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GREVE DES FACTURES D’ELECTRICITE AU SENEGAL : L’expression inhabituelle d’un ras-le-bol

Publié le vendredi 30 juillet 2010 à 01h08min

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Les Sénégalais sont excédés par les coupures intempestives d’électricité. Pour le faire savoir, certains d’entre eux ont battu le pavé, le 14 juillet, et ont laissé sur le carreau un jeune homme mort des suites de ce qui s’apparente à une bavure policière. Les délestages persistant, ils sont passés au port de brassards rouges.

Aujourd’hui, c’est une attitude inhabituelle qu’ils ont adoptée : le refus de payer les factures d’électricité que leur tend la société d’électricité publique, SENELEC. Cette grève des factures d’électricité, ce "nous pas payer" est finalement la manifestation inhabituelle d’un ras-le-bol de personnes fatiguées de ne pas disposer du précieux jus pour mener à bien leurs activités et aussi être à l’aise chez eux. Dans bien des pays du continent, qui connaissent aussi leurs périodes de délestages, on n’est pas arrivé à cette situation bien que les citoyens aient vécu presque ou le même calvaire. On se contente généralement de crier son ras-le-bol dans les débits de boisson autour d’une bière ou dans les colonnes des journaux.

Au Sénégal, il en a donc été autrement. Les consommateurs ont initié des actions fortes qui ont même obligé le ministre de l’Energie à présenter ses excuses publiquement et à s’expliquer aussi à l’Assemblée nationale. Malheureusement, tout cela n’a pas changé la situation et les Sénégalais n’ont toujours pas le précieux jus comme ils l’auraient souhaité. D’où cette dernière action que l’on n’a pas l’habitude de voir, qui est une façon de mettre la pression sur la société d’électricité qui doit tout faire pour que cette situation intenable prenne fin le plus rapidement possible.

En attendant, ce qui se passe apporte de l’eau au moulin des partisans de la privatisation des sociétés stratégiques, malgré les expériences ratées, appliquées du reste sous l’injonction des institutions de Bretton Woods. Il faut dire que ces partisans ne font en réalité qu’exprimer à leur façon, leur ras-le-bol au même titre que ceux qui ont marché, porté des brassards et refusent aujourd’hui de payer les factures pour de l’électricité qu’ils n’ont pas tout le temps. Toutefois, on peut bien s’interroger sur le bien-fondé, la légitimité d’un tel acte qui, visiblement, mettra davantage la SENELEC dans des difficultés de trésorerie. On se demande bien avec quoi elle fonctionnera, réparera les générateurs endommagés, dit-on, par du fuel de mauvaise qualité. Certains pays africains surprennent par leurs délestages électriques incessants alors qu’ils sont loin de manquer d’eau. Comme quoi, il ne suffit pas d’avoir de l’eau en abondance pour disposer de l’électricité en permanence. Reste que, parfois, dans les sociétés d’électricité, la mauvaise gouvernance est passée par là, avec pour conséquence leur fragilisation certaine.

Séni DABO

Le Pays

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