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EXPULSES MALIENS DE LIBYE : La faute à nos politiques de développement

Publié le vendredi 2 octobre 2009 à 03h33min

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Une fois de plus, la Libye vient d’expulser une foule d’immigrés africains, majoritairement constituée de Maliens. Pourtant, ce pays, à travers le colonel Khadafi, est le chantre de l’union et de l’intégration africaines. Comment comprendre alors cette attitude du Guide libyen ? Le pays de Mouammar Khadafi, Roi des rois d’Afrique, est considéré par de nombreux immigrants comme étant un eldorado. La Libye, en effet, n’a rien à envier à de nombreux pays occidentaux.

Les pétrodollars qui y circulent à profusion tout comme coule à flot le liquide qui les génère, attirent forcément les jeunes Africains qui partent dans cet autre pays africain ’’frère’’, pensent-ils, chercher de meilleures conditions de vie et peut-être, comme disent certains, revenir un jour s’installer au bercail.

Si certains aventuriers prennent les dispositions qu’il faut en réunissant les papiers nécessaires, il n’en est pas de même pour la grande majorité. Faut-il donc s’étonner que certains soient expulsés dès lors que les lois et règlements du pays d’accueil ne sont pas respectés ? Il n’est pas superflu de se demander en effet si les rapatriés étaient en adéquation avec les dispositions du pays d’accueil. Le plus souvent, ce sont leurs explications seules que l’on entend.

La Libye de Khadafi a signé des accords avec les Européens et notamment avec les Italiens dans le domaine de la lutte contre l’immigration. Elle est devenue de ce fait un poste avancé européen sur le continent africain dans la lutte contre l’immigration clandestine.

On peut cependant reprocher au Roi des rois d’Afrique d’accepter de jouer le vilain rôle et d’être le dindon de la farce. Son pays ne connaît pas les problèmes que vivent les jeunes de l’Afrique subsaharienne. La jeunesse libyenne, en effet, ne vit pas avec la peur du lendemain et ne joue pas à la roulette russe à travers des aventures meurtrières par mer et par désert. Néanmoins, on ne peut nullement accepter ces exactions venant de Khadafi, lui qui défend l’unité africaine hic et nunc. Le silence coupable des chefs d’Etat des pays d’où sont originaires les expulsés, est tout aussi intolérable. Ils ne pourraient le nier catégoriquement, ’’leur main est dans la bouche de Khadafi’’, pour paraphraser un adage local. Certains ont reçu du Guide des financements occultes. Ils entretiennent avec Khadafi des relations presque incestueuses qui ne peuvent être révélées au grand chose. Autrement, le Bédouin mordrait à pleines dents dans leur main. Face à cet état de fait, les dirigeants se retrouvent dans une situation inconfortable, gênante, qui ne leur permet pas d’élever la voix pour dénoncer haut et fort ces cas de traitements inhumains et dégradants qui violent et foulent aux pieds les Traités fondamentaux de la Charte africaine que la Libye a pourtant signée. La Libye, en Afrique, est l’un des principaux investisseurs, notamment dans le domaine de l’hôtellerie et du tourisme, participant ainsi fortement à l’économie de nombreux Etats.

C’est notamment le cas du Mali. Le pays de ATT peut-il dans ces conditions protester ouvertement contre la Libye pour l’expulsion de ses ressortissants ? Que nenni. Les dirigeants préfèrent alors observer un mutisme coupable, sacrifiant ainsi quelques centaines de jeunes sur l’autel des intérêts économiques et politiques des Etats. On reste malgré tout sidéré face à cette absence de réaction des autorités. Face à la France cependant, le Mali est bien plus virulent. Le fait que les jeunes fuient ainsi leur pays devrait être interprété par les dirigeants comme étant la preuve de l’échec de leurs politiques de développement pour les jeunes. La faute n’est donc pas seulement imputable à Khadafi qui traduit en actes concrets cette pensée selon laquelle ’’lorsqu’on retrouve un égaré, on le reconduit chez lui’’. Il est temps que les pays africains d’où partent les migrants mettent tout en oeuvre pour stopper ces hémorragies. Finalement, avec tous ces cas de rapatriement perpétrés sans aucun respect de leur dignité, les jeunes devraient se résoudre à frayer leur chemin sur place. Ils sont nombreux qui y parviennent car, malgré tout, ils peuvent encore trouver des espaces où s’engouffrer, pour peu qu’ils acceptent de développer des initiatives.

Par Boureima OUEDRAOGO SONRE

Le Pays

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