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HABIB BAMOGO (Attaquant de l’OGC Nice) : "Je suis pressé de jouer avec les Etalons"

Publié le mercredi 24 juin 2009 à 04h31min

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Par deux fois face au Malawi et la Côte d’Ivoire, son nom a figuré sur la liste des Etalons présélectionnés par l’entraîneur Paulo Duarte. Mais, l’attaquant de l’OGC Nice, Habib Bamogo, ne pouvait pas jouer avec le Burkina puisque les textes de la FIFA ne l’y autorisaient pas pour avoir évolué avec l’équipe de France espoirs. Depuis quelques semaines, une décision prise par l’instance du football mondial lui ouvre les portes de la sélection nationale de son pays d’origine. En attendant de porter ce maillot, il était aux côtés de ses futurs coéquipiers qui ont perdu le 20 juin dernier leur match (2-3) contre la Côte d’Ivoire. Au lendemain de cette rencontre, nous avons échangé avec Habib Bamogo.

"Le Pays" : Qu’est-ce qui explique que tu sois arrivé à 48 heures du match Burkina # Côte d’Ivoire, alors que ton nom figurait sur la liste des présélectionnés de l’entraîneur Paulo Duarte ?
Habib Bamogo : Dans un premier temps, il y a la réglementation FIFA qui dit qu’il faut 60 jours après la décision pour effectuer sa première sélection. Quoi qu’il arrivait, je ne pouvais pas jouer le match contre la Côte d’Ivoire.

Vous vous étiez tout de même expliqué, l’entraîneur et toi, avant qu’il ne te présélectionne ?

La convocation pour la sélection est arrivée à mon club alors qu’il n’y avait pratiquement personne, et j’étais déjà en vacances avec ma petite famille au Maroc. J’ai dû, dès lors, écourter mes vacances pour rentrer au pays. Il était important pour moi de prendre les premières impressions, de me présenter au groupe et d’assister au match comme si je devais jouer.

Comment les choses se sont alors passées avec tes camarades de la sélection ?

Je suis allé à l’hôtel où ils étaient logés la veille du match et j’ai fait la séance vidéo avec eux. Je leur ai adressé quelques mots en disant que je suis content d’évoluer avec eux très bientôt, et l’entraîneur s’est également exprimé. Le lendemain, j’étais dans le car avec le groupe pour aller au stade tout comme je suis resté à leurs côtés dans les vestiaires. Mes premières impressions sont bonnes parce que c’est un bon groupe avec une ambiance formidable. Je dois relever que je n’ai pas logé avec le groupe pour ne pas trop perturber la préparation des joueurs qui avaient besoin de tranquillité pour mieux préparer le match.

Quelle fut la réaction du groupe ?

Nous avons bien échangé et tout s’est bien passé. Dans le groupe, il y a Charles Kaboré avec lequel je communique souvent en France. Il joue à Marseille où j’ai déjà évolué. Il y a aussi Moumouni Dagano qui a déjà joué en ligue 1 en France, et nous nous étions déjà rencontrés. Je connais bien d’autres joueurs même si ce n’est pas à titre personnel. De toute façon, je suis Burkinabè comme tous les Burkinabè et je suis content d’honorer ma première sélection.

Comment as-tu vécu le match dans les tribunes ?

A la fin du match, on se sentait mal parce que nous méritions le nul. Cela est quelque peu frustrant parce que les Etalons ont fait un bon match et il n’est pas facile de jouer contre la Côte d’Ivoire. C’est une équipe composée en majorité de joueurs de ligue européenne des champions. C’est une référence sur le continent mais malgré tout, nous avons rivalisé avec elle.

Qu’est-ce qui a fait la différence ?

Dans le football, il y a souvent des détails qui déterminent le résultat. En faisant le rapprochement avec les clubs où ils jouent, les Ivoiriens ont plus d’expérience que nous. Les Etalons les ont tout de même mis en difficulté plusieurs fois mais ce sont des joueurs qui savent gérer les matchs et garder leur calme. Cela a fait la différence.

Au-delà de l’équipe, as-tu eu des contacts avec les responsables du football burkinabè ?

J’ai eu des contacts avec l’encadrement technique mais également avec des responsables de la Fédération burkinabè de football (FBF) dont le président. Il était important d’échanger avec eux pour connaître leur point de vue et leur expliquer le mien. Je leur ai dit que si je suis là, c’est mon choix et que j’ai envie d’être présent pour tout donner.

Qu’est-ce qui se passe déjà dans ta tête de savoir que ta première sélection effective est en principe pour le match retour face à la Côte d’Ivoire en septembre prochain ?

Quand quelque chose doit se passer pour la première fois, on est toujours pressé. Je suis d’ailleurs très pressé d’honorer ma première sélection et cela me tient à coeur. Je sais que mes parents vont être fiers.

Beaucoup de choses ont été dites sur les conditions que tu as posées avant de jouer en sélection nationale. Tu aurais exigé des millions de F CFA et bien d’autres choses.

Je ne viens pas en sélection dans un but lucratif et c’est un choix que j’assume. Malheureusement, il y a des gens qui disent des choses qui ne sont pas correctes. Si c’était vraiment ça, je ne serais pas venu jouer pour le Burkina.

Comment s’est manifesté ton envie de venir en sélection nationale ?

L’idée de jouer en équipe nationale, je l’avais déjà dans la tête depuis deux ans et demi. Avant que les éliminatoires ne commencent, j’avais commencé à échanger avec mon frère qui a ensuite pris des contacts sur place ici au Burkina. Le temps que les informations remontent, cela prend souvent du temps. Le nouveau président de la FBF souhaitait aussi voir comment je pouvais venir et tout le monde était d’accord sur ma venue.

Qu’est-ce qui s’est passé avec l’équipe précédente de la FBF qui avait entrepris de nombreuses démarches pour que tu viennes et cela n’a pas marché ?

Il y a une différence entre une personne qui a 21 ans et celle qui a 27 ans. J’étais jeune et il se passait beaucoup de choses dans ma tête. J’ai grandi en France où j’ai été formaté dans les écoles de football et j’ai fait l’équipe de France des moins de 15 ans jusqu’aux espoirs. On est formaté pour un jour se dire qu’on va jouer en équipe de France. Quand tu as 21 ans, tu n’es pas mature pour savoir l’importance de jouer dans telle ou telle équipe et tu te dis que l’équipe de France va être une vitrine pour toi. A 27 ans aujourd’hui, je suis responsable et je sais ce que je veux.

A l’époque, il y avait une date butoir et tu n’avais pas pris de décision. Y avait-il une explication ?

Il est vrai qu’il y avait cette date butoir mais une personne qui a 21 ans n’est pas souvent sûre de ce qu’elle veut faire de son avenir. C’était une loi pour nous orienter beaucoup plus vers les pays européens. Tu quittes la catégorie espoirs, signes à Marseille, et on te dit que si dans deux mois, tu ne te décides pas, tu ne peux pas jouer avec ton pays d’origine. C’est une pression que tu ne peux pas gérer à 21 ans.

N’est-ce pas en désespoir de cause que tu rejoins finalement ton pays d’origine ?

Je ne pense pas que c’est en désespoir de cause parce que je n’étais pas obligé de venir. J’aurais pu mener tranquillement une carrière en Europe, et venir au Burkina pour passer mes vacances comme j’en ai l’habitude. C’est plus un choix de coeur qu’autre chose.

Des propositions intéressantes avaient été faites à ton endroit, dit-on, pour que tu acceptes de jouer avec le Burkina.

Rien ne m’avait été vraiment proposé. Les propositions se situaient beaucoup plus dans un cadre sportif. Il n’a jamais été question de quoi que ce soit d’autre.

Le bail avec l’OGC Nice va-t-il se poursuivre ?

Il y a actuellement un remue-ménage avec un changement d’entraîneur à Nice et il me reste 2 ans de contrat. Sinon je me sens bien à Nice parce que c’est un club qui m’a permis de remonter la pente et de m’approcher de mon meilleur niveau. Je vais discuter avec l’entraîneur et il dira ce qu’il attend de moi.

Sais-tu que tu es très attendu par un public burkinabè très exigeant ?

Je suis un sportif de haut niveau, et un joueur qui a le talent ne peut rien faire s’il n’a pas la volonté. A l’inverse, celui qui a moins de talent mais plus de volonté peut faire quelque chose de grand. J’ai la volonté parce que j’ai envie d’honorer ma première sélection et d’aller de l’avant. C’est le peuple qui fait la sélection et nous jouons pour lui. Je suis à cent pour cent déjà dans l’équipe nationale.

Accueil digne d’une star vendredi à l’aéroport de Ouaga

L’ambiance à l’aéroport de Ouaga était toute particulière vendredi 19 juin 2009, dans l’après-midi, à l’arrivée d’Habib Bamogo. Une foule en liesse, composée essentiellement des membres du fan club de la star burkinabè du football, l’y attendait. Certains, la plupart du reste, avaient porté des tee-shirts à l’effigie du joueur ou des maillots et tenaient des fanions aux couleurs nationales. A la vue du joueur, la tension se fit plus vive. En choeur, les fans ont scandé pendant longtemps le nom de la star jusqu’à ce que la 4x4 qui était venue la chercher ait quitté les lieux. Non sans difficulté, puisque la foule lui barrait le passage, car tout le monde voulait voir Habib Bamogo.

Par Lassina Fabrice SANOU

Propos recueillis par Antoine BATTIONO

Le Pays

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