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CRISE IVOIRIENNE : Retour à la case départ ?

Publié le vendredi 3 décembre 2010 à 02h23min

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Depuis le 28 novembre 2010, date du second tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, le rythme cardiaque des Ivoiriens s’est emballé avec l’impasse actuelle sur l’annonce des résultats. Si les choses ne rentrent pas rapidement dans l’ordre, toutes les promesses d’une Côte d’Ivoire nouvelle, réconciliée avec elle-même et qui repartirait à la conquête de la place qui a toujours été la sienne au sein de l’économie sous-régionale, n’auraient été que de la poudre aux yeux. Il faut que ce pays s’épargne cette nouvelle souffrance. Aujourd’hui, tout tient à la publication des résultats provisoires.

Les partisans de Laurent Gbagbo n’en veulent pas et sont prêts à toute forme d’obstruction pour y parvenir. On a vite compris qu’ils ne lui sont pas favorables et l’obstination à faire invalider les résultats au Nord du pays, a fini par trahir la stratégie de conservation du pouvoir qui a été mise en place par le président sortant. Les résultats du Nord, fief de Alassane Dramane Ouattara, une fois invalidés par la CEI, assureraient la présidence à Gbagbo avec la certitude que le Conseil constitutionnel entérinerait le fait accompli.

Mais voilà, tout laisse croire que même si des incidents ont été relevés çà et là, il serait difficile d’en arriver à l’invalidation des résultats dans trois principales régions. A la limite, à l’annulation du scrutin dans certains bureaux de vote. Ce scénario n’arrange pas le clan Gbagbo qui a vite fait de mettre son plan B en application, à savoir bloquer le fonctionnement de la CEI, la discréditer et faire intervenir directement le Conseil constitutionnel.

Le juge électoral a été déjà saisi dans ce sens mais les partisans de Gbagbo jouent avec le feu, car pourquoi pensent-ils que ce qu’eux ne veulent pas accepter, le camp d’Alassane accepterait qu"eux même rejeteraient ? Fait unique dans le genre, les résultats de ces élections circulent déjà sur Internet., comme si quelqu’un avait peur qu’ils changent radicalement du jour au lendemain. Le pays est en train de glisser vers une situation quasi insurrectionnelle si on n’y prend garde. Malgré les appels du département d’Etat américain, de la France et de l’Union européenne et des Nations unies pour une proclamation rapide des résultats provisoires, il faut craindre qu’elle ne soit plus à l’ordre du jour. Tout est fait pour qu’il en soit ainsi.

Le Conseil constitutionnel sera le dernier recours. C’est lui qui déclarera Gbagbo vainqueur. Le reste ? Advienne que pourra. La médiation conduite par le président Compaoré au nom de ses pairs, croyait avoir fait le plus dur au lendemain du premier tour. C’était sans compter avec les vieux démons.

Dix années de palabres et de médiation pour en arriver là. C’est la preuve que les antagonismes politiques, les clivages ethniques sont très profonds et que les Ivoiriens nous ont servi pendant tout ce temps une grosse farce. Le pouvoir auquel les uns et les autres aspirent ou s’accrochent, qui devait être dévolu de façon transparente et démocratique à travers les élections, est plus que jamais devenu un facteur de division, de violence et de destruction. Prions pour la Côte d’ivoire.

Abdoulaye TAO

Le Pays

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