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Côte d’Ivoire : Marche résolue vers le chaos

Publié le mercredi 9 mars 2011 à 00h53min

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Affrontements dans l’intérieur du pays, personnes brûlées vives, résidences de personnalités saccagées et pillées, guérilla urbaine dans certaines villes. Aujourd’hui, le menu servi par le clan Gbagbo et celui d’Alassane Dramane Ouattara est assez consistant pour qu’on ne redoute pas l’installation du chaos.

Plus inquiétante est la reprise des combats à l’Ouest, frontalier avec le Liberia, depuis fin février et qui fait craindre une reprise générale des hostilités le long de l’ancienne ligne de front de 2003-2004. Le scénario tant redouté est donc en train de se réaliser ; lentement mais sûrement, peut-on le regretter. Et avec une banalité effrayante, la guerre s’installe avec son lot quotidien de déplacés.

Il en est déjà question de plus de 200 000. La communauté internationale semble de plus en plus se désintéresser de la situation et a plutôt les yeux tournés vers les bouleversements dans les pays arabes.

La seule prise de décision intéressante étant peut-être celle du président Barack Obama, qui a décidé de débloquer 7 milliards de dollars au profit des déplacés. Pendant que la chienlit s’installe donc, voici que l’Union africaine a invité les deux personnages-clés de l’affaire à une rencontre à Addis-Abeba.

Alassane Dramane Ouattara a aussitôt accueilli favorablement cette demande et s’est dit prêt à accepter le rendez-vous d’Ethiopie, mais, comme il fallait s’y attendre, chez l’actuel locataire du palais de Cocody, l’affaire ne paraît pas si simple, si fait qu’il a décidé d’y dépêcher Pascal Affi N’Guessan, le président du Front populaire ivoirien. Il est aisé de comprendre sa prudence. Comme se plaisent à relever bien des observateurs, il n’est pas évident qu’il puisse quitter le pays d’Haïlé Sélassié avec toutes ses dents.

Ne profitera-t-on pas de son absence d’Abidjan pour sceller son sort ? Question à plusieurs inconnues. Mais raisonnons par l’absurde : admettons que le mari de Simone daigne se rendre au rendez-vous et ait face à lui celui-là même qu’il ne veut même pas voir en peinture et qui le lui rend bien d’ailleurs. Que se passerait-il ? A notre humble avis, pas grand-chose.

Ce serait une occasion de grands échanges d’amabilités et l’encre qui aura servi a rédiger le procès-verbal de la rencontre n’aura pas eu le temps de sécher que les affrontements auront déjà repris à Abidjan. D’ailleurs, l’on se demande si l’Union africaine n’est pas à court de thérapie, elle qui a tendu la carotte et le bâton. Que faut-il maintenant faire ? Laisser la guerre départager les belligérants ou intervenir militairement ? Aucune de ces mesures ne devrait pourtant trouver grâce aux yeux d’un quelconque bon pacifiste.

Jusque-là, rien de pertinent ne semble sortir de chez Jean Ping (président de la Commission de l’Union africaine). Et pourtant, il y va de la crédibilité de l’institution dont il a la charge de réussir à résoudre le problème ivoirien. Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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