Rood Woko : commerçants fatigués d’attendre clients
Les commerçants du marché central de Ouagadougou, Rood Woko ne savent plus à quel saint se vouer. Ils déplorent le manque de clients et sont nostalgiques de l’engouement que ce marché connaissait avant l’incendie qui a ravagé une de ces zones, le 27 mai 2003. Fasozine.com a rendu visite à ces commerçants ce mercredi 17 février 2010, soit presqu’un an après sa réouverture, le 16 avril 2009. L’ambiance était loin d’être aux bonnes affaires, à Rood Woko, où règne presqu’un calme de cimetière.
Noufou Dakissaga
Jusqu’à présent, les gens n’ont pas encore pris l’habitude de revenir au marché central. Il n’y a plus l’engouement qu’il y avait avant que le marché ne brûle. Quand il a été reconstruit, les gens avaient déjà pris l’habitude de fréquenter d’autres marchés. Pour qu’ils reviennent vers nous à Rood Woko, cela peut prendre du temps. Mais en bon commerçant, on ne désespère jamais, on garde toujours l’espoir. Nous essayons de faire avec, en attendant que les clients nous reviennent.
Alassane Goumbaogo
Rien ne marche ! C’est ce que vous constatez. Pour moi personnellement, le marché n’est plus lucratif comme avant.
Léocadie Sonmougma
Moi je viens de faire mon entrée dans le marché, mais ceux qui étaient là avant moi disent que le commerce va au ralenti depuis que le marché a été rouvert. Les gens se sont habitués aux petits marchés qu’ils fréquentaient pendant qu’on reconstruisait Rood Woko. Et vu les règles (les commerçants se plaignent notamment de la zone piétonne instaurée autour du marché, et de la chassa aux vendeurs ambulants, ndlr) que la mairie a adoptées, les clients ont même peur de rentrer dans le marché. C’est ce qui fait que ça ne va pas. Vous-même vous constatez qu’aucun client ne s’est présenté devant moi depuis votre arrivée. Au moment des fêtes, nous avons pu récupérer un peu, mais après cela, on est retombé dans la rareté des clients.
Adja Karidja Coulibaly
Depuis que le marché a été brûlé pour être rouvert après sa reconstruction, rien ne marche. La population ne rentre plus dans le marché parce qu’on a chassé les petits vendeurs ambulants qui étaient à l’intérieur. Le problème se pose aussi au niveau de la voie piétonne qui a été interdite aux automobilistes. Si cette voie était ouverte à tous, le marché allait retrouver son engouement d’antan. Prenez l’exemple des personnes qui ne sont pas en bonne santé. Si elles doivent garer leurs voitures très loin et marcher pour regagner le marché, c’est un problème pour elles. Pourtant les commerçants sont endettés et ils n’arrivent même plus à payer les espaces qu’ils occupent. Comment feront-ils pour s’acquitter de ces dettes, si la clientèle se fait attendre ? Moi je suis dans ce marché il y a environ 50 ans et on n’avait jamais vu situation pareille. Je suis contente de sa reconstruction, mais si je dois être franche, nous avons du mal à vendre nos marchandises.
Kpénahie Traoré
Fasozine