LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.” Montaigne

Affaire immeuble Sanfo : Le film des évènements selon les commerçants et la BICIA-B

Publié le vendredi 12 août 2011 à 03h02min

PARTAGER :                          

Depuis des semaines, la situation de "l’immeuble Sanfo" mobilise des commerçants du grand marché de Ouagadougou (Rood Woko), réunis au sein de l’Organisation nationale des commerçants du Burkina (ONACOMB). Un problème qui crée des tensions entre El Hadj Sayouba Sanfo et la BICIA-B d’une part et d’autres part, entre El Hadj Sayouba Sanfo et I.A.B.(Ndlr : Nous avons utilisé des initiales dans le texte, certains acteurs ayant requis l’anonymat). Mais qu’en est-il du contentieux qui oppose ces trois protagonistes ?

Dans l’affaire de l’immeuble Sanfo, chaque partie semble tirer la couverture sur elle. Les commerçants de Rood Woko, issus, pour la plupart, de l’Organisation nationale des commerçants du Burkina (ONACOMB), tirent à boulets rouges sur la Banque internationale pour le commerce, l’industrie et l’agriculture du Burkina (BICIA-B). Ceux-ci accusent la BICIA-B d’avoir vendu la propriété appartenant jadis à El Hadj Sayouba Sanfo, à I.A.B. Interrogée, la BICIA-B s’en défend, arguant que la vente s’est déroulée dans les règles. Selon la BICIA-B, la créance de El Hadj Sayouba Sanfo datait de 1985 et en 1993, la propriété lui a été adjugée sur décision de justice ; "il y a eu défaut de payement de la part de M. Sanfo", a indiqué Yaya Konaté, directeur des affaires juridiques et du contentieux à la BICIA-B.

A cet instant, M. Konaté confie que la banque était libre de vendre le bâtiment à qui elle voulait. Des années plus tard, soit le 4 avril 2011, la BICIA-B a reçu une offre d’achat de 220 millions de F CFA de l’immeuble Sanfo. Une offre transmise, aux dires de M. Konaté, par un cabinet immobilier mandaté par la banque pour la vente de l’immeuble adjugé à T.H, le premier acquéreur. Mais selon, Mahamadou Sanfo, Secrétaire général (SG) de l’ONACOMB, T.H aurait appelé EL Hadj Sanfo, alors en Côte d’Ivoire, pour lui signifier que la BICIA-B lui a proposé la vente de sa propriété à 220 millions de F CFA. " Après être rentré de la Côte d’Ivoire, Sayouba Sanfo a entrepris des démarches avec la BICIA-B et T.H pour le rachat de son immeuble", a dit Mahamadou Sanfo, SG de l’ONACOMB.

Le 19 avril 2011, la BICIA-B va recevoir un courrier de Sayouba Sanfo, qui se propose de racheter son immeuble, sans cependant, faire une offre. "Nous avons attendu jusqu’au 11 mai 2011, sans recevoir les 220 millions qui représentent le prix du bâtiment de la part de Sayouba Sanfo", a confié Yaya Konaté. L’ONACOMB, à laquelle Sayouba Sanfo a confié l’affaire, affirme qu’il y a eu un terrain d’attente entre Sayouba Sanfo et T.H. C’est ainsi que T.H va se désister de l’achat de l’immeuble et adjoindre M. Sanfo à s’entendre avec la BICIA-B pour reprendre son bien. Cependant, la version donnée par la banque est toute autre, car selon elle, le 11 mai 2011, le premier acquéreur, T.H, se serait désisté de l’achat de l’immeuble, sous la pression exercée sur lui et sa famille.

"Il n’y a donc pas eu un désistement consensuel, mais forcé", a affirmé Yaya Konaté. Le 12 mai 2011, la BICIA-B va recevoir un courrier de son cabinet immobilier, l’informant qu’il a reçu un chèque de 220 millions F CFA, représentant le prix de vente de l’immeuble acheté par un deuxième acquéreur, à savoir I.A.B, en remplacement de T.H.,"soit 24 jours, après la lettre d’intention de Sayouba Sanfo", a relevé Yaya Konaté. Selon le SG de l’ONACOMB, I.A.B n’était pas postulant ni avant ni après l’intention de rachat de M. Sayouba Sanfo, "alors comment comprendre que la banque lui ai vendu la propriété", s’est-il interrogé. Et d’ajouter que Sayouba Sanfo avait la somme que réclamait la BICIA-B et l’avait remise à l’avocat de la banque. Yaya Konaté du contentieux, rétorque que si Sayouba Sanfo avait véritablement l’argent comme il le prétendait,"c’est le 19 avril 2011 qu’il devait le remettre à la banque".

Il indique que c’est le 21 juin 2011 que la BICIA-B a appris, par courrier de maître M.D, avocat de M. Sanfo, que le 25 mai 2011, maître M.S avocat de la BICIA-B, a reçu la somme de 220 millions F CFA pour le rachat de l’immeuble par M. Sanfo, "soit 13 jours après que la BICIA-B eut cédé la propriété, via le cabinet immobilier, et 37 jours, après la lette d’intention de M. Sanfo", a confié Yaya Konaté. Malgré cet argumentaire avancé par la BICIA-B, l’ONACOMB estime que M. Sanfo a été victime d’une opération de vente illicite sur sa propre propriété. Selon elle, il y a des non-dits dans cette affaire.

Des démarches avec I.A.B

Elle accuse, non seulement la banque, mais dit "sentir" des mains étrangères qui voudraient que M. Sanfo ne puisse pas reprendre sa propriété. "Comment comprendre que quelqu’un qui s’apprêtait à racheter son domicile et qu’à la dernière minute, on nous présente une autre personne disant que c’est elle, le nouveau propriétaire dudit domicile. Il y a beaucoup de zones d’ombres dans cette affaire", a martelé Paul Kaboré, SG de l’Organisation nationale des syndicats libres (ONSL). A cet sujet, Yaya Konaté rappelle que l’argument, selon lequel "j’ai l’argent, je vais venir payer" a été utilisé, il y a 15 ans par M. Sanfo, mais la banque n’a rien vu venir.

Outre l’accusation portée contre la BICIA-B, M. Sanfo va entreprendre des démarches avec le nouvel acquéreur de l’immeuble, I.A.B, afin que celui-ci lui rétrocède sa propriété en échange de 220 millions F CFA, mais en vain. Par ailleurs, l’ONACOMB a initié des rencontres avec la BICIA-B d’une part, et IA.B, d’autres, part, sans succès."Nous avons rencontré I.A.B, le 24 juin 2011, pour trouver une solution à l’amiable. Mais, il a refusé" a souligné le SG de l’ONACOMB, Mahamadou Sanfo. Il a ajouté par ailleurs : "Toutes ces démarches nous a coûté le 20 juillet 2011 une plainte déposée par IAB à la brigade de gendarmerie, nous accusant de menaces contre sa personne, ses biens et ceux de la BICIA-B". Selon lui, il n’a jamais été question de menaces à l’endroit de IAB, mais de trouver un terrain d’entente.

Dans l’optique d’en savoir davantage, de nombreuses tentatives ont été menées pour rencontrer le nommé I.A.B, nouvel acquéreur de l’immeuble, afin d’entendre sa version des faits. Mais malheureusement, celles-ci n’ont pas abouti, car nous n’avons pu rencontrer I.A.B, qui était, constamment, absent.
Le 29 juillet 2011 à la Bourse du travail, les commerçants se sont réunis, afin d’apporter leur soutien à El Hadj Sayouba Sanfo. Celui-ci confiera à la presse, qu’ayant 25 enfants, il n’entend pas céder sa propriété à qui que ce soit.
En attendant, l’affaire a été portée devant la justice, le 27 juillet 2011.

Souleymane KANAZOE


Une ambiance surchauffée à la Bourse du travail !

La Fédération syndicale des commerçants du Burkina (FSCB) a organisé une conférence de presse, le jeudi 11 août 2011, à la Bourse du travail pour donner sa position, sur le terrain bâti racheté par I.A.B à la BICIA-B. Dans sa déclaration liminaire, le syndicat a estimé que la banque est devenue propriétaire du terrain de Sayouba Sanfo par décision du Tribunal de première instance de Ouagadougou, depuis le 16 juin 1993. Il a fait savoir que c’est le 4 avril 2011 que la BICIA-B a reçu l’offre d’achat de 220 millions de l’immeuble Sanfo pour le compte de T.H. Cependant, il précise que T.H se désistera par la suite, sous la pression de la famille de M. Sanfo. L’immeuble sera donc finalement racheté par I.A.B, le 12 mai 2011. A partir de cet instant, le syndicat a indiqué que celui-ci fera l’objet de menaces graves de la part des amis de M. Sanfo. Cette version des faits a été rejetée sur place par la partie soutenant M. Sanfo qui a dit ne pas comprendre la position du syndicat sur cette affaire.

Selon eux, cette version n’a rien à voir avec la réalité, car la banque savait que M. Sanfo voulait régler l’argent et récupérer son terrain bâti. De même, contrairement à la déclaration du syndicat, ils disent avoir voulu un règlement à l’amiable avec I.A.B, mais que celui-ci refuse tout compromis. L’atmosphère s’est donc gâtée détériorée ce jeudi entre les deux camps à la Bourse du travail. Résultat, les deux parties ont failli en venir aux mains. La conférence de presse s’est donc terminée en queue de poisson et dans une ambiance surchauffée. Affaire donc à suivre !

Raphaël KAFANDO

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos réactions (31)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique