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Grève des 12 et 13 mai : Service minimum à Yalgado

Publié le mercredi 13 mai 2009 à 03h06min

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La coordination des syndicats de la Fonction publique a mis à exécution son mot d’ordre de grève des 12 et 13 mai 2009. Hier à la Bourse du travail, où les travailleurs du secteur public se sont retrouvés, la mobilisation était celle des grands jours, pour revendiquer de meilleures conditions d’existence. Un tour dans des services comme le Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo (CHUY-O) nous a renseigné sur la situation née suite à cet arrêt momentané du service à Ouagadougou. Fait pas du tout nouveau, c’est le personnel médical militaire qui y est appelé à la rescousse pour soulager les malades.

La présence d’éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) aux alentours de la Bourse du travail n’a nullement désarmé les grévistes des 12 et 13 mai 2009. A qui mieux mieux, ils se sont retrouvés nombreux en ces lieux pour entamer leur grève de 48 heures, afin d’exprimer au gouvernement leur ferme volonté de voir aboutir les revendications qu’ils ont formulées pour de meilleures conditions de vie et de travail, à travers une plate-forme minimale en quatre points.

En rappel, les récriminations des travailleurs de l’Etat portent sur la constatation sans condition des avancements de 2006 à 2008 avec leurs effets financiers pour l’ensemble des travailleurs de la Fonction publique ; l’arrêt de la mise en œuvre du nouveau système d’évaluation des agents de la Fonction publique et retour à l’ancien système attendant sa relecture consensuelle ; l’annulation sans condition des sanctions prises à l’encontre des travailleurs du SAMAE, du SATB, du SYNAJ et du SGB ; la restitution des sommes illégalement coupées pour fait de grève. Le débrayage de 48 heures des « ouvriers de l’Etat burkinabè » a débuté par une marche pacifique, sous l’œil vigilant de la police.

Suivront un appel des syndicats des travailleurs de la Fonction publique à la mobilisation pour le succès de la grève, et un message de la coordination des mêmes syndicats, pour une poursuite de la lutte en vue de la satisfaction des différentes requêtes. Le moins que l’on puisse dire est que la grève de 48 heures se veut l’expression de la détermination des fonctionnaires à exiger du gouvernement de la IVe République, l’examen diligent de leur plate-forme, synthèse des préoccupations de l’ensemble des travailleurs de l’Etat.
Unité d’action autour des mêmes intérêts

Le secrétaire général du SYNTER (syndicat national des travailleurs de l’éducation et de la recherche) et porte-parole de la coordination, Mamadou Barro, estime satisfaisante la mobilisation pour une première sortie des syndicats de la Fonction publique en tant que secteur particulier de l’ensemble du mouvement syndical. Au cours des deux jours de grève, il est prévu, outre la marche d’hier matin, une animation de la Bourse du travail (discussions entre camarades, jeux de société…), et une assemblée générale de bilan, aujourd’hui à 17 heures. Sur la question de l’unité d’action syndicale, monsieur Barro est catégorique.

Elle est une réalité depuis bientôt 10 ans. Cette unité d’action, selon lui, est maintenant construite au niveau de la Fonction publique où l’action se menait de façon globale. Cela est un plus, dira-t-il. Les travailleurs sont déterminés. Une mobilisation progressive a été opérée et les syndicats de la Fonction publique, foi du secrétaire général du SYNTER, tiennent le bon bout. Le gouvernement doit alors se pencher sérieusement sur la situation des travailleurs en général et celle de la Fonction publique singulièrement, a-t-il conclu.
L’armée en renfort

Au Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo (CHUY-O), le maître des lieux, le docteur Lansandé Bangagné, qui nous a reçus, a été sans ambages. Autour de midi le mardi 12 mai 2009, deux points de la situation à Yalgado avaient déjà été faits. Respectivement à 00 et à 11 heures. Deux autres attendaient d’être effectués dans l’après-midi, à 14 heures et à 20 heures pour le premier jour. Au premier passage de l’équipe d’évaluation du CHUY-O, selon le directeur général, la plupart des agents étaient à leur poste. Rien donc à signaler. A la deuxième tournée, le constat était que le taux de participation (les présents à leur poste de responsabilité par rapport aux absents) pouvait s’évaluer à 35%. Malgré cette relative faible présence des travailleurs à leur vigie, foi de monsieur Bangagné, il n’y a pas lieu de parler de dysfonctionnement. Il a été fait appel au personnel médical des Forces armées nationales pour appuyer les agents disponibles.

Quelques inscrits sur titre ont aussi été sollicités pour « boucher les trous d’air là où il le faut ». Le taux de participation de 35% n’empêche donc pas le service de tourner. A l’hôpital Yalgado, les sections où les absences sont les plus remarquables sont les laboratoires (biochimie, maladies infectieuses…).

Malgré tout, soutient son DG, le service est assuré et il n’y a pas le feu en la demeure. A la pédiatrie, le service est assuré. Yacouba Kièma, qui y est interne, n’est pas a priori concerné par la grève. Néanmoins, il avoue être perturbé par la grève car le matin même, il a eu des difficultés pour effectuer des examens complémentaires, le laboratoire étant vide à ce moment-là.

Mais à 11 h, un service minimum était effectif. Une autre prestation n’est cependant pas encore disponible pour monsieur Kièma ; celle des consultations spécialisées, car celui qui en a la charge est absent. Au service des urgences viscérales, les stagiaires sont à leurs postes à l’accueil pendant que leurs supérieurs sont occupés au bloc opératoire. A les en croire, seul le manque de brancardiers leur cause de petits soucis pour conduire les malades en salle de soins ou de réanimation. Dans le laboratoire, lieu ayant enregistré le plus fort taux de participation à la grève, le laborantin Abdoulrasmané Ouédraogo, actuellement à la disposition du Service national pour le développement (SND), ne peut participer à la grève générale. En plein tests dans le labo, il est l’heure pour lui de se restaurer.
Mi-figue, mi-raisin dans certaines structures

A la suite de la grève générale de la Fonction publique, celle du Syndicat national des travailleurs de l’éducation et de la recherche (SYNTER) est prévue pour le 14 mai prochain. En attendant, au Lycée Philippe-Zinda-Kaboré, il est difficile de savoir qui grève ou pas. Au dire de son proviseur, Boureima Traoré, la grève coïncide avec la période de correction des copies des élèves de l’établissement dont les derniers devoirs ont pris fin vendredi passé.

Il y a donc un ralentissement sensible des cours sans rapport avec la grève actuelle. De plus, le mardi 12 mai 2009, certains professeurs parmi lesquels des responsables syndicaux n’avaient pas cours. Alors, difficile de dire qui a suivi le mot d’ordre de grève. Les épreuves sportives, en cours, se sont déroulées, sans encombre, selon Boureima Traoré.

Le Syndicat des greffiers du Burkina (SGB) est un des signataires du mot d’ordre de grève. Au palais de Justice de Ouagadougou, la salle d’audience reste close, mais le tableau affiche des audiences programmées pour le 12 mai 2009. Au parquet, le train-train quotidien continue tant bien que mal. Une demi-douzaine d’agents présents assure les affaires courantes comme la réception de P.-V. Selon le procureur du Faso, Issa Kindo, sur la quinzaine d’éléments que compte le parquet, huit sont effectivement allés en grève.

Les bureaux du greffier en chef et de son secrétariat, eux, restent fermés à double tour. Sont-ils tous en grève ? Mystère et boule de gomme, car les agents du palais de justice ne sont guère prolifique quand il s’agit de donner des explications. A ce propos justement, la présidente du tribunal de grande instance a décliné l’offre de nous recevoir, se disant « trop occupée ». C’est, pour l’essentiel, l’ambiance qui prévalait dans la capitale en ce premier jour d’arrêt de travail des syndicats de la Fonction publique, qui prennent rendez-vous ce soir-même à la Bourse du travail pour faire le point.

D. Evariste Ouédraogo & Hyacinthe Sanou (stagiaire)

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 13 mai 2009 à 14:15, par RAYIM En réponse à : Grève des 12 et 13 mai : Service minimum à Yalgado

    voyez vous , c’est dommage mais le pays est a un pas, d’une situation de non retour.les dirigeants ont passé le maximun de temps a reffouler les critiques , pour se baser rien que sur des mensonges et des reves. un gouvernement gere des hommes, et non des animaux, meme les animaux se rebellent . a travers les dires du DG de yalgado , on sent le mensonges , et il dira la meme chose a son ministre, qui dira le meme mensonge en conseil de ministre. GOD BLESS BURKINA

  • Le 13 mai 2009 à 20:24, par un compatriote En réponse à : Grève des 12 et 13 mai : Service minimum à Yalgado

    Vu de loin le Burkina Faso est un pays ou tout va très bien,bien plus qu’au GONDOUANA,et ce notamment grâce a un président dynamique ,panafricain convaincu et engagé,promoteur attitré du dialogue sous régional.Mais seulement le dialogue s’estompe dès qu’il s’agit de réunir la société civile dans son propre pays !Pourquoi vouloir chaque fois réagir que quand on a le dos au mur ?a t-on besoin d’aller jusqu’à l’extrême pour être pris au sérieux ?il faut que le régime comprenne,on ne peut diriger les gens avec le mm système qu’en 1987 car les mentalités ont très bien changé !Surtout ne pas commettre l’erreur de sous estimer le force civile car tout comme les militaires bien écoutés, leurs soif de justice peut tout aussi pousser le régime vers la chute.

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