LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Football burkinabè : De l’urgence d’avoir un championnat pour les enfants

Publié le jeudi 3 février 2011 à 02h24min

PARTAGER :                          

Les Etalons cadets viennent de planter le drapeau burkinabè sur le toit de l’Afrique. Ils sont rentrés de l’expédition Rwandaise avec le trophée continental dans leur besace. Une victoire qui a fait plaisir à la nation tout entière, qui l’a même célébrée comme il se devait.

Car depuis plus d’une décennie, nous courons après ce titre. En effet, ayant été à quelques doigts du sacre africain en 1999 et 2001, le bonheur nous a enfin échu en ce 2011 naissant. Il a fallu un travail titanesque pour l’entraîneur Rui Viera et l’ensemble de son staff pour composer une équipe nationale des moins de 17 ans, à partir du néant. En 9 mois, il a dû sillonner les centres de formation du pays, parcourir des villes afin d’asseoir une équipe capable de défendre les couleurs nationales. Chapeau bas ! Coach.

Pourtant, les choses auraient été plus simples si l’on disposait d’un championnat national des cadets. A ce sujet, il ne faut pas se voiler la face. Une équipe compétitive ne peut que provenir de joueurs eux-mêmes compétitifs, à moins d’un miracle. Malheureusement, toutes les fédérations qui se sont succédé ces dernières années ont toujours inscrit la promotion des jeunes talents et leur suivi dans leur politique.

Mais au finish, que faisons-nous pour permettre à ces talents naissants d’éclore ? Pratiquement pas grand-chose. Le bureau fédéral actuel avait fait la même promesse d’instituer des tournois pour les différentes tranches d’âge. On attend toujours de voir. Le travail est laissé uniquement aux mains des centres de formation qui se battent comme de beaux diables pour assurer le minimum à leurs pensionnaires.

Souvent on n’a même pas idée du sacrifice que ces promoteurs consentent. Il n’y a qu’à voir comment Planète Champion a mis la clé sous le paillasson, comment un passionné de foot comme Noufou Ouédraogo se bat au quotidien pour permettre à son centre Naba-Kango de fonctionner.

Aujourd’hui, beaucoup de bonnes volontés ont envie de se lancer dans la formation des footballeurs de demain, mais par manque de cadre d’expression, tous préfèrent s’en dispenser. Car quoi qu’on dise, il est difficile de former sans avoir une tribune d’évaluation de l’enseignement transmis. Nous avons savouré et continuons de nous délecter de ce trophée arraché de haute lutte à Kigali, mais au-delà de l’euphorie suite à cette consécration, il faut réfléchir et voir la réalité en face afin de capitaliser cet acquis.

Il n’y a que le championnat qui puisse permettre, au fil des week-ends, aux gamins de jouer et de corriger leurs lacunes, de créer des automatismes et de s’aguerrir à la haute compétition. Ce serait l’occasion pour les entraîneurs de voir les enfants à l’œuvre et de les suivre, bien entendu, dans la perspective de dresser une short-list pour les sélections futures. Seule l’organisation d’un championnat régulier peut servir de baromètre aux jeunes talents pour qu’ils soient prêts pour les challenges à venir.

On peut certes accuser à souhait le manque de moyens financiers. Mais tout est question d’ambition et d’orientation politique, dans la mesure où lorsqu’on a des objectifs nobles, il faut se donner les moyens de les atteindre. On peut mettre en place des formules avec des partenaires de l’Etat pour instaurer ces championnats cadets et juniors. Tout le monde rêve de voir un jour la bande de Rui Viera évoluer au sein de l’équipe fanion du Burkina (Etalons seniors). Mais Dieu seul sait le parcours qu’elle empruntera avant d’y arriver.

Si rien n’est fait, il ne faut pas s’étonner d’assister à une évaporation de nos champions d’Afrique vers les quatre coins du globe. De la génération des Wilfried Sanou, Enoch Conombo, Ousseni Zongo, Gaston Rouamba, l’on retiendra que certains d’entre eux ont vu leur carrière s’estomper en cadets ou en juniors. A qui la faute ? Allez-y le savoir.

Allons-nous continuer de bricoler tout en croyant que le père Noël sera toujours à notre porte ? Que nenni ! Ce trophée des U17 doit être le déclic pour mettre les choses sur les rails afin d’espérer des lendemains encore meilleurs.

Kader Traoré

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Paris sportifs en Afrique : Tout comprendre