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COTE D’IVOIRE : Eviter de faire de Blaise Compaoré un facilitateur à vie

Publié le vendredi 22 janvier 2010 à 00h47min

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Ceci est un coup de gueule contre l’attitude de certains politiciens ivoiriennes qui ne sont pas pressés de voir leur pays sortir de la crise socio-politique.

La Côte d’Ivoire depuis 1990 connaît une crise sociopolitique qui a atteint son paroxysme le 19 septembre 2002 avec l’avènement d’une rébellion armée. Sous l’égide de la communauté internationale, une vague successive de médiations est aussitôt engagée entre les parties en crise pour un retour de la paix. Ces différents pourparlers vont donner naissance aux accords d’Accra, de Lomé, et de Linas Marcoussis. S’estimant défavorisés par ces dits accords, le président Laurent Gbagbo et ses sympathisants s’opposent à l’application pratique de ses compromis. Cette situation va instaurer un climat de mi-guerre mi- paix dans ce pays.

En 2007, un dialogue direct est engagé entre les belligérants, et le président Blaise Compaoré en devient le facilitateur sur proposition du président Laurent Gbagbo. Après moult tractations, la Côte d’Ivoire renoue avec la paix à la faveur de l’accord politique de Ouagadougou et un processus est engagé pour l’organisation d’une élection présidentielle crédible. Deux (02) ans après, cette élection présidentielle ouverte à tous les fils de la Côte d’Ivoire et dont l’organisation doit sceller le retour d’une paix définitive piétine. Animés d’ambitions pas très souvent républicaines, les ex-belligérants vont s’investir dans un ballet de reports de ce scrutin. Dans le mois de décembre 2009, une réunion du CPC (Cadre permanent de concertation), tribune qui réunit les trois (03) grands partis politiques de la Côte d’Ivoire et les Forces nouvelles annonce la tenue de l’élection présidentielle courant fin février début mars 2010.

Pendant que toutes les structures engagées pour l’organisation de ce scrutin selon l’esprit de l’accord de Ouagadougou s’y attèlent, les vieux démons refont surface au bord de la lagune Ebrié. Le président Gbagbo et sa cohorte accusent le président de la CEI (Commission électorale indépendante) d’avoir frauduleusement inscrit unilatéralement 429000 personnes sur la liste électorale. Comme sentence, les faucons du camp Gbagbo exigent la comparution de Beugré Mambé devant la justice ivoirienne et sa démission de son poste à la CEI ; toute chose qui peut entièrement remettre en cause le travail abattu par cette structure. C’est donc une vérité de La Palice que d’affirmer que ce nouveau calendrier établi sera affecté par cette énième guéguerre.

Le grand gagnant de ces reports demeure le président Laurent Gbagbo étant donné qu’il est toujours maintenu à sa position de chef de l’Etat. Cette nouvelle sortie du camp présidentiel vient à nouveau gripper le processus de sortie totale de crise et porte ainsi un coup au travail gigantesque d’accompagnement effectué par le facilitateur Blaise Compaore. Nous revoilà presque à la case de départ. A notre sens, le président du Faso ne peut pas continuer à s’investir davantage au solutionnement de cette crise si les premiers concernés s’en préoccupent peu. Même si nous reconnaissons que la paix est une quête permanente, nous refusons qu’un groupe de politiciens bradent l’intérêt supérieur du peuple ivoirien souverain en s’adonnant à des calculs mesquins.

La paix ne viendra pas de la bonne foi du facilitateur à accompagner le processus mais de la volonté affichée des Ivoiriens à trouver des compromis et surtout à respecter ces accords communément établis. Les politiques ivoiriens ne sont nullement des bambins à qui il faut à tout moment appliquer la diplomatie du bâton pour un retour à la raison. Nous restons persuadé qu’à ce rythme, le président Blaise Compaoré est bien parti pour demeurer facilitateur à vie de cette crise. Avec de tels comportements aux antipodes du patriotisme, même Alfred Nobel, chantre éternel de la paix, y perdrait patience. Le président du Faso peut être sûr que si cette situation perdure c’est sa propre crédibilité qui sera mise en cause par ces acteurs. Nous restons convaincus que malgré sa bonne volonté et son engagement à aider les Ivoiriens à retrouver la paix, le président Blaise Compaoré ne saurait être un magicien pour apporter la panacée à cette mauvaise foi des politiques de ce pays. Le destin de la Côte d’Ivoire appartient donc à ses propres fils. Il leur revient de se surpasser pour apporter juste un peu de lumière à cette population ivoirienne qui a tant souffert de cette crise.

Ousmane SO

Le Pays

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