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EXECUTION DE TROY DAVIS AUX ETATS-UNIS : Une justice digne du Far West

Publié le vendredi 23 septembre 2011 à 03h54min

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La mobilisation tant aux Etats-Unis qu’à l’extérieur, les supplications et les recours n’ont pas pu sauver Troy Davis. Cet Afro-américain de 42 ans a rendu son dernier souffle le 21 septembre à 23h 08 (3h 08 TU) après avoir reçu une injection létale dans le pénitencier de Jackson dans l’Etat de Georgie (Sud des Etats-Unis). Un trait vient d’être tiré sur l’existence terrestre de celui qui a attendu pendant 20 ans dans le couloir de la mort après avoir été condamné à la peine capitale en 1991 pour le meurtre d’un policier blanc commis en 1989. Un meurtre dont il a nié être l’auteur jusqu’à son dernier souffle. Hélas, la justice américaine n’a pas voulu croire en sa bonne foi.

Elle est également restée de marbre malgré la rétraction de 7 des 9 témoins à charge, l’absence de l’arme du crime, d’empreintes et d’ADN confondant l’accusé. Ce que la justice a consenti de temps à autre est le report, à trois reprises, de l’exécution du condamné suite à des recours introduits par ses avocats. Mais cette fois, le pouvoir judiciaire n’a pas voulu concéder un autre report et a envoyé ad patres l’icône de la lutte contre la peine de mort. Mais de cela, la justice américaine n’en a eu cure. Elle a donc évacué de son couloir de la mort un condamné dont elle était finalement la seule à être convaincue de sa culpabilité contre, d’ailleurs, tout bon sens. Son attitude démontre qu’il est difficile à une personne condamnée à mort à tort d’échapper à la chaise électrique ou à l’injection létale.

L’exécution pourrait prendre du temps, pendre comme une épée de Damoclès, mais elle finit par s’abattre irrémédiablement sur la victime. Malgré la mobilisation, les appels à la clémence dans les cas des condamnations contestables, la situation reste immuable. On n’est pas loin de penser que dans les Etats de l’union, qui appliquent toujours la peine de mort (une trentaine d’Etats contre une dizaine qui l’ont abolie), le temps s’est arrêté à l’époque du Far West. Une époque où la loi de la jungle, la loi du Talion (œil pour œil, dent pour dent) et la justice expéditive étaient de rigueur. Bien des siècles plus tard, des Etats, surtout ceux du sud anciennement esclavagistes, n’ont fondamentalement pas changé.

La soif de justice y paraît si inextinguible que l’on n’hésite pas à condamner à mort un innocent qui aurait le malheur d’être soupçonné de meurtre. Et plus il est Noir (et pauvre), plus il n’a aucune chance d’échapper à une exécution si le crime prétendument commis est contre un Blanc. Les Noirs sont aussi les plus nombreux parmi ceux qui attendent dans les couloirs de la mort dont le nombre est estimé à 3 452 à la date du 21 septembre 2011. C’est malheureusement une triste réalité non seulement dans ces anciens Etats esclavagistes mais aussi d’une manière générale aux Etats-Unis. Ce n’est pas remuer un couteau dans la plaie, réveiller de douloureux souvenirs encore moins faire preuve de racisme que d’affirmer que, très rarement, un Blanc est condamné à mort au pays de l’Oncle Sam pour meurtre d’un Noir.

Un exemple illustratif de cet état de fait est celui du jeune Guinéen criblé d’une quarantaine de balles par des policiers blancs, lors d’un contrôle, alors qu’il voulait montrer ses papiers d’identité. Malgré les émeutes provoquées par ce meurtre, les policiers s’en sont tirés à bon compte au nom de la légitime défense dans un pays où les flics ont la gâchette facile. Quoique l’on puisse dire, aux Etats-Unis, il y a souvent un arrière-fond raciste dans certaines condamnations à mort et les exécutions de personnes dont la culpabilité n’a jamais été établie de manière irréfutable. Cela doit changer.

Séni DABO

Le Pays

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