LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Téléphonie : Des escroqueries bien mobiles

Publié le mardi 11 novembre 2008 à 10h15min

PARTAGER :                          

S’il y a un pays qui devrait se sentir bien à l’aise dans ce contexte marqué par la téléphonie mobile, c’est bel et bien le Burkina Faso.
Voilà plus d’une décennie que le pays dispose des services de trois opérateurs. La concurrence devait en principe conduire à une baisse des coûts. Malheureusement ce n’est pas le cas.

De nombreux consommateurs sont pris au piège du téléphone portable. Leurs économies en pâtissent considérablement. Après avoir obtenu les licences d’exploitation dans les conditions les moins chères possibles, les opérateurs de téléphonie mobile réalisent aujourd’hui des bénéfices les plus exorbitants sur le dos des usagers. La cupidité mobile est sans limite.

Personne ne semble comprendre le système de tarification des compagnies de téléphonie mobile. Plutôt que de contribuer à améliorer les conditions de vie des Burkinabè à travers une communication accessible à tous, le téléphone portable devient aujourd’hui un fardeau surtout pour les couches sociales moyennes. Quoi de plus normal que les Burkinabè s’illustrent comme les champions des “SMS” (short message service) plutôt que des appels. Ils préfèrent détériorer les touches de leur appareil ou décharger au plus vite la batterie que de passer une communication orale.

C’est de la palissade d’affirmer que le Burkina Faso est l’un des pays de la sous-région, voire d’Afrique, où le coût de la téléphonie demeure cher comme cela l’est déjà pour l’eau et l’électricité. L’on peut facilement tolérer la Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL) ou l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) car ces deux sociétés d’Etat agissent en monopole. Elles sont les seules à offrir leurs services. C’est à prendre ou à laisser. Mais que dire des trois opérateurs de téléphonie mobile ? Les usagers ont cru bon de posséder trois cartes “SIM” afin de jongler sur les tarifs se retrouvent malgré tout, dans le même malheur et a même complainte : “Ils sont tous chers”.

On dirait qu’une collusion lie les compagnies en vue d’extorquer le consommateur. Les multiples campagnes de promotion sont donc des farces et les bonus, une sorte de ristourne ou de remboursement de trop perçu. Si ce n’est pas un opérateur qui continue de comptabiliser le temps alors que la communication est interrompue, c’est un autre qui sert de passerelle à des escrocs comme sur le Net. Il y a quelques années, une association de consommateurs gabonaise n’a pas manquer d’ester en justice contre un opérateur de téléphonie mobile l’accusant d’avoir injustement escroqué treize milliards de F CFA à ses usagers.

Non seulement les organisations de consommateurs au plan national sont aphones sur la question mais le Burkina Faso s’apparente au pays des paradoxes en matière des affaires. Les économistes ont beau tenter de convaincre que la concurrence profite au client, les Burkinabè n’en ont pas l’air. Malgré l’existence d’une Commission nationale de la concurrence et de la consommation (CNCC) et la présence de plusieurs acteurs dans un même secteur d’activités, ils sont loin de ressentir l’amélioration de la qualité du service et l’amoindrissement des coûts. Or il suffit seulement de diminuer considérablement les tarifs de communication pour que les usagers de la téléphonie mobile au Burkina Faso ne se précipitent plus sur l’aumône des bonus.

Bien au contraire, ils se montreront fidèles à un réseau donné et ne s’exposeront plus aux vols, aux attaques, en se parant de nombreux portables, comme Tom (le chat) bardé de diplômes aux trousses de “El Magnifico” (Jerry, la souris). Ainsi, la téléphonie mobile participera pleinement au bien-être des populations. C’est bien de vouloir couvrir le territoire national en téléphonie mobile mais il faut prendre le soin de ne pas élargir le réseau de la pauvreté avec des tarifs hors de portée de main.

Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr)

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina/médias : BBC et VOA suspendus pour deux semaines