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Produits « Chin’toc » : Peuvent-ils nous tirer d’affaire ?

Publié le vendredi 11 février 2011 à 11h30min

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Le marché burkinabè est marqué depuis quelques années par une prolifération sans précédent des produits chinois. Il y a de cela quelques temps encore, l’on classait dans les produits de moindre qualité ceux qui venaient de la Chine. La préférence des consommateurs était tournée vers les produits d’origine occidentale (Paris, Amsterdam et New York).

Bien entendu, l’on pouvait se targuer d’avoir des articles de qualité, mais en revanche, ceux-ci étaient hors de portée pour les bourses moyennes. Ainsi, il n’était pas donné à tout le monde d’avoir un téléviseur, un lecteur DVD ou encore avoir le privilège de s’habiller et de se chausser chic.

Or, qu’est-ce que l’on remarque aujourd’hui ? Presque tout le monde est au même niveau en matière d’accès aux articles électroménagers, vestimentaires et informationnels. Le vent chinois qui souffle sur l’Afrique est-il en train d’annoncer la pluie ? Assurément, l’on a tous les arguments de le croire.

Prenons l’exemple des portables cellulaires. Il y a encore une dizaine d’années, leurs prix étaient excessivement chers, réservés à quelques élites. Hodie, dans les bourgades les plus reculées du pays, tout le monde a son petit bijou de portable qui lui relit au monde entier à cause du Chinois. En plus de cela, il y a l’émerveillement qu’offre ces portables « chinetoques ». Plusieurs fonctions accessoires, non moins utiles, sont ajoutées aux fonctions premières : éclairage la nuit tombée, bluetooth, lecteur musique et vidéo, caméra et appareil photo. Le tout à un prix plus qu’accessible (avec 15.000 Frs, l’on peut s’acheter un portable dernier cri et faire plaisir à sa mère, à sa fiancée ou à son petit copain).

Dans le domaine vestimentaire, il y a, là aussi, une révolution. L’on n’a pas besoin d’être un styliste modéliste pour remarquer, qu’en matière d’habillement, les Burkinabè ont fait de véritables pas en avant. Des chemises contrefaites de Yves St Laurent ou de Versache, des chaussures de marques renommées, sont arborées fièrement par la majeure partie des Ouagalais. En plus de cela, il y a toute une floraison de gamme de parfums qui viennent donner de la bonne senteur à leurs utilisateurs. Le nec plus ultra se situe au niveau des engins. Les « Jaqarta » sont venus supplanter les mobylettes françaises que l’on aimait bien encore, il y a quelques années. Qui l’aurait cru ? Aujourd’hui, les motos sont devenues comme des arachides que l’on distribue au bord de la voie.

Il existe une pléiade de produits chinois qui font le bonheur des consommateurs. Pour nous en tenir à notre chronique, nous terminerons par les produits médicamenteux qui envahissent le marché. On les dit moins chers et efficaces, car ils permettent de traiter les maladies les plus simples comme le paludisme tout comme celles qui sont complexes.

Le cas chinois est, à n’en point douter, une belle leçon de marketing pour les autres peuples. Les occidentaux l’ont appris à leurs dépens, eux qui se croyaient avoir une main mise totale sur le marché mondial. La règle des 4P (produit, public, prix et pub) chinois est sans commentaire. En effet, les Chinois ont compris que les Africains, au regard de leurs moyens économiques limités, se contenteraient bien de produits de basse gamme, pour peu que ceux-ci présentent quelques aspects clinquants. Allier beauté, utilité et coût peut attirer de la clientèle. Les gens se soucient moins de la qualité que du prix abordable du produit. Nos pays doivent pour cela sortir du cercle vicieux de consommateurs pour être des producteurs. La donne doit être changée, sinon l’on court le risque d’une overdose chinoise un beau matin. Il faudrait de la part de nos gouvernants non seulement de la vision mais aussi une bonne volonté politique pour faire bouger les choses.

Par Raogo Hermann OUEDRAOGO

LE QUOTIDIEN

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