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Barack Obama au Ghana : Une visite aux multiples symboles

Publié le mercredi 8 juillet 2009 à 04h31min

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Du 10 au 11 juillet 2009, le président noir des Etats-Unis, Barack Obama, dont le père est un Africain originaire du Kenya, se rendra, avec son épouse, Michelle, au Ghana voisin. Même si le programme de ce séjour n’est pas encore connu dans ses moindres détails, le déplacement en lui-même est déjà un événement à plus d’un titre : B. Obama est le chef de l’Etat du pays le plus puissant de notre planète ; il est le premier Noir à occuper ce poste ; il effectue cette visite dans les premiers six mois après son investiture ; il n’hésitera certainement pas à bousculer certaines idées reçues concernant l’Afrique et inviter les Africains à imiter les Ghanéens.

Avant d’évoquer la visite du président américain au Ghana, il nous semble opportun de parler de son élection, qui est loin d’être un thème dépassé, tant, depuis la nuit des temps, cela n’était pas arrivé.

A l’échelle des Africains vivant aux Etats-Unis, c’est peut-être l’occasion d’être à l’aise avec les Africains-Américains et inversement, car nombre de ces derniers avaient jusque-là une vision négative des Africains pour deux raisons : la première, c’est que s’ils sont aux Etats-Unis et connaissent le sort qui est le leur, c’est la faute de leurs cousins africains. Ainsi, pour eux, ce sont les ancêtres des Africains d’aujourd’hui qui ont vendu leurs ancêtres aux esclavagistes européens.

Pour eux, pareil comportement est un péché originel pour lequel même la descendance des Africains d’hier doit payer. La seconde, c’est que pour beaucoup d’Africains- Américains, Africain rime avec ignorance, boulot sale (assimilé à tort à sale boulot) et couardise. Si bien qu’ils sont peu nombreux à vouloir tisser des relations avec les Africains vivant aux Etats-Unis.

Or, voilà que quelqu’un dont le père est Africain et qui revendique son appartenance à l’Afrique, même si son père ne l’a pas aidé à connaître l’Afrique pendant son enfance réussit à se faire élire président des Etats-Unis. Du coup, un descendant de ceux que certains Africains- Américains accusent d’avoir vendu leurs ancêtres arrive et, comme pour réparer la faute dont on accuse les Africains des 16e, 17e, 18e et 19e siècles, se hisse à la tête de la première superpuissance mondiale et réussit là ou un Africain-Américain comme le révérend Jessie Jackson a échoué à cause d’une opinion publique et d’une classe politique suffisamment anti-Black à l’époque.

C’est comme si l’histoire disait ceci : c’est vous qui avez vendu vos frères et qui les avez donc mis dans cette galère, c’est par un des vôtres qu’ils relèveront la tête à travers son élection à la magistrature suprême de ce pays.

Quant au boulot sale, à l’ignorance, et à la couardise, un Africain comme B. Obama prouve que si tout cela n’est pas forcément faux, ce sont des clichés qui sont suffisamment loin des réalités d’un Africain qui décide d’aller à l’aventure. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il faut du courage et un certain savoir et savoir-faire pour entreprendre d’aller travailler dans un pays comme les Etats-Unis. Là aussi, le président aide les Africains- Américains à regarder autrement les Africains. Ces deux exemples sont des symboles suffisamment éloquents.
Bonne gouvernance certes, mais le Ghana mythique à l’honneur

On a coutume de dire que c’est la relative bonne gouvernance et les alternances démocratiques réussies du pays de Kwamé N’Krumah qui attirent les présidents américains. Souvenez-vous qu’avant B. Obama, Bill Clinton et George Bush s’y étaient rendus. Si on ne peut d’emblée exclure ces deux éléments, il est réducteur de tout ramener à ces deux points.

Souvenez-vous, comme on l’a appris à l’école primaire, que c’est le pays d’un certain N. Krumah qui a étudié en partie aux Etats-Unis, que le nom du pays fait référence à un vieil empire africain qui s’étendait du Sahara au fleuve Niger et du Sénégal à Tombouctou avec pour capitale Ghana. Les deux royaumes qui le composaient étaient Aoudaghost et Tekrum. Ça aussi, nombre d’Américains et surtout B. Obama le savent.

Enfin, faut-il le rappeler aussi, beaucoup d’Africains- Américains influents dont la vedette de télévision Oprah Winfrey savent, à partir de leurs recherches généalogiques, que leurs ancêtres sont originaires du Ghana actuel.

Cette dernière a été l’un des premiers soutiens de poids de B. Obama pendant les primaires démocrates alors que peu de personnes croyaient en ses chances. Cependant, il faut reconnaître que même si ce n’était que la relative bonne gouvernance du pays et les alternances démocratique qui motivent les présidents américains à visiter le Ghana, c’est tout de même une rétribution qui mérite de faire tache d’huile.

ZK.

L’Observateur Paalga

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