, et en tant qu’avocat, en tant que consultant international.

Un sage homme politique disait « qu’il faut savoir quitter les choses avant que les choses ne vous quittent ». A 86 ans, l’avenir d’Abdoulaye Wade l’a bien quitté.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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