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Deux mois après Bouazizi : L’autodafé qui a embrasé le monde arabe

Publié le vendredi 18 février 2011 à 01h36min

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Mohamed Bouazizi. Le nom de ce jeune Tunisien de 26 ans restera à jamais gravé dans les annales de l’histoire, en particulier celle de la Tunisie. En effet, il y a de cela deux mois (17 décembre 2010), la police a confisqué son matériel de travail ( charrette et balance) qui est pourtant sa seule source de revenus. Il tente vainement de plaider sa cause auprès des autorités municipales. Non seulement, il n’obtient pas satisfaction mais surtout il est l’objet d’humiliation.

Désespéré, il choisit la solution finale : le suicide par le feu, en plein jour et en public. L’onde de choc de cette immolation aux flammes, qui a eu lieu à 300 km de la capitale, Tunis, a très vite été ressentie à travers tout le pays et a déclenché une vague de contestations sans précédent du régime. Le ras-le-bol général pousse les Tunisiens à s’émanciper vis-à-vis du pouvoir et À exiger publiquement et de façon violente le départ de la dynastie aux affaires depuis plus d’une vingtaine d’années.

En posant cet acte courageux bien arabe, Mohamed Bouazizi ne s’imaginait pas qu’il scellait en même temps le sort du président Ben Ali et de tous ces guides, monarques et raïs qui règnent en maîtres absolus au Maghreb, au Proche-Orient et au Moyen-Orient. L’autodafé a fait de lui un héros national, et la soif liberté s’est emparée de toute la région à tel point que tous les peuples de cette partie du monde, longtemps martyrisés, se révoltent.

Après donc Ben Ali et Moubarak, un vent de panique souffle sur les palais des dinosaures arabes et on se demande qui sera la troisième victime de cette révolution des sans-culottes qui embrase le monde arabe. En attendant, les regards sont tournés vers Le Caire et surtout Tunis, qui a donné l’assaut final et où la restauration de l’autorité de l’Etat se fait à petits pas :

l’intérim à la présidence est assurée, et le gouvernement, conduit par le Premier ministre, Mohamed Gannouchi, est à pied-œuvre pour conduire la transition avec des réformes qui satisfassent les revendications et les aspirations populaires ; un travail titanesque qui a amené le chef de l’Exécutif à dire qu’il n’a pas de bâton magique pour résoudre toutes les équations et effacer les tares de l’ère de son mentor exilé en Arabie Saoudite.

C’est là l’un des défis de la Tunisie post-Ben Ali. Les 23 ans de règne sans partage du président déchu ont empêché l’émergence de leaders charismatiques capables d’imprimer une nouvelle dynamique pour sortir le pays du marasme politique et économique.

En effet face à la répression, les ambitions à l’intérieur du système se sont effacées, et les opposants, pour échapper aux affres de la prison, aux harcèlements et à la mort, se sont presque tous exilés, sont restés en marge des réalités tunisiennes et ne sont connus par la jeune génération qu’à travers les quelques passages sur les chaînes de télévisions occidentales.

En l’absence d’hommes de consensus, la reconstruction devient poussive,--- et les Tunisiens doivent ouvrir l’œil et le bon pour ne pas confier de nouveau leur destin à des aventuriers qui vont les conduire dans une impasse.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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