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Emigrés burkinabè en Afrique de l’Ouest : parias ou incompris ?

Publié le lundi 20 septembre 2004 à 08h21min

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Pendant que les étrangers sont accueillis à bras ouverts au Burkina Faso, les Burkinabè vivent souvent des situations tragiques à l’étranger. Au moment où leur rapatriement massif, ces dernières années, perturbe les calculs de développement, se poser la question de savoir si les filles et fils du Burkina Faso sont mal aimés ou difficiles à intégrer, à l’étranger, est plus qu’opportune pour prospecter des solutions durables.

Le 8 novembre 1999, débute l’opération de rapatriement forcé des Burkinabè émigrés en Côte d’Ivoire. Environ 17000 personnes, en majorité des femmes et des enfants, retournent au Faso natal dans des conditions humiliantes, suite à un conflit foncier dans la localité de Tabou. Ce conflit avait conduit les autochtones Kroumen à bannir les allogènes Lobi originaire du Burkina Faso. Depuis, ce fut le cycle infernal d’un engrenage tragique.

En janvier 2001, suite à des élections chaotiques en Côte d’Ivoire, les Burkinabè sont la cible d’organisations politiques proches du nouveau régime.80000 personnes sur une population émigrée en Côte d’Ivoire estimée à plus de 3 millions, rentrent dans un contexte de détresse. Dès le déclenchement du conflit armé en Côte d’Ivoire, le 19 septembre 2002, la situation déjà délétère connut une explosion, contraignant les autorités burkinabè à initier l’opération Bayiri (retour en terre natale). Les autorités burkinabè estiment à 350 000, le nombre total de personnes rapatriées de Côte d’Ivoire à la faveur de cette opération.

En octobre 2000 déjà, près de 500 Burkinabè avaient été rapatriés de la Libye, dans un contexte surprenant, vu les bons rapports entre les autorités des deux pays. Quelques décennies auparavant, c’était du Ghana que des Burkinabè avaient été rapatriés etc. Les ressortissants du pays des hommes intègres seraient-ils alors asociaux ou simplement mal aimés à l’étranger ? Reconnus pour leur courage, leur sens de l’honneur et leur hospitalité, les difficultés faites aux Burkinabè à l’étranger restent une injustice que leurs concitoyens ne s’expliquent toujours pas.

La racine du mal

C’est qu’un étranger est considéré comme l’ambassadeur de sa communauté là où il se trouve. De ce fait, l’image que reflètent des Burkinabè ou le sentiment qu’ils inspirent, à l’étranger, pour diverses raisons, peuvent expliquer, en partie, la situation tragique qu’ils continuent d’attirer sur les membres innocents de leur communauté. Le succès des uns dans leurs pays hôtes et le forfait des autres dans ces mêmes pays peuvent-ils être considérés comme l’une des sources des malheurs des Burkinabè ?

Sans doute ! Mises à part les aspérités d’ordre politique qui sous-tendent certains conflits touchant les Burkinabè, à l’étranger, l’image que des Mossé donnent d’eux-mêmes dans les villages et les quartiers où ils résident laisse croire qu’un Burkinabè est un homme barbare, agressif et malhonnête. Ces " mauvais ambassadeurs " cités dans des crimes odieux, font payer à toute une communauté qui gagne honnêtement sa vie, les pots qu’ils brisent sur leurs chemins. Pour un âne qui a mangé la farine, tous ont la bouche blanchie. Sans que cela justifie toutefois les traitements inhumains qui leur ont été souvent réservés, l’implication de Burkinabè dans des actes répréhensibles est forcément une mauvaise publicité.

Aussi, l’Etat du Faso qui a une expérience éprouvée dans l’intégration des autres communautés sur son territoire peut-il prendre à bras le corps, la question de la sensibilisation de ses nationaux dans les pays hôtes. L’apport des Burkinabè de la diaspora dans l’édification de leur pays à l’économie fragile, devrait fonder une politique accrue visant à promouvoir à l’étranger, l’image des Burkinabè, un peuple brave, humble et honnête mais totalement incompris. Au cours de la dernière décennie, le Ghana a réussi à endiguer puis à rendre négligeable le nombre des " Sista "(prostituées d’origine ghanéenne) chez ses voisins. Aujourd’hui, le Ghanéen est vu comme une personne qui ne sous-estime aucun métier.

Parfait KOUASSI,
Avec la collaboration de l’Institut Panos
et de l’Union Européenne " Média pour la paix en Afrique

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