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Recensement électoral : Les raisons profondes d’une désaffection

Publié le lundi 22 mars 2010 à 02h46min

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Le gouvernement a finalement décidé d’une prorogation du recensement électoral qui s’étendra du 6 au 15 avril 2010. Depuis hier, c’était fini pour la première phase. Certainement que la Commission électorale nationale indépendante n’a, pour le moment, pas fait le bilan exhaustif de la première tranche mais le résultat ne doit pas être très fameux.

A dix jours de la clôture, moins de 10% du public cible avait daigné effectuer le déplacement, comparativement à une opération du même genre effectuée en 2006. « Situation préoccupante », avait confessé le président de la CENI, Moussa Michel Tapsoba. Ses appréhensions se justifiaient dans la mesure où il suffisait de faire un petit calcul pour se rendre compte de l’ampleur des dégâts. En 2007, 4 millions de Burkinabè se sont fait recenser. Si pour cette première phase 20% avaient daigné le faire, seraient allés aux votes 800 000 électeurs. Pour une population de 14 millions d’habitants avec environ 8 millions en âge de voter, ce nombre d’inscrits est des plus catastrophiques.

On comprenait alors l’appel à la prolongation de la part des partis politiques, notamment l’ADF-RDA à travers une conférence de presse organisée le 11 mars 2010 à Ouahigouya. Selon la CENI, plusieurs raisons expliqueraient cette absence d’engouement chez les populations.

La non- possession de la nouvelle carte nationale d’identité en serait le principal facteur. Certaines personnes rencontrées ont par contre avancé les frustrations suite aux promesses électorales non tenues et à l’imposition de la Taxe de développement communal (TDC). Enfin, une accusation de taille est faite à l’Etat et à la structure chargée d’organiser les scrutins au Burkina, qui auraient semé la confusion dans l’esprit de nombre de potentiels votants.

Pendant que l’un parlait de recensement électoral, l’autre annonçait qu’il s’agissait d’une révision de listes. Si bien que beaucoup de ceux qui se sont inscrits en 2006 ont pensé qu’il était inutile de s’inscrire à nouveau puisqu’ils l’avaient déjà fait en 2007. Du reste, Moussa Michel Tapsoba, lors d’une interview accordée à notre confrère Sidwaya, a reconnu la gaffe : « Nous avons constaté qu’en matière de communication, nous avons failli à ce niveau », a-t-il regretté.

Certes, le gouvernement a été bien inspiré de décider de la prolongation. La stratégie va-t-elle cependant permettre de remplir le grenier ? Ce n’est pas évident puisque pour bien des Burkinabè, la raison profonde de la désaffectation est autre.

La présidentielle, aux yeux de beaucoup, est déjà une affaire pliée et on imagine aisément qui en sortira vainqueur, sauf tremblement de terre. « Même si vous ne nous votez pas, les caïlcédrats vont nous voter », aurait, selon un internaute dans notre site, fanfaronné un membre influent du parti au pouvoir.

Alors, s’il n’y a pas de changement prévisible à l’horizon, pourquoi se donner une tâche supplémentaire ? « Qu’ils nous fassent l’économie de ces présidentielles ! », écrivions-nous d’ailleurs dans un de nos éditoriaux et où nous préconisions de réinjecter les sommes y afférentes dans des secteurs sociaux comme la construction de forages, de dispensaires ou de centres d’alphabétisation.

Malgré tout, pour cette fois-ci, la décision de ne pas se faire recenser pourrait être lourde de conséquences. L’impossibilité d’exercer son devoir civique aux municipales qui sont l’expression du scrutin de proximité par excellence. En effet, le Code électoral prévoit que lorsque deux élections ne sont pas éloignées de plus de six mois, on ne fait pas de révision exceptionnelle des listes. Alors, que faire ? Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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