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Les filles qui font le premier pas vers les hommes au faso : Ca choque encore mais…

Publié le mardi 15 février 2011 à 01h02min

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La tendance s’inverse au Burkina : ce ne sont plus les hommes qui font la cour aux femmes mais le contraire. A Ouagadougou, en circulation ou dans les buvettes, il n’est pas rare de voir une fille user de toutes ses ruses pour faire « tomber un homme dans son filet ». On parle d’une nouvelle tactique « de drague ». Pour plus d’informations, nous avons jugé utile d’aborder deux jeunes filles pour comprendre leurs comportements afin de pouvoir porter une analyse. Ces dernières ont accepté mais ont réclamé l’anonymat.

Si pendant longtemps, c’était plutôt osé pour une fille de faire le premier pas vers un homme, aujourd’hui ce n’est pas vraiment le cas. Les filles burkinabè

ont décidé de ne plus attendre que le prince charmant se manifeste lui-même. Elles entament la procédure à leur manière. Voilà ce que Mlle X dira : « Moi, je n’ai aucune honte d’aller vers un garçon pour lui avouer mes sentiments. D’ailleurs quoi de plus normal que de déclarer un amour, ici les gens sont trop ancrés dans la tradition et c’est ce qui nous met toujours en retard. Moi je fais ce qui me semble correct, le reste je m’en fous. » A l’entendre, le monde a suffisamment avancé pour qu’on s’en tienne encore à la tradition.

Pourtant, au Burkina, voir une fille approcher un homme pour lui dévoiler son amour est une honte pour la famille. Nombreux sont les parents qui ne vont jamais admettre cette possibilité : autant mourir célibataire que de bafouer l’honneur de la famille. Ces filles qui le font sont considérées comme des frivoles, des impudiques et mêmes des prostituées.

Quant à la demoiselle Y que nous avons rencontrée, elle dira tout simplement qu’il est temps « de briser la chaîne » c’est-à-dire l’éternelle tradition qui veut que l’homme fasse le premier pas. Pour elle, aller vers un homme un acte de bravoure à féliciter. « Il faut avoir du cran pour le faire et si certaines personnes le prennent mal, c’est leur problème. Moi, je ne verrai pas le bonheur et le laisser passer sous prétexte qu’il faut avoir de la dignité. Je ne donnerai ce plaisir à personne », dira-t-elle.

Décidément, il faut croire que le progrès de la science et de la technologie a véritablement bouleversé les attitudes et les comportements de la jeunesse africaine. Dans le passé, un tel acte était inadmissible mais il y en a maintenant qui commencent à le prendre du bon côté. Et à y penser, ce n’est pas aussi dévergondé pour une jeune fille de déclarer son amour surtout si cela est fait dans le respect (mais attention, il faut vraiment que ce soit de l’amour et non des avances à des hommes pour pouvoir bénéficier d’avantages financiers ou autres). Donc, si les choses se font vraiment par pur sentiment, au Burkina, où plus de la moitié de la population est de la gente féminine, il ne faudrait pas qu’on s’en offusque trop car si toutes ces femmes doivent attendre que l’élu se manifeste, nombre s’entre elles vieilliront célibataires.

Dans notre société, il faut reconnaître que les filles qui font le premier pas vers les hommes donnent une mauvaise impression et que la plupart du temps, on les traite de filles faciles mais elles savent généralement ce qu’elles veulent et font montre finalement d’un certain cran. On pourrait presque dire, en plaisantant, qu’elles défendent en quelque sorte la parité !

Si la femme est amoureuse, elle a bien le droit de faire le premier pas, surtout si elle sait que l’homme est libre et qu’il ne s’en offusquera pas. Le premier pas n’est d’ailleurs souvent qu’un échange de regards un peu malicieux ou quelques paroles parfois très anodines. Alors peu importe : s’il y a attirance réciproque, l’important n’est pas de savoir qui a fait le premier pas, mais de ne pas perdre l’opportunité d’un grand amour. Normalement, il ne devrait avoir aucun jugement péjoratif à ce sujet bien au contraire. D’ailleurs, il n’est écrit nulle part que l’homme est programmé pour faire le premier pas, pour avoir ce genre d’initiatives. Nous nous sommes purement et simplement soumis à cette règle.

Rama

San Finna

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