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Lutte contre la désertification : Sauver le moringa (arzan-tiiga) à tout prix

Publié le mercredi 7 octobre 2009 à 02h57min

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Le Réseau international d’arbres tropicaux (RIAT) s’est réuni à Ouagadougou, le 3 octobre 2009. L’objectif est de sensibiliser la population à planter des arbres utilitaires pour stopper l’avancée du désert.

L’avancée du désert est aujourd’hui une réalité et menace la survie de plus de trois cents espèces d’arbres dans le monde. Conscient que l’existence de l’espèce humaine dépend de la préservation de la nature, le Réseau international d’arbres tropicaux (RIAT) a décidé de combattre le phénomène en menant des campagnes de sensibilisation auprès des populations.

Les responsables de l’association ont décidé de mettre l’accent sur une espèce d’arbre nommée Oleifera ou "Arzan-tiiga) en langue mooré lors de la première étape de la tournée.
Cette campagne qui débute au Burkina Faso concerne trois autres pays de la sous-région : Niger, Togo, Bénin. "C’est pour élargir les centres d’activité sur le terrain pour la préservation de la plante que la rencontre de Ouagadougou se tient. Nous irons sur le terrain pour voir comment les actions que nous avons menées sur le terrain se portent. Ensuite, nous ferons une synthèse pour définir les grandes lignes, afin d’inciter la production en masse de cette plante", a indiqué Mesmin Sovi, technicien supérieur de laboratoire végétal. Selon les protecteurs du "Arzan-tiiga", la plante possède de multiples vertus. Découverte il y a des milliers d’années, cette plante tropicale lutte contre beaucoup de maladies : "Le moringa existe partout dans le monde.

Il est d’origine indienne et il a été découvert il y a plus de deux mille cinq cents ans, (avant-Jésus Christ). Il est utilisé dans la préservation des grossesses en difficulté, la malnutrition des enfants et enrichit l’alimentation. Il y a plus de trois cents espèces d’arbres que nous voulons protéger", a poursuivi M. Sovi. Et il précise que pour bénéficier des avantages nutritif du moringa, il faut le consommer régulièrement. On peut à ce propos, mettre quelques pincées de poudre de moringa dans la bouillie des enfants.
La vulgarisation de la plante étant la clef de voûte du RIAT, les membres du réseau espèrent qu’à l’issue de leur tournée dans la sous-région, beaucoup de personnes ayant pris conscience de l’importance du moringa, travailleront à développer la culture de cette plante, à travers la constitution de jardin ou par tout autre moyen.

Steven Ozias KIEMTORE


Un arbre à usage multiple

La tradition indienne de l’ayurveda indiquait que les feuilles du moringa guérissaient plus de 300 maladies.
En Inde, le moringa est une plante vivrière cultivée pour ses fruits, qui sont mangés cuits et exportés frais ou en conserve. Au Sahel, les feuilles du moringa oleifera sont consommées comme légumes et celles du Moringa stenopetala constituent le repas de base du peuple Konso en Ethiopie. Des analyses nutritionnelles ont montré que les feuilles de Moringa oleifera sont plus riches en vitamines, minéraux et protéines que la plupart des légumes. Elles peuvent constituer un aliment complet puisqu’elles contiennent deux fois plus de protéines et de calcium que le lait, autant de potassium que la banane, autant de vitamine A que la carotte, autant de fer que la viande de bœuf ou les lentilles et deux fois plus de vitamine C qu’une orange. Beaucoup de programmes utilisent les feuilles de Moringa oleifera contre la malnutrition et ses maladies associées (cécité, etc.).

Les graines du moringa contiennent un polyélectroyte cationique qui a montré son efficacité dans le traitement des eaux (élimination de la turbidité), en remplacement du sulfate d’alumine ou d’autres floculants. L’avantage de l’utilisation de ces graines est double :

 substitution de flocutants importés par un produit local facilement accessible permet une économie importante de devises pour les pays du Sud,
 ce floculant, contrairement au sulfate d’alumine, est totalement biodégradable.

On peut également extraire de ses graines, une huile alimentaire intéressante, notamment en Afrique où beaucoup de pays manquent d’huiles alimentaires et une matière première intéressante pour l’industrie cosmétique (savon, parfum). Une utilisation mixte du moringa, pour la production d’huile et d’agent floculant, est possible car le tourteau issu de l’extraction d’huile conserve ses capacités floculantes.

Ses racines servent à produire un aliment.

D’autres applications potentielles du moringa, comme son utilisation dans l’alimentation animale, comme hormone de croissance végétale, comme engrais vert, en phytopharmacie ou comme pâte à papier font l’objet de recherches nombreuses.

Culture

Le moringa peut se trouver dans des zones très arides comme le Sahara, mais il aime également les climats semi-tropicaux humides. Sa racine tubéreuse lui permet de se passer d’eau pendant plusieurs mois. Son nom sénégalais "Nébédaye" et son nom français de "Néverdier" viendraient de l’anglais "Never die" : lorsqu’on le coupe ou que des jeunes pousses sont brûlés par le soleil, il repousse aussitôt avec les premières pluies. Il peut se planter par semis, en repiquage ou en plein champ, ou par bouture. On peut le cultiver de façon extensive pour une production de graines (semences ou production d’huile) avec une récolte intensive irriguée pour une production optimale de feuilles (très nutritives) avec une récolte toutes les six semaines ! C’est un arbre à croissance très rapide, jusqu’à 1 mètre par mois ! Facile à planter, l’"Ananambo", très répandu dans cinq des six provinces de Madagascar (Fianarantsoa, Tuléar, Mahjunga, Diego-Suarez et Tamatave) se plante par bouture. Son reboisement en masse contribue à la préservation de l’environnement et cet arbre se relève un pare-feu efficace.

Production

Plusieurs organismes ont isolé la protéine active du floculant du moringa pour faciliter son utilisation dans les usines de traitement des eaux, aussi pour l’aquaculture d’algues, les usines de pâte à papier, les caves viticoles ou le secteur minier. La production et l’utilisation du moringa dans des conditions économiques est en train d’être mise au point.

Sidwaya

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