Depuis que l’Archevêque de Ouagadougou, Mgr Jean-Marie Untaani Compaoré a proposé sa démission au Pape Benoît XVI le 29 juillet 2008 à l’occasion de son 75e anniversaire, les supputations allaient bon train sur le nom de son successeur. Depuis hier , 13 mai 2009 , jour de la fête de la Vierge de Fatima, le voile est levé. Mgr Phillippe Ouédraogo est désormais le pasteur du peuple de l’Archidiocèse de la capitale du pays des Hommes intègres. L’annonce de cette importante nouvelle avait drainé des représentants des différents diocèses, des fidèles catholiques de Ouagadougou .

Certains qui se retrouvaient par hasard dans la cour de la cathédrale en ce mercredi matin à 10h ont changé leur programme du jour pour assister en direct à cet événement qui n’a duré que 12 mn. En effet, à 10h 05mn, le Nonce apostolique, Mgr Vito Rallo, fit son apparition dans l’Eglise de la cathédrale accompagné de Mgr Jean -Marie Compaoré. Une brève prière assurée par ce dernier et tout le monde se rassoit , le souffle coupé pour écouter l’annonce du Nonce qui déclare à 10h 09mn : « La Nonciature apostolique au Burkina Faso a l’honneur d’informer que le saint Père , ayant accepté la démission de la charge pastorale d’Archevêque Métropolitain de Ouagadougou, que lui a présenté Mgr Jean-Marie Untaani Compaoré , conformément au Can.401§1 du code de droit canonique , a nommé pour lui succéder Son Excellence Mgr phillippe Ouédraogo, jusqu’à présent Evêque du diocèse de Ouahigouya. ». Puis place à une expression remarquable de joie dans l’Eglise, preuve que le nouveau nommé est aimé et respecté .

En attendant son installation qui interviendra le 13 ou le 14 juin 2009 , le Souverain Pontife a décidé que Mgr Jean-Marie Compaoré assurera le gouvernement de l’Archidiocèse de Ouagadougou , en qualité d’Administrateur apostolique jusqu’à la possession canonique de son successeur. Une tentative d’avoir les premières impressions du nouvel Archevêque au téléphone depuis Ouahigouya fut vaine. Nous apprendrons plus tard qu’il s’est retiré à Koumi pour se recueillir. Cette annonce a permis à Mgr Compaoré d’exprimer sa joie de voir le Saint Père accepter sa démission . Pour cela, il dit rendre grâce à Dieu. Il a dit également merci au Nonce apostolique qui a « mené le dossier avec beaucoup de compétence » ; pour Mgr Compaoré, il rend grâce à Dieu pour lui avoir permis de servir son Eglise jusqu’au bout et pour lui avoir donné des forces d’aller à la retraite car, confesse-t-il, « il y en a qui ont pris leur retraite dans des civières , ou qui ne l’ont même pas pris ». Pendant 36 ans , Mgr Jean-Marie Compaoré a servi l’Eglise comme Evêque. Ordonné prêtre le 8 septembre 1962 , il devint Evêque en 1972 ; pour toutes ces grâces, il a souhaité que l’Eglise continue d’avancer pour "notre salut et pour la gloire de Dieu".

Qui est le nouvel archevêque ?

Né a Konéan (Kaya) le 31 décembre 1945 de Ouédraogo Zudwende Pierre et de Ouédraogo Pegrima Jeanne.

 Etudes primaires à l’Ecole Publique de Kaya de 1952 à 1959.
 Etudes secondaires au Petit Séminaire de Pabré (Ouagadougou) de 1959 à 1967.
 Baccalauréat en juin 1967.
 Philosophie et théologie au Grand Séminaire Régional de Koumi (Bobo Dioulasso) de 1967 à 1973.
 Ordonné prêtre le 14 juillet 1973 pour le diocèse de Kaya. - Vicaire de la Paroisse Cathédrale de Kaya de 1973 à 1978.
 Etudes à l’Université Urbaniana à Rome de 1979 à 1983.
 Doctorat en Droit Canonique (1983). ;
 Curé de la Paroisse Cathédrale de Kaya de 1983 à 1991.
 Vicaire Général de Kaya de 1989 à 1994.
 Directeur du Petit Séminaire Saint Cyprien à Kaya de 1992 à 1995.
 Curé de la Paroisse Notre Dame de l’Assomption de Pissila de 1995 à 1996.
 Juge au Tribunal Métropolitain de seconde instance de Ouagadougou de 1984 à 1995.
 Directeur national des Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM) de i987 à 1996.
 Nommé Evêque de Ouahigouya le 25 juillet 1996.
 Ordonné Evêque de Ouahigouya le 23 novembre 1996.
 Consulteur de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples : 1er juillet 2003.
 Président de la Conférence Episcopale Burkina Niger de 2001 à 2007.
 Président de la Commission Episcopale Mission / Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM) et Modérateur des Tribunaux Ecclésiastiques depuis 1997.

Devise épiscopale : ln vinculo Caritatis, annuntiemus lesum Christum.

Unis dans l’Amour, annonçons Jésus Christ.

MGR JEAN-MARIE UNTAANI COMPAORE

« Je n’ai pas eu de problèmes particuliers »

Mgr Jean-Marie Compaoré

Aussitôt l’annonce faite sur son successeur que Mgr Jean-Marie Compaoré a regagné son bureau à l’Archevêché pour retrouver son ordinateur et continuer le boulot comme s’il n’était pas fatigué . Nous avons pu le défaire de son boulot pour lui arracher l’entretien qui suit.

"Le Pays" : Que ressentez-vous après l’annonce du nom de votre successeur ?

Mgr Jean-Marie Untaani Compaoré (Administrateur apostolique) : « Je suis soulagé. Soulagé parce qu’après 36 ans d’épiscopat, je considère que le temps était arrivé de passer la main afin que l’œuvre d’évangélisation puisse toujours se rajeunir et s’étendre. Je suis heureux, même si vous vous sentez flotter après avoir déposé un lourd fardeau. Il y a quand même un regret de quitter ce ministère, mais c’est une bonne chose parce que l’Eglise a prévu que les pasteurs puissent se relayer.

Que retenez-vous de votre vie d’Evêque ?

Après Fada N’Gourma, je revenais à Ouagadougou pour la succession d’un grand pasteur comme le Cardinal Paul Zoungrana dont je connais toutes les compétences. En le remplaçant , le chapeau que tu reçois ou le siège dans lequel tu t’asseois ne semblent pas faits pour toi.On se sent tout petit et tout limité. Il fallait donc que j’assume cette tâche avec beaucoup d’humilité et avec une confiance en Dieu.

Vous êtes-vous vraiment senti soutenu par les fidèles tout au long de votre ministère ?

Je réponds par l’affirmative sans hésiter. Je me suis donné aux gens tel que je suis dans la plus grande simplicité possible et je pense que cela a touché beaucoup de gens .

Que retenez-vous de vos rapports avec les autres confessions religieuses et autres partenaires administratifs et politiques ?

Là aussi, j’ai fait des expériences très intéressantes. A Fada N’Gourma, j’ai été adopté et accueilli par le chef de Fada qui m’a donné ce beau nom « Untaani », un nom qui m’est resté. Avec les musulmans et les protestants, il y a eu une parfaite entente. A Fada, Radio Tamba a ouvert ses antennes à toutes ces communautés pour que chacun parle de sa religion pour les aider à approndir leur foi. En tout cas, on l’a fait jusqu’à mon départ de ce diocèse en 1995. A Ouagadougou , il y a eu ces grandes rencontres où on côtoyait toutes ces Communautés. Notre seul souci est d’aider notre pays à se développer.

Que ferez-vous maintenant ?

Je vais prendre le temps de me reposer, prendre le temps de revoir ma vie avant de voir ce qu’il est possible de faire. Je peux continuer à offrir des services au diocèse si le chef du diocèse le veut. Je pense qu’un pasteur peut toujours aider à faire quelque chose.

Des sentiments de reconnaissance à la fin de cette mission ?

C’est d’abord une reconnaissance à Dieu qui m’a fait ce que je suis et qui m’a surtout donné d’assumer cette responsabilité avec le caractère qui est le mien. Ça m’a permis de servir et de vivre dans la joie, dans la paix et dans la collaboration avec beaucoup d’autres. Reconnaissance ensuite au Cardinal Paul Zoungrana avec qui j’ai commencé à servir très tôt. J’exprime également ma reconnaissance à tous les Evêques, les vicaires généraux avec lesquels j’ai travaillé, les prêtres, religieux et religieuses, aux laics, aux responsables de ce pays ; Je n’ai jamais vraiment voulu faire des distinctions. Je me sentais comme le chef de file qui doit organiser le travail de tout le monde pour que l’Evangile avance. Je dois un merci à tout le monde parce que partout où je suis passé, je me suis senti porté et soutenu. Ce qui a fait que je n’ai pas eu de problèmes extraordinaires.

Vous partez au moment où un de vos projets qui vous tient à cœur est à ses débuts : La télévision catholique. Avez-vous un souhait pour la suite de cette œuvre ?

Je souhaite que mon successeur ait le même désir que moi par rapport à cette télévision. J’aime les moyens de communications. Nous devrions tout faire pour avoir ce moyen qu’est la télé. Nous l’avons. Tout n’est pas question d’argent, mais de volonté. Nous ne sommes peut-être pas moins riches que ceux qui l’utilisent. Il faut seulement cette ambition dans un projet d’évangélisation. Je vais échanger avec Mgr Phillippe par rapport à cela. Je serai toujours disponible pour continuer à travailler à la mise en place de cette télévision. Il faut vraiment asseoir cet outil qui doit être au service de toute l’Eglise au Burkina Faso pour que le Christ soit mieux connu, mieux aimé et mieux suivi.

Le nonce apostolique aux Médias

Ceci est le communiqué que le Nonce apostolique a publié (et qui était sous embargo jusqu’à hier midi) à l’adresse des médias, à l’occasion de la nomination du nouvel archevêque de Ouagadougou.

La Nonciature Apostolique au Burkina Faso a l’honneur d’informer que le Saint-Père, ayant accepté la démission de la charge pastorale d’Archevêque Métropolitain de Ouagadougou, que lui a présentée Mgr Jean-Marie Untaami Compaoré, conformément au Can. 401 § 1 du Code de Droit Canonique, a nommé pour lui succéder S.E. Mgr Philippe Ouédraogo, jusqu’à présent évêque du diocèse de Ouahigouya. Le Souverain Pontife a décidé que Mgr Jean-Marie Untaami Compaoré assurera le gouvernement de l’Archidiocèse de Ouagadougou, en qualité d’Administrateur apostolique, jusqu’à la prise de possession canonique de son successeur. (...) La Nonciature Apostolique au Burkina Faso saisit cette occasion pour renouveler aux Agences de Presse et aux Médias : Radio et Télévision du Burkina Faso, les assurances de sa haute estime et considération.

Le Pays