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Lutte contre la fraude, le détournement et la corruption : La preuve par les menottes

Publié le lundi 15 juin 2009 à 01h18min

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Le Burkina Faso dispose de tout l’arsenal sécuritaire et juridique nécessaire à la lutte contre la fraude, la corruption et le détournement des deniers publics. Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF), Commission nationale de la concurrence et de la consommation (CNCC), Autorité supérieure de contrôle de l’Etat (ASCE) sont autant d’institutions et d’instruments dont les investigations et les recommandations pourraient contribuer à asseoir une règle de conduite dénuée de toute tricherie et autres raccourcis pour tous les citoyens.

Seulement, la machine de répression des fléaux de la société manque suffisamment d’huile, la preuve qui met tout le monde d’accord. Jusque-là, les institutions et les instruments ressemblent fort bien à des meubles, à des parures d’un Etat de droit qu’à de véritables armes contre la fraude, la corruption et le détournement des deniers publics. La Haute autorité de lutte contre la corruption et la fraude (HALCF) a abattu un travail formidable, mais elle a péché dans la non application de ses recommandations. L’opinion ne sent pas réellement la farouche option d’en découdre avec les fossoyeurs de l’Etat.

Quand sonnera une opération mains propres à l’instar de celle du Cameroun, des individus jusque-là intouchables, se raviseront. Les petites mailles du filet n’ont jamais attrapé de gros poissons. Les derniers rapports de la Cour des comptes et de l’ASCE ne semblent inquiéter personne. Les citoyens incriminés utilisent toutes sortes d’alibis pour traiter leurs auteurs de plaisantins. "Le chien aboie, la caravane passe". Il y a de quoi s’inquiéter un jour, d’un reniement unanime des institutions mises en place pour réguler et moraliser la vie publique au Burkina Faso. La meilleure façon de rassurer la population sur les rumeurs fondées ou infondées, c’est de tirer certaines affaires au clair.

Les institutions créées pour en déceler ont tellement englouti l’argent du contribuable dans leurs activités que si leurs investigations restent sans suite, elles deviennent du coup, des structures voraces. Qu’ils soient destinés au président du Faso ou au chef du gouvernement, les différents rapports ne mettront tout le monde sur la même longueur d’onde de la volonté de l’Etat de traquer, punir et anéantir les brebis galeuses que si un dénouement judiciaire arrive à confirmer ces pratiques nuisibles et à prononcer les sanctions appropriées. "Toute institution est le prolongement de la personnalité de celui qui la préside".

Le discours parfois distant des actes amène à douter de la sincérité. Il convient de cadencer les recommandations des rapports avec la bonne marche d’une société aux prises à la corruption, à la fraude et au détournement de deniers publics. Ces phénomènes destructeurs ne prendront du recul que si un séjour fortement "moustiqué" sur un matelas de fortune dans une maison d’arrêt de ces intouchables venait convaincre les uns et les autres que "Nul n’est au-dessus de la loi".

Tant que des menottes ne seront pas ceintes, de façon légale, aux poignets de certains citoyens pour l’exemple, toute autre forme d’engagement verbal et réglementaire ne serait qu’une farce difficilement acceptable. Il est alors à craindre que chaque acteur de la société se sente obligé d’agir comme l’autre prospérant dans l’illégalité sans être inquiété. Les institutions auraient donc par le non aboutissement de leurs dossiers, conduit à la déchéance de l’Etat.

La rumeur est certes une mauvaise boussole mais elle demeure un bon guide pour déceler et confirmer les failles d’une société. Une souris qui prend du jour au lendemain, la forme d’un éléphant soulève à juste titre, des soupçons qu’il faut à tout pris élucider. La population n’est ni aveugle ni idiote. Elle observe, identifie et forge sa propre opinion. Sa rancune est latente. Sa réaction peut être une bombe dont l’explosion aura des proportions redoutables. La vindicte populaire pour lutter contre la fraude, la corruption et le détournement des deniers publics n’est pas à exclure devant le scepticisme général à combattre ce fléau.

Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 15 juin 2009 à 02:58 En réponse à : Lutte contre la fraude, le détournement et la corruption : La preuve par les menottes

    La simple reconnaissance du délit d’apparence constituerait déjà un bon moyen dissuasif. Quand des fonctionnaires avec moins de 100000F CFA dorment des immeubles personnels sans etre inquieté, ça veut dire ce que ça veut dire.Meme s’il ya des fonds communs et des ristournes sur des saisies en douane, cela ne s’explique pas et l’effet boule de neige de la corruption rentre vite en jeu. Le gardien prend des initiatives, l’instituteur, le professeur, le DAF etc.

  • Le 15 juin 2009 à 15:03 En réponse à : Lutte contre la fraude, le détournement et la corruption : La preuve par les menottes

    Tres belle analyse qui contrebalance zk das son dythirambisme mercredique. Les instruments de lutte contre la fraude sont vraiment des meubles, mais des meubles qui cesent de l’ etre quand on veut cornaquer un ami politique qui pousse trop d’ ailes. Rappel : 1994 avec la fameuse enquete parlementaire qui a failli bouffe de l’ ambitieux. Vous savez de quoi je parle mais je suis prudent pour eviter le rouleau compresseur de la censure tres selective sur lefasonet.

    Ka Yaa Woto.

    • Le 15 juin 2009 à 20:38, par Sid-metta En réponse à : Lutte contre la fraude, le détournement et la corruption : La preuve par les menottes

      Parlant de censure,je suis d’avis avec vous, Ka Yaa Woto qu’il y en a sur Fasonet. Même pour des contributions pas du tout virulentes, vous avez la chance ou la malchance de ne pas la voir apparaître dans le forum des internautes. en fait, la censure ou l’auto-censure est le premier ennemi de la liberté de la presse, or la liberté de Presse est le premier signe de la liberté tout court. En tout cas, moi, j’ai de moins en moins envie de donner mon point de vue sur les questions nationales. Courage à tous.

  • Le 6 juillet 2009 à 16:59 En réponse à : Lutte contre la fraude, le détournement et la corruption : La preuve par les menottes

    il faut savoir ce qu’on veut ! il ne s’agit pas de multiplier les comites, coordination, conseils, commisssions, directions, associations et je ne sais quoi d’autres encore ! pour lutter contre ceci cela, etc. et tout le tralala, etc... Il faut etre logiqque avec soi meme et rester pratique. Ce n’est pas aujourd’hui que l’on se rend compte de la situation au burkina. S’il n’y a pas de volonté politique, rien ne marche. Au temps de Sankara la révolution prenait des mesures car il y avait une volonté politique. Cela a assaini un peu la société et donné un minimum de sens public au citoyen. On a utilisé ca contre la revolution et aujourd’hui chacun se plaint. On sait a quoi sert toutes ces institutions crees pour lutter contre ceci cela... A rien ! absolument rien... Ah ! si tout de meme : ca sert a mieux cacher les choses... Tout ca, c’est de l’hypocrisie !!! Alors qu’on arrete de se plaindre : quand la revolution sanctionnait et eduquait, ce sont les memes qui se plaignent aujourd’hui qui critiquaient et detruisaient la revolution. Alors !! taisons-nous et volons aussi ou je ne sais quoi encore Mais ayons au moins le courage ete l’honnete de reconnaitre qu’il y a eu des solutions
    Somé

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