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Négociations gouvernement-syndicats : "…Dès sa nomination, le Premier ministre a eu une oreille attentive aux préoccupations des travailleurs" dixit Augustin Blaise Hien

Publié le jeudi 3 novembre 2011 à 01h03min

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Demain, gouvernement et syndicats seront sur la même table, chacun pour défendre ses points de vue au profit de tous les Burkinabè. La particularité de ce rendez-vous est qu’il va réunir un gouvernement appelé à résoudre une situation de crise et des représentants syndicaux qui attendent des réponses claires à leurs doléances. Sidwaya a rencontré le vice-président du mois des Centrales syndicales, Augustin Blaise Hien qui traduit l’espoir des partenaires sociaux et des attentes des travailleurs

Sidwaya (S.) : Quel est l’état d’esprit des syndicats à 24 heures de la rencontre gouvernement-syndicats ?

Augustin Blaise Hien (A.B.H.) : A quelques jours de cette rencontre qui est devenue traditionnelle, nous nous organisons au niveau des états-majors des centrales syndicales pour y aller, nous avons reçu une invitation du gouvernement à laquelle nous avons donné un avis favorable.

S. : Sous quel signe placez-vous la présente rencontre ?

A.B.H. : Nous la plaçons sous le signe d’un dialogue franc, des échanges vrais autour des préoccupations des travailleurs.

S. Qu’attendez-vous par dialogue franc ?

AB.H. : Un dialogue de vérité. Nous attendons que le gouvernement fasse un effort pour examiner en profondeur nos préoccupations. Nous sommes sortis quelque peu frustrés des négociations passées, au regard des réponses que nous avons obtenues du gouvernement ; nous espérons que cette fois-ci, nous aurons un échange qui va nous permettre et aux travailleurs de comprendre les difficultés du gouvernement dans la résolution de nos problèmes. Et aussi à nous d’exprimer clairement nos préoccupations, avec des éléments et preuves à l’appui.

S. : Est-ce à dire que vous serez compréhensif, eu égard au contexte particulier dans lequel se tiennent ses négociations ?

A.B.H. : Nous n’avons pas à apprécier par rapport à la situation particulière. Il appartient au gouvernement de se justifier. Nous avons de grandes préoccupations que nous avons transmises depuis le 1er mai passé, avec une plate-forme minimale. Nous attendons donc, que le gouvernement y apporte des réponses.

S. : Ces préoccupations tiennent-elles compte du contexte de crise, tant au niveau international que national ?

A.B.H. : Tout dépend de quelle lecture on fait de la crise. Nous pensons d’ailleurs que c’est la mauvaise écoute, la mauvaise gestion des revendications qui ont engendré cette crise. Si le gouvernement prenait en compte les préoccupations des travailleurs avec une oreille attentive, cette crise aurait pu être évitée. Nous reconnaissons qu’il y a une crise économique partout, mais nous ne demandons qu’un minimum de la part du gouvernement.

S. : Et à quoi se résume ce minimum ?

A.B.H. : La plate-forme comprend quarante trois points. Nous les avons synthétisés en 15 revendications minimales sur lesquelles nous attendons des réponses concrètes. Elles concernent le pouvoir d’achat et les conditions de vie et de travail, l’éducation et la santé, les libertés démocratiques et syndicales, l’assainissement de la gestion de la chose publique. Elles prennent également en compte des cas spécifiques comme les retraités, les acteurs du secteur informel et les paysans. Nous restons attentifs à tous ces points.

S. : Dès son arrivée à la tête du gouvernement, le Premier ministre a pris un certain nombre de mesures visant à améliorer le pouvoir d’achat des Burkinabè. Quel est votre regard sur ces décisions ?

A.B.H. : Ce sont des avancées significatives que nous louons d’ailleurs dès sa nomination, le Premier ministre a eu une oreille attentive aux préoccupations des travailleurs, entre autres, la suppression de la TDC, la baisse de l’IUTS, la régularisation des avancements. Mais il nous avait demandé de lui accorder du temps, afin qu’il puisse mieux examiner certains points. Ces négociations seront donc l’occasion pour lui, de nous apporter des réponses.

S. : Qu’est-ce que le gouvernement devrait faire pour qu’au sortir de ces négociations, les syndicats disent : nous sommes satisfaits ?

A.B.H. : Au regard de la vie chère, nous attendons que le gouvernement prenne des mesures pour alléger la souffrance des populations, que l’on puisse garantir la liberté syndicale dans les entreprises et que enfin, on se penche sur la douleur des paysans : l’expropriation des terres, par exemple. Comprenez que la liste n’est pas exhaustive.

S. : Exigerez-vous encore une augmentation des salaires après tout ce qui a été fait ?

A.B.H. : La question de l’augmentation des salaires entre dans le cadre de l’amélioration du pouvoir d’achat. Nous avons toujours dit que ce n’est pas seulement une augmentation de salaire qui va résoudre entièrement les problèmes des travailleurs. L’amélioration du pouvoir d’achat peut se traduire par une maîtrise de l’inflation, le coût des produits de grande consommation, qui est d’ailleurs un de nos motifs de lutte. Mais, au regard du coût de la vie aujourd’hui, nous pensons qu’une augmentation de salaire reste d’actualité.

S. : Quel message au gouvernement ?

A.B.H. : Privilégier le dialogue, pour aboutir à des réponses consensuelles de part et d’autre. Il ne faut pas que les syndicalistes soient vus comme des gens qui vivent en marge de la société. Ils vivent les mêmes réalités et savent comment le gouvernement gère parfois des situations difficiles. Cependant, ce que nous lui demandons, c’est de faire l’effort de trouver des solutions aux doléances des travailleurs.

S. : Avez-vous le sentiment donc que le gouvernement manque de volonté ?

A.B.H. : Par moment, nous avons eu le sentiment que soit, on ne nous prenait pas au sérieux, soit que les membres du gouvernement ignoraient totalement les problèmes des populations. Il y a beaucoup de discours, mais qui restent très souvent en surface. C’est pourquoi, nous avons demandé une autre forme des négociations, et nous nous imaginons que la présente session nous permettra de pouvoir réellement échanger sur nos soucis, en profondeur et que le gouvernement de son côté nous fasse des propositions acceptables.

S. : Qu’est-ce qui durcit parfois les positions au cours des négociations ? Les syndicats seraient-ils intransigeants ?

A.B.H. : Je ne pense pas que nous soyons intransigeants. Quelqu’un qui a faim, qui parle, et qui a en face de lui une personne qui ne veut pas l’écouter, il n’y a pas de dialogue. Quand nous sentons un manque de volonté dans l’autre camp, nous sommes parfois amenés à raidir nos positions, si non en général, nous arrivons à trouver un terrain d’entente.

S. : Cette rencontre qui est la première avec le gouvernement de Luc Adolphe Tiao sera-t-elle différente des précédentes à votre avis ?

AB.H. : Il y ad’abors la date. Les négociations se tiennent en novembre au lieu de décembre comme d’habitude. Nous avons remarqué qu’en décembre tout le monde est pressé. Nous avons l’impression qu’on veut évacuer... Alors que cette fois-ci, le gouvernement s’est pris assez tôt. Nous avons été interpellés depuis le mois de septembre. Nous aurons la lattitude pour discuter. Et nous espérons que décembre qui est occasion de fêtes, que le gouvernement nous offre des cadeaux de fin d’année avec des réponses positives à 100% pour nos revendications.

Entretien réalisé par Assétou BADOH

Sidwaya

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