Même trio arbitral, même score

Au match d’ouverture de cette CAN qui a opposé le Rwanda au Burkina, le trio arbitral était composé de l’Angolais Martins de Carvalho, du Libyen Mehmed Naseraldin et du Malawite Champiti Moffat. Le score de ce match était de deux buts à un en faveur du Rwanda. Il se trouve que ces formations se sont croisées encore en finale. C’est le même trio arbitral qui a été reconduit pour le même score (2 buts à 1), cette fois, en faveur du Burkina. Avec la seule mais importante différence que cette victoire donne la coupe au vainqueur !

Le Dytaniè, hymme de la victoire ?

Fait du hasard ou réalité ? En tous les cas, avant chaque match, nous attirons l’attention de nos voisins rwandais en ces termes : « Remarquez que lorsque l’hymne du Burkina est chanté en première position, la victoire nous revient ». Avec sourire, ils rétorquent avant le coup d’envoi de la finale que cela ne se vérifiera pas cette fois –ci. Ils se sont trompés. Le ditanyè a été chanté en première position et les Etalons ont triomphé. La seule fois où cet hymne a été chanté en deuxième position, c’était au match d’ouverture et le Burkina a perdu. Ce fut d’ailleurs sa seule défaite du tournoi.

Les Burkinabè du Rwanda extraordinaires !

La communauté burkinabè au Rwanda est à féliciter. Elle est composée, en gros, d’une dizaine de familles, mais elle aura démontré que la qualité vaut toujours mieux que la quantité. Et son président, Jean de Mata Ouédraogo de dire : « Même si vous n’avez qu’une seule dent dans la bouche, il faut au moins qu’elle soit blanche ». En effet, depuis l’arrivée de la délégation burkinabè à Kigali, cette communauté n’a cessé de développer toutes les heureuses initiatives pour accompagner les Etalons. Toujours mobilisés à chaque match, ils ont été les témoins oculaires du sacre des Etalons. Dans la soirée de la victoire, toute la délégation, les champions d’Afrique en tête, a été reçue au domicile du président de la communauté pour un repas.

Ce fut une belle occasion pour tous de danser au rythme de la musique burkinabè, dans une joie indescriptible. Chose curieuse, même l’entraîneur, Rui Viera, traditionnellement calme, s’est jeté dans la danse, à la grande surprise de ses joueurs. Normal, car c’est le premier contrat de ce Portugais à la tête d’une équipe nationale et son premier trophée continental. Deux champagnes ont été sautés à l’occasion en l’honneur des 2 buts qui installent le Burkina dans le trône de roi d’Afrique. Un tableau de félicitations a été offert aux Etalons et à toute la délégation. Cet exemple de patriotisme a été salué, tour à tour, par le président de la FBF, Zambendé Théodore Sawadogo et le chef de mission, Gaston Ki.

Les champions arrivent demain par vol spécial

Tout était arrangé pour que toute la délégation présente à Kigali arrive demain 25 janvier à Ouagadougou à 14h30mn. Mais après le sacre des ambassadeurs burkinabè, le premier capitaine des Etalons, le Président du Faso, a décidé d’envoyer son avion chercher ladite délégation. Cet avion ne disposant que de 31 places ne pourra malheureusement pas embarquer tout le monde (il y a une quarantaine de personnes). Tous ceux qui ont assisté de bout en bout à l’épopée de ces Etalons avaient voulu vivre l’ambiance de l’arrivée en direct. Hélas ! Ils rejoindront Ouagadougou par leur vol ordinaire. Et pour permettre aux Burkinabè d’aller accueillir en grand nombre l’équipe, il se dit, de sources bien informées, que la journée du mardi 25 janvier sera continue.

Le Rwanda porte chance au Burkina Faso

Décidément, tout réussit aux Burkinabè lorsqu’ils sont en déplacement au Rwanda. On se souvient que c’est à Kigali que l’USFA est venue remporter la Coupe d’Afrique militaire en 1999. Après elle, ce sont les Etalons cadets qui sont venus se qualifier à Kigali pour la CAN de leur catégorie qui s’est déroulée en Algérie en 2008. Cette année-là, les Etalons cadets s’étaient imposés 2-1 à Ouagadougou avant de venir arracher un nul héroïque (1-1) à Kigali. Trois ans après, les Etalons cadets s’adjugent le trophée continental en disposant du même Rwanda.

Propos d’après-match

Burkinabè et Rwandais se sont exprimés à l’issue de cette finale

Sounkalo Sanou (capitaine des Etalons) Je ne peux pas décrire la joie qui nous anime actuellement . On a joué cette finale avec la rage de vaincre ; on a joué avec le cœur. Il nous fallait cette coupe. Nous avons oublié le nombreux public rwandais pour jouer notre football. Il ne nous reste plus qu’à bien préparer la Coupe du monde. On est fier du peuple burkinabè qui n’a cessé de nous soutenir, de nous supporter. Il n’a qu’à continuer à nous soutenir. Notre génération prend le défi d’offrir beaucoup de joie au football burkinabè.

Rui Viera (entraîneur des Etalons) Nous avons vécu une très bonne compétition, bien organisée et avec de bons matches. Nous sommes donc le vainqueur et je m’en réjouis. Nous avons fait des matches équilibrés tout au long de la compétition. Nous avons la meilleure attaque , le meilleur buteur , le meilleur joueur. C’est une CAN de rêve pour nous. Ce 22 janvier 2011 est le jour le plus important de ma carrière et je remercie tous les Burkinabè pour m’avoir fait confiance. Je félicite tous mes joueurs qui ont su se battre. C’est la première fois que je suis à la tête d’une sélection nationale et c’est très bon pour moi et pour tous les autres entraîneurs qui travaillent avec moi. Ce fut une finale très dure.

Gaston Ki (chef de mission) Mission accomplie ! On rentre avec la coupe. Les enfants ont mouillé le maillot. Je suis très comblé autant que tous les Burkinabè. La mission s’est bien passée. On a été sous pression pendant 3 semaines et au finish, on rentre avec la coupe.

Yacouba Jacob Barry (président de l’UNSE) Je suis comblé. Cette victoire est amplement méritée et je tiens à féliciter tout le monde. On a eu tous les problèmes. Jouer contre le pays organisateur , en terrain adverse, avec un effectif réduit devant un tel public et triompher, c’est vraiment extraordinaire. Je rends grâce à Dieu.

Richard Tardy (entraîneur du Rwanda) Aujourd’hui, on est très déçu parce que notre objectif était de remporter cette finale. C’est vrai qu’on est énormément décu, mais on n’oublie pas d’où l’on vient. On va à la Coupe du monde et on est finaliste d’une grosse compétition. C’est la première fois pour le football rwandais. On aurait aimé gagner , mais il faut tempérer cette déception. Aujourd’hui, on a raté des occasions en offrant un gros cadeau aux Burkinabè sur le 1er but . Je crois qu’on a été en dehors du match du début jusqu’à la fin. Avec des jeunes de moins de 17 ans , il faut s’attendre à tout. Il nous a manqué de la lucidité devant les buts. Malgré tout, je ne peux pas en vouloir à mes joueurs car ils ont tout donné dans ce tournoi. Je les félicite.

Zambendé Téodore Sawadogo (président de la FBF) Je suis aux anges car il était temps pour le Burkina de remporter son premier trophée continental. Le Burkina voit donc tous ses efforts récompensés par notre équipe cadette. Ce trophée , nous le dédions à tout le Burkina, au Président du Faso, Blaise Compaoré, qui a toujours supporté le sport et tous les sportifs du Burkina. Nous espérons que cela va continuer

Mahamadi Kouanda (président de la CNSE) Les enfants se sont battus comme de beaux diables pour nous offrir cette première coupe . On est fier d’être Burkinabè. Ils se sont battus pour l’arracher ; le 3e essai était le bon et nous dédions cette coupe au peuple burkinabè dans son ensemble et au président du Faso. Dans la vie, quand on croit, on gagne.

Alexandre Le Grand ROUAMBA (Envoyé spécial à Kigali)

Le Pays