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Violations des droits humains en Côte d’Ivoire : L’après enquête attendu

Publié le vendredi 3 septembre 2004 à 07h29min

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On se souvient que la crise ivoirienne, au sommet des échauffourées avait conduit des milliers de femmes et d’enfants surtout à regagner la mère patrie. L’on se souvient également qu’à l’initiative des plus hautes autorités du pays " l’opération Bayiri " avait permis à près de 350 mille Burkinabé victimes de l’ivoirité de retrouver paix et quiétude au Burkina.

Aujourd’hui l’heure est au bilan et la commission onusienne qui a séjourné dans nos murs a pu se rendre certainement compte de l’ampleur des sévices en tous genres que les Burkinabé ont subies.

"Un Burkinabé subit de nos jours en Côte d’Ivoire ce qu’un Africain ne subit pas en Europe ". Cette phrase du président sénégalais Abdoulaye WADE traduisait toutes les souffrances, les humiliations, etc.. que les Burkinabé subissaient dans le pays de GBAGBO au temps fort de la crise où les escadrons de la mort et autres " jeunes patriotes " faisaient la pluie et le beau temps. Par les faits de ces " jeunes patriotes " et les escadrons de la mort instrumentalisés par de hauts dignitaires du régime, plusieurs millions de personnes ont été martyrisées, bons nombres d’entre elles sont mortes, certaines ont été contraintes de regagner leur pays d’origine.

C’est dans ce contexte dramatique que de nombreux Burkinabé ont été obligés de fuir le pays qu’ils ont bâti de leurs mains. Spoliés et baffoués jusque dans leur dignité d’homme, ces enfants prodigues attendaient de leur pays qu’il leur ouvre ses bras protecteurs et le Burkina n’a pas failli à ce devoir. Très vite, un mécanisme fut mis en place par les hautes autorités du pays pour rapatrier les ressortissants qui y étaient contraints ou qui le souhaitaient : c’est " l’opération Bayiri ".Celle-ci a permis d’exfiltrer des milliers de compatriotes qui avaient à leurs trousses les " hordes ivoiritaires ".

Le retour au pays, quoique salutaire pour ces chanceux qui ont échappé à une mort certaine, ne manquait pas d’appréhension. Que faire, vivre de quoi quand on a tant abandonné dans un pays qu’on a longtemps et loyalement servi ? " L’opération Bayiri " qui n’avait pas la prétention ni les moyens de répondre à de telles interrogations a toutefois réussi avec le concours de bonnes volontés à apporter les secours d’urgence et à aider beaucoup à réintégrer leurs familles. Elle aura ainsi permis à plus de 350 000 Burkinabé de regagner le bercail.

La solidarité des Burkinabé à l’endroit de leurs frères rapatriés a été à la mesure de leurs moyens et un mois de la solidarité institué par le ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale a permis la récolte de fonds, de matériels divers et de vivres à leur profit.

Si un grand effort a été fait pour soulager ces compatriotes rapatriés, il faut dire que leurs blessures très grandes sont loin d’être pansées et le Burkina seul ne peut le faire. C’est en cela que la Communauté internationale doit s’impliquer davantage. Ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire est un véritable crime contre l’humanité et des dispositions du droit international permettent aux victimes de voir leurs torts réparés.

Si l’Onu est longtemps restée amorphe face aux exactions et violences de toutes sortes subies par les étrangers notamment Burkinabé et Maliens en Côte d’Ivoire, ses manifestations ces derniers temps donnent espoir à des victimes qui se pensaient oubliées sinon répertoriées cyniquement dans les tablettes des pertes et profits consécutifs à des situations de guerre. Il est donc vraiment espérer que la tournée de récolte de témoignages de la commission onusienne commise à cette tache n’accouche d’une souris ou que les résultats ne moisissent dans des tiroirs. Le simple récit des calvaires vécus par les victimes est une énorme meurtrissure. Alors, ONU, on attend du concret !

Par Fréderic Ilboudo
L’Opinion

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