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REFECTION DES RESIDENCES OFFICIELLES : Une véritable caverne d’Ali Baba

Publié le vendredi 15 mai 2009 à 03h33min

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Il y a des prérogatives qui s’attachent à certaines fonctions. Ce cont entre autres celles de Premier ministre, de ministres et de présidents d’institutions. Au nombre de ces prérogatives, on cite la gratuité du logement, les véhicules ou le véhicule de fonction et le personnel domestique pour certaines autorités. Ces autorités incarnent et représentent l’État tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Burkina.

A ce titre, il est normal qu’elles jouissent d’une certaine aisance et de certaines commodités. Elles doivent, à leur lieu de travail, et à la maison, recevoir dignement leurs visiteurs. Ceci ne souffre pas de débat. Mais que constate-t-on le plus souvent ? On constate que lorsqu’il y a nomination d’un Premier ministre, d’un ministre ou d’un président d’institution, celui-ci ordonne immédiatement des travaux de réfection avant qu’il ne prenne possession de ses nouveaux bureaux et de sa nouvelle résidence.

La première chose à faire par les personnes chargées de cette tâche, généralement des fonctionnaires de la Direction du matériel de l’État, c’est d’ôter et d’éloigner le fauteuil sur lequel son prédécesseur posait son séant. Par la suite, ce sera le mobilier courant tel la table de travail ou si l’on veut, le bureau ministériel. D’autres exigent la pose d’une nouvelle moquette, de nouveaux carreaux, de nouveaux rideaux, de nouvelles couleurs pour les portes et les fenêtres, et bien d’autres choses encore. Généralement aussi, ils débarquent avec leur chauffeur. Celui qui conduisait l’ancien patron sera affecté ailleurs. Voici ce que l’on peut constater au niveau des bureaux.

C’est quand tous ces travaux seront finis qu’il intégrera ses nouveaux locaux. Alors, qu’en est-il des résidences officielles ? Là, c’est le comble si la maîtresse de maison s’en mêle. Ce qu’il nous a été donné de constater est simplement incroyable pour un pays pauvre comme le Burkina Faso. Avant d’emménager dans leur nouvelle résidence de fonction, des personnalités exigent que même le gazon de la cour soit décapé et remplacé. L’intérieur de la résidence et tout ce qu’elle contenait du temps de son ancien occupant doit être enlevé puis renouvelé : lits, matelas, chaises, fauteuils ou divans, baignoires qui avaient servi sous le prédécesseur, on ne doit pas et on ne veut pas le voir. Le salon ou les salons, les chambres, les bureaux doivent être revêtus de nouveaux carreaux aux nouvelles couleurs.

Tout doit être neuf avant que le nouvel occupant ne prenne possession des lieux. Tout comme pour les bureaux. Il reste à vous dire que ces réfections sont facturées et payées par le budget de l’État. Et quiconque connaît le marché de l’immobilier au Faso, qui se trouve être une véritable caverne d’Ali Baba, peut imaginer ce que coûte un remaniement ministériel, la nomination d’un Premier ministre ou celle d’un président d’institution au budget national. Avec un gouvernement de plus de trente membres, on devrait sévèrement encadrer les travaux de réfection. La bonne gouvernance doit aussi passer par là. Ou, pourquoi ne pas décider que certaines transformations, notamment celles qui sont opérées dans les maisons d’habitations, soient prises en charge par l’autorité elle-même avec ses fonds propres ?

On limiterait ainsi certains abus. Ces travaux peuvent se présenter comme des occasions d’enrichissements illicites. Ne perdons jamais de vue que nous sommes au "Pays des hommes intègres", mais où les surfacturations sont le jeu favori de certains cadres. Pourquoi les responsables nouvellement nommés exigent-ils la réfection de leur résidence comme de leur bureau ? A la base, se trouvent des croyances selon lesquelles on n’occupe pas sans danger la place laissée vide par celui qu’on remplace, car son remplacement à ce poste est toujours vécu, à tort ou à raison, comme un désaveu. Nous sommes dans le contexte africain et on ne peut pas balayer du revers de la main ces superstitions qui sont si tenaces.

On peut penser, et cette croyance est très répandue, que des personnes "minent" leur bureau, la maison qu’elles habitaient, voire même la voiture qui les conduisait. Et voilà des croyances qui coûtent très cher à notre budget, notre patrimoine commun. Enfin, si pour le Premier ministre et les ministres et assimilés, il faut dépenser tant, qu’en sera-t-il le jour où se produira l’alternance au sommet de l’Etat ? Le nouveau président exigera-t-il un nouveau palais ?

Le Fou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 15 mai 2009 à 05:17 En réponse à : REFECTION DES RESIDENCES OFFICIELLES : Une véritable caverne d’Ali Baba

    On peut comprendre le changement de meubles, remodelation et autres dans une certaine mesure. Chacun a son gout. Mais que toutes ces depences soit a la charge de L’etat, c’est peut etre trop. Obama a fait change beaucoup de choses a la maison Blanche avant de l’occuper.

  • Le 15 mai 2009 à 05:51, par Ib En réponse à : REFECTION DES RESIDENCES OFFICIELLES : Une véritable caverne d’Ali Baba

    Cet article est d’une platitude absolue

  • Le 15 mai 2009 à 10:01 En réponse à : REFECTION DES RESIDENCES OFFICIELLES : Une véritable caverne d’Ali Baba

    "Nous sommes dans le contexte africain et on ne peut pas balayer du revers de la main ces superstitions qui sont si tenaces."

    cet article est rigolo.
    Si un ministre, avec des années d’études derierre lui continu a croire au wak, que penser du petit peuple ?
    les superstitions sont parmi les facteurs de sous développent et y contribuent grandement. l’argent public dépensé par les ministres pour conjurer le "mal" en est la preuve.

  • Le 15 mai 2009 à 13:43, par sem’s En réponse à : REFECTION DES RESIDENCES OFFICIELLES : Une véritable caverne d’Ali Baba

    n’oublions pas que meme si les motivations entrainants le remplacement d’objet antérieur n’est pas légitime, cela a quant meme pour avantage de nourir l’economie burkinabé. derriere un achat se cache un burkinabé ayant "vendu". Je dirai donc que c’est un mal pour un bien. Cela donne du travail. Tout n’est pas forcement noir ni blanc.

  • Le 15 mai 2009 à 14:23, par Lacase En réponse à : REFECTION DES RESIDENCES OFFICIELLES : Une véritable caverne d’Ali Baba

    Bravo Le Fou !Contrairement à celui qui estime que l’article est rigolo, moi personnellement je trouve que cet article est formidable. Il nous permet de savoir ce qui est fait de nos maigreurs. Encore à l’endroit de Monsieur X qui pense qu’un ministre ne doit pas croire à ces histoires de wak, je veux lui dire simplement d’ouvrir les yeux et d’être africain. Le jour qu’il aura l’occasion de se retrouver dans ces sphères, il comprendra mieux.A Bon entendeur, salut !

  • Le 16 mai 2009 à 07:35, par Un Compatriote Vivant aux USA En réponse à : REFECTION DES RESIDENCES OFFICIELLES : Une véritable caverne d’Ali Baba

    Meme aux States on croit au wak. Savez-vous combien de taureaux la grande mere kenyane de Obama a fait immoler pour aider son petit a gagner les elections ?
    Tout le monde croit au wak a commencer par ceux qui crient haut et fort qu’ils n’y croient pas.
    Monsieur les nouveaux Ministres, changez tous les murs de la maison si vous pouvez, car ils peuvent etre aussi"mines."

    • Le 18 mai 2009 à 15:43 En réponse à : REFECTION DES RESIDENCES OFFICIELLES : Une véritable caverne d’Ali Baba

      oui le wak mais je pense que l’amour pour la partie devrait l’emporter sur le reste:si tant est qu’il faille depenser autant, ne pourrait-on pas limiter ces dépenses par un texte ?ou encore demander à ce que les ministres ou autres bénéficiares puissent prendre en janchère les meubles utilisés afin de reduire les cout de reparation ;on ne peut pas continuer à sacrifier un principe chèr à la bonne gouvernance:la rationnalisation de gestion des fonds publics ;il ne faut pas rabrouer le fou car la vérité sort de la bouche des fous et des enfants

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