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Jonathan Pitroipa : “La CAN m’a coûté ma place à Hambourg“

Publié le lundi 12 juillet 2010 à 00h38min

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En vacances au pays, l’international burkinabè du club allemand de Hambourg, Jonathan Pitroipa a bien voulu nous accorder une interview. Dans l’entretien qui suit, il parle sans concession de sa saison avec son club, des Etalons et du fiasco de l’équipe nationale burkinabè à la CAN.

Votre saison cette année en Europe a-t-elle répondu à vos attentes ?

J’ai eu des difficultés à m’imposer en début de saison mais par la suite, l’entraîneur a vu mes qualités et ce que je pouvais apporter à l’équipe et il m’a fait participer à beaucoup de matchs surtout en Europa League.

On a même joué la demi-finale de cette compétition mais malheureusement on n’a pas gagné. Je ne suis pas très satisfait car j’aurais aimé faire plus de matchs. Mais la saison s’est très bien terminée et je regarde maintenant vers le futur.

Comment expliquez-vous votre méforme de début de saison ?

Ce n’était pas une méforme, c’était plutôt le choix de l’entraîneur. Il ne me voyait pas débuter les matchs. Comme vous vous en doutez c’est à lui de voir comment utiliser les joueurs. Mais au fur et à mesure que la saison se déroulait, il a pu s’apercevoir de mes qualités et il a su comment m’utiliser.

Votre participation à la CAN a-t-elle contribué à valoriser davantage votre image auprès du coach ?

Non, la CAN n’a pas contribué à élever ma cote dans mon équipe. Avant cette compétition africaine, il m’arrivait fréquemment d’être titulaire. Mais quand je suis revenu de la CAN, j’ai fait au moins un mois où je n’étais même plus remplaçant a fortiori jouer des bouts de matchs.

Ma participation à la Coupe d’Afrique m’a même coûté ma place à Hambourg. Il a fallu que je me batte pour m’imposer en montrant plus mes qualités à l’entraînement.

L’annonce de l’arrivée de Van Nistelrooy n’assombrit-elle pas votre avenir dans ce club ?

Pourquoi mon avenir sera-t-il sombre. Pourquoi devrais-je commencer à avoir la trouille ? Quand tu joues dans un grand club comme Hambourg, tu devrais savoir que la concurrence sera rude. Mais il y a aussi les choix de l’entraîneur.

Mais pour ce qui concerne Van Nistelrooy, on n’a pas les mêmes qualités. Lui c’est un buteur, il marque beaucoup, c’est un très grand attaquant alors que moi je suis milieu de terrain. Ma seule préoccupation, c’était de m’entraîner à fond pour satisfaire l’entraîneur afin qu’il m’utilise.

Qu’est-ce qui a justifié ce parcours en demi-teinte de Hambourg dans le championnat ?

On a toujours bien commencé le championnat et vers la fin on relâche. C’est à l’entraîneur de savoir gérer l’équipe pour lui donner du reflux vers la fin de l’exercice comme les autres formations. On a constaté que cela fait la deuxième saison qu’on arrive en demi- finale d’une coupe d’Europe et on perd.

Et même qu’après, c’est la dégringolade en championnat. Maintenant, il y a un nouveau coach qui arrive et comme on n’est pas qualifié pour l’Europa League cette saison, cela pourrait nous avantager au niveau du championnat.

Vous n’êtes pas sans ignorer que la coupe d’Europe use les organismes et cela se ressent en fin de championnat. Certes, on aurait aimé jouer l’Europa League mais on prend cette non qualification comme un mal pour un bien.

Le fait que votre terrain ait été retenu pour abriter la finale de l’Europa League 2010 ne vous a-t-il pas mis une pression supplémentaire qui vous a amené à rater votre saison ?

Oui, je crois qu’on pourrait le dire ainsi. On aurait bien voulu jouer cette finale sur notre terrain. Avant même d’aller en Angleterre pour le match retour des demis contre Fulham, on sentait déjà qu’il y avait la pression car on était à un pas de la finale chez nous.

Tout le monde s’attendait à nous voir sur notre terrain pour disputer cette finale, on s’est battu pour mettre la chance de notre côté mais malheureusement on a perdu 2-1 après le nul concédé sur notre pelouse et on était éliminé. On était tous déçu mais c’est le football.

Pitroipa se plait-il à Hambourg ?

Oui, j’aime bien déjà la ville de Hambourg et le club ; c’est également une grande équipe et ça me plait bien. Mais maintenant, je suis un footballeur et j’ai très envie de participer à beaucoup de matchs et si je ne joue pas, je ne peux pas m’épanouir.

Sinon, Hambourg est un grand club et si je joue à tout moment, rien ne pourrait me tenter d’aller voir ailleurs. Ça fait deux saisons que je ne suis pas titulaire indiscutable alors que j’ai envie de jouer plus de matchs pour montrer mes qualités et me faire connaître. S’il arrivait qu’il y ait des offres intéressantes qui m’arrangent et qui me feront participer à beaucoup de matchs, on analysera.

On a beaucoup parlé de Lyon en cette fin de saison, pouvez-vous nous confirmer s’il y a eu un contact entre vous et les dirigeants lyonnais ?

Je ne peux pas le confirmer. Je sais seulement qu’il y a des clubs qui se sont renseignés sur moi. Les gens se sont juste focalisés sur Lyon alors que ce n’était pas Lyon seul. Mais une chose est sûre, les rumeurs, je les entends aussi comme vous.

Je reprends mes entraînements à Hambourg et on verra ce qui se passera d’ici à la fin du mercato. S’il y a des offres intéressantes on pourra toujours les étudier mais tout dépendra aussi de Hambourg vu qu’on a un nouveau coach. Si mon profil l’intéresse et qu’il veut m’utiliser, ce sera autre chose.

Le championnat de France vous tente-t-il ?

J’aimerais bien jouer dans d’autres championnats pour voir. Je sais que le championnat de France est beaucoup médiatisé mais par rapport au championnat allemand, je préfère la Bundesliga parce qu’il y a plus de motivation, les supporters viennent massivement au stade et l’ambiance est très électrique.

Quel est votre club de cœur au Burkina ?

J’aimais bien le Santos car c’est une équipe qui jouait bien au foot mais présentement il est en difficulté. J’avais aussi un penchant pour l’ASFA-Y car tout petit, mon papa était supporter de l’EFO et moi, des “Jaune et vert“. Quand on allait au stade ensemble, c’était difficile pour moi d’exprimer mes sentiments. Même pour aller au stade avec mon papa, il fallait que je trouve des astuces ou que je dise que je vais supporter l’EFO pour qu’il m’emmène.

Avec le recul comment jugez-vous votre participation à la CAN ?

Nous avons bien entamé la compétiion avec un match nul. Par la suite il y a eu trop de calculs et je pense que cela a un peu joué sur notre deuxième rencontre.

Nous aurions dû l’aborder en nous disant qu’il nous fallait impérativement une victoire pour nous qualifier. Il y a lieu de reconnaitre aussi que nous avons eu à faire à une très bonne équipe du Ghana .Mais, dans l’ensemble, je pense que nous n’avons pas été médiocres sur toute la ligne.

Maintenant que la CAN est du passé, il faut voir celle à venir et travailler pour la qualification.Nous sommes un groupe jeune et plein de qualités. Souhaitons que chacun se batte pour une place de titulaire dans son club.

Pourtant avant d’aller à cette CAN, vous aviez promis au chef de l’Etat de dépasser le premier tour. Ce qui n’a pas été le cas. Aujourd’hui , que pouvez-vous dire ?

Seulement demander pardon au peuple burkinabè et lui demander de continuer de nous soutenir pour des victoires futures. Au chef de l’Etat, nous lui promettons une qualification à la CAN prohaine. . Mauritanie, Namibie, Gambie sont vos adversaires des éliminatoires de la CAN 2012. Pensez-vous que l’obstacle est surmontable ?

Bien sûr. Même s’il est vrai qu’il n’y a plus de petites équipes, je pense que nous pouvons rééditer le même exploit que lors des éliminatoires de la CAN 2010. Cela peut être difficile, mais avec une bonne préparation, nous y arriverons.

Le Burkina Faso est catalogué dans cette poule comme étant le favori. Cela ne vous met-il pas une certaine pression ?

Pas du tout. Au contraire cela doit nous apporter plus de confiance. Seulement, il ne faudra sous-estimer aucun de nos adversaires.

Les joueurs qui avaient opté pour des looks spéciaux avec des coupes de cheveux qui sortent de l’ordinaire, reviennent petit à petit à celui naturel. Peut - on s’attendre un jour à voir Jonathan Pitroipa revenir à cela ?

Pourquoi pas ? J’essaie pour le momment de faire ce qui me semble bien et qui met à l’aise. Mes dreads étaient plus longs que cela et j’ai dû entre temps les couper. Ce qui veut dire qu’un jour je pourrai revenir à une coupe simple.

Les dreads looks symbolisent quoi pour vous ?

Depuis que je suis arrivé en Europe, j’ai opté pour ce look parce que je ne voulais pas à chaque fois etre chez le coiffeur. Et avec le temps, ce look permettait de m’identifier facilement. C’est ce qui explique cela. Avant votre départ pour l’Angola, Aristide Bancé avait tenu des propos durs sur le groupe. Cela n’a-t - il pas perturbé votre préparation ?

Pas du tout. Le problème d’Aristide était avec l’entraineur. Nous nous sommes parlé au sein du groupe en nous disant que ce sont des choses qui peuvent arriver et qu’il fallait rester concentré sur la CAN, en espérant que tout cela se règlera après la compétition.

En tant que joueur, pouvez-vous militer pour que ce dernier retrouve les Etalons ?

Aristide est un très bon joueur. Il l’a démontré dans le championnat allemand avec 11 buts. Il est très courtisé par de grands clubs et je pense que c’est un bon attaquant qui peut bien servir les Etalons.

L’entraineur national Paulo Duarte vient de voir son contrat renouvelé. Cela vous motive-t - il à aller dans le même sens que lui ?

C’est bien que son contrat soit renouvelé. De notre côté nous espérons qu’il va encore très bien travailler avec le groupe, surtout qu’il le connait bien. Il connait nos qualités et il sait comment chacun se comporte. Nous espérons faire de très bonnes choses avec lui.

Un dirigeant de l’Olympique de Marseille, notamment José Anigo déclarait que vous étiez dans leur collimateur et qu’en temps opportun, ils feront tout pour vous avoir dans l’équipe championne de France. Cela vous tente-t-il ?

Je l’ai lu dans les journaux comme tout le monde. L’Olympique de Marseille est un club mytique et aucun joueur ne refusera d’y aller. Les déclarations de José Anigo m’ont touché et on verra bien s’ils sont vraiment intéréssés. Pour le moment je me concentre avec Hambourg et on verra.

On susurre dans certains milieux du retrait de certains cadres des Etalons tels Mahamoudou Kéré, Moumouni Dagano et autres. Pensez-vous que c’est le moment pour ces éléments de se retirer ?

Cela dépend de leur forme. S’ils sont toujours capables d’apporter quelque chose à l’équipe, pourquoi se retirer. Dans une équipe, on a toujours besoin des gens expérimentés.Nous constituons un groupe, et nous avons besoin de tout le monde.

Interview réalisée par Béranger ILBOUDO et Yves OUEDRAOGO

Sidwaya

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