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Urbanisation : Le grand Ouaga, un rêve de plus ?

Publié le vendredi 19 septembre 2008 à 09h35min

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Simon Compaoré, maire de Ouaga

Le gouvernement burkinabè rêve grand. Nos autorités veulent, en effet, donner un look ultramoderne à Ouagadougou, la métropole dont l’expansion galopante semble échapper à tout contrôle. Mine de rien, la capitale a une population d’au moins un million et demi. C’est une broutille, comme dirait l’autre, comparée à des villes comme Lagos, ou même Abidjan.

Mais, c’est beaucoup, car il y a seulement quelque 20 ans, la population de Ouaga pouvait être recensée en une journée. La situation démographique de la ville devient préoccupante, surtout que les projections prévoient 4 713 077 habitants, à l’orée de 2025, sur la superficie du grand Ouaga, qui n’est que de 3 300 km2. Si elle n’est pas alarmante, la question de la gestion de tant d’âmes a de quoi donner des insomnies aux décideurs.

Depuis 1999, l’Etat a pensé un Schéma directeur d’aménagement du grand Ouaga (SDAGO) dont les nobles ambitions sont de faire en sorte que tout se passe bien pour le bonheur des populations. Mais le Burkina étant ce qu’il est, cette ambition, même si elle n’a pas complètement foiré, ne semble plus d’actualité. Voilà pourtant que les nouvelles autorités en charge du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme ont senti de nouveau la nécessité de battre le rappel des initiés en matière d’urbanisation pour redresser la barre avant qu’il soit trop tard. C’est à cet impératif que répond l’atelier régional de validation qui a ouvert ses portes jeudi dernier à Ouagadougou. Belle initiative que celle du gouvernement sur cette épineuse question de l’habitat et de l’urbanisme dans une zone comme le grand Ouaga.

Le grand Ouaga, justement, englobe la capitale et les communes rurales de Koubri, Komsilga, Komki-Ipala, Pabré, Saaba, Tanghin-Dassouri et Loumbila. Du fait de l’inclusion de cette dernière commune dans le projet, le grand Ouaga est à cheval sur les régions du Centre et du Plateau central dont relève Loumbila. Le discours officiel voudrait donc transformer cet espace en un paradis terrestre avec un technopôle à Gonsé, dans la commune rurale de Saaba ; deux pôles d’activités économiques respectivement autour de Tanghin-Dassouri et de Pabré ; trois pôles industriels dans la commune de Tanghin-Dassouri et un pôle sportif à Komsilga, pour ne citer que ces exemples sur la douzaine de points que comporte le schéma directeur. A coup sûr, c’est une belle littérature qui séduit. Mais le projet est déjà handicapé avant même d’avoir vu jour, par une pratique menée paradoxalement par les mêmes autorités.

En réalité, la majorité de ceux qui vantent les mérites du SDAGO sont conscients de la limite du projet du fait que sa réalisation dépend en grande partie de l’extérieur. Même les simples études qui ont été menées à la fin des années 1990 l’ont été sur financement de la coopération néerlandaise. Qu’en sera-t-il alors des milliards à mobiliser pour la construction des innombrables projets futuristes identifiés ? Par ailleurs, il est connu de tous que les zones délimitées pour être le grand Ouaga ont déjà été parcellées au profit des gens qui sont, pour la plupart, des gourous qui gravitent autour du pouvoir. Il suffit d’emprunter n’importe laquelle des sorties de Ouagadougou pour constater qu’il n’y a plus d’espace libre sur au moins trente kilomètres. C’est l’un des os dans la réalisation du grand Ouaga, car celle-ci passe par une expropriation de certains de ces propriétaires.

Or, leur poids politico-économique rend d’emblée cette hypothèse surréaliste. Finalement, le grand Ouaga ne restera-t-il qu’un rêve ? A moins que « 20-100 » Dabilgou, le sinistre de l’Habitat, et ses successeurs aient la force de leur politique. En attendant, comme l’a suggéré le Gouverneur de la région du Centre, il faut conserver les vieux quartiers, pour ne pas tuer l’âme historique du petit Ouaga, d’autant plus que le grand, lui, ressemble à un mirage.

Adam Igor

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