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Fait de chez nous : Châtiment divin ou leçon d’une vie

Publié le mardi 15 mars 2011 à 00h59min

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Abdallah est maintenant persuadé qu’aucun sacrifice ne pourra lui faire retrouver son enfant égaré. Son épouse quant à elle, tente de supporter la situation, mais en vain. Aussi, passe-t-elle parfois ses journées à pleurer et sans rien manger. « Qui sème le vent, récolte la tempête », pourrait-on dire à Abdallah, malgré sa peine. Couturier de renommée, Abdallah est une adresse sûre pour les cadres et toute personne en quête de haute couture. Son atelier est devenu une école pour tous ceux de la région qui veulent embrasser le métier.

C’est ainsi que Drissa s’y est retrouvé pour apprendre à coudre à la machine. Garçon ambitieux, il va vite assimiler les leçons. Sa détermination et son pragmatisme ont fini par rassurer Abdallah, son patron. Drissa est donc nommé chef de l’atelier. Pendant qu’il travaillait chez Abdallah, il a appris à coudre d’autres modèles que son patron ne savait pas exécuter. Couturier confirmé, Drissa demande l’autorisation d’ouvrir son propre atelier de couture. Abdallah s’y oppose. Le jeune homme fait intervenir des amis de son patron. Monsieur refuse toujours.

Après avoir tenté toutes les démarches pour convaincre son patron, Drissa a pris son courage à deux mains et l’a quitté. Au lieu de bénir son apprenti et lui souhaiter bonne chance, Abdallah l’a d’ailleurs maudit. « Si réellement je suis digne fils de ma région, tu ne connaîtras pas de réussite dans ton atelier », a-t-il maudit Drissa. Toujours animé par la volonté de voler de ses propres ailes, Drissa a ouvert son atelier. Ce fut un succès total pour lui. Certains clients de son ex-patron ont laissé tomber ce dernier à son profit. Un semestre a suffi pour que Drissa tombe en faillite. Un soir, alors qu’il s’apprêtait à fermer les portes de son atelier, deux prétendus multiplicateurs de billets de banque arrivent.

Une petite démonstration faite, Drissa est convaincu. Une importante somme d’argent lui est demandée par ses visiteurs. Drissa racle toute son économie et s’est même endetté pour avoir la somme demandée. Une fois en possession de l’argent, les deux faux monnayeurs se sont évaporés dans la nature. Drissa a tout fait sans les retrouver. Ses créanciers ont commencé à réclamer leur dû. Pour s’acquitter, il a vendu des pagnes et des tissus de certains clients pour faire face à la situation. En déshabillant Paul pour habiller Pierre, Drissa n’avait pas résolu son problème. Acculé, il fini par disparaître. Jusqu’à l’heure où vous parcourez ces lignes, personne ne sait où est allé Drissa.

Son patron Abdallah qui riait de son malheur, en a eu pour son compte. Son unique enfant, sorti un matin comme d’habitude pour s’amuser avec les autres enfants du quartier, n’est pas rentré le soir. Toute la ville est informée de la nouvelle. Personne n’a pu retrouver l’enfant d’Abdallah. Il sollicite les marabouts et les féticheurs les plus connus pour leur puissance. Aucun d’eux n’a pu faire revenir le petit. Abdallah qui est maintenant convaincu que son unique enfant est parti pour de bon, justifie son sort par la main de ses ennemis. Abdallah, malgré ton appartenance religieuse, sache qu’il est écrit dans le Nouveau Testament ceci, « ne jugez pas pour ne pas être jugés ; car du jugement dont vous jugez, on vous jugera, et de la mesure dont vous mesurez, on usera pour vous ». Une leçon qui peut vous servir que vous ressembliez ou pas à Abdallah

Souro DAO /daosour@yahoo.fr

L’Express du Faso

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