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Georges N. Sawadogo : le « boy cuisinier » des présidents

Publié le mercredi 5 janvier 2011 à 03h35min

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Lorsqu’il partait pour l’aventure en Côte d’Ivoire, en 1949, rien ne prédestinait Georges Nabonswendé Sawadogo à échouer à la présidence, en tant que cuisinier du chef de l’Etat ! C’est au pays de Houphouët-Boigny qu’il s’est initié et spécialisé au métier des casseroles. De Maurice Yaméogo à Blaise Compaoré, en passant par Sangoulé Lamizana, Saye Zerbo, Jean-Baptiste Ouédraogo et Thomas Sankara, ce « boy cuisinier » a mijoté de bons petits plats pour tous les présidents burkinabè…

C’est avec beaucoup de nostalgie qu’il revisite ses années de gloire derrière les fourneaux présidentiels, même s’il prononce avec difficulté, étant non alphabétisé en français, les noms de ses anciens patrons colons. Rentré dans son Burkina natal –alors Haute Volta- en 1955, après six années en Côte d’Ivoire, Georges N. Sawadogo est engagé comme cuisinier, par le commandant de cercle de Kongoussi, Rose Pierre. Il servira ce dernier jusqu’à son retour en France, en 1957. Dans la même année, il rejoint le « sergent-chef Mayer » au camp militaire de Ouagadougou. Il y restera jusqu’en 1958.

Puis, à l’occasion des premières élections législatives de la Haute Volta, en 1959, celui qui deviendra « le cuistot » des têtes couronnées bat campagne pour le Rassemblement démocratique africain (RDA). Le parti est victorieux. Pendant que la nouvelle Assemblée nationale investissait Maurice Yaméogo, président du Conseil, le jeune et dynamique Georges Sawadogo, qui s’était fait remarquer des responsables coloniaux, sera embauché par Michel Lajus, le secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil, chargé de la coordination interministérielle et de l’information. Il intègre ensuite l’équipe des cuisiniers du palais présidentiel et est affecté aux petits soins des enfants du chef de l’Etat, Maurice Yaméogo.

Plus tard, il sera détaché à la section « chambres de passage », pour servir les visiteurs du président. En 1966, après la chute du président Maurice Yaméogo, il sera nommé, avec d’autres personnes, cuisinier de Sangoulé Lamizana, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat militaire. M. Sawadogo servira alors, huit ans durant, Marc Garango, qui venait d’être promu au poste de ministre des Finances et du commerce. Il demeurera dans cette équipe de cuisiniers, où il reste au service des présidents Thomas Sankara et Blaise Compaoré.

Le « tô », préférence alimentaire de ceux qui nous gouvernent

A 73 ans, Georges Nabonswendé Sawadogo n’a pas oublié les préférences culinaires de ses anciens patrons. Ainsi, de Maurice Yaméogo, il retient qu’il était un grand amateur de tô (pâte de maïs ou de mil) délayé, qu’il prenait au petit déjeuner et complétait avec d’autres menus occidentaux. L’homme se rappelle aussi que le président Yaméogo aimait boire le dolo (bière traditionnelle à base de mil). Sangoulé Lamizana et Saye Zerbo affectionnaient également le tô. « Mais quand ils devaient recevoir des étrangers, nous préparions d’autres plats occidentaux », raconte Georges N. Sawadogo.

Le président Thomas Sankara, lui, faisait la différence avec son goût prononcé pour le haricot au beurre de karité. « Blaise Compaoré n’a pas une exigence culinaire particulière. Mais il aime aussi manger le tô », confie celui qui a cuisiné trois ans durant pour l’actuel chef de l’Etat burkinabè. Depuis janvier 1990, Georges N. Sawadogo jouit d’une retraite bien méritée à son domicile, au quartier Gounghin. Il partage son temps entre Kongoussi, localité située dans la province du Bam, où habite sa mère âgée d’environ 107 ans, et Ouagadougou, où vivent son épouse, ses enfants et ses petits-enfants.

Jacques Théodore Balima

Fasozine

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