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Migration de jeunes Burkinabè : Les Etats-Unis, destination de rêve

Publié le mercredi 27 août 2008 à 10h14min

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Les jeunes en quête d’emploi passent fréquemment au ministère de la Fonction publique pour consulter les offres mais n’hésitent pas à quitter le pays dès que possible.

Voici les vacances et avec elles, les départs massifs des jeunes pour l’eldorado américain. Un salut surtout pour les familles pauvres et un défi pour ces jeunes.

Il est 9h 00, ce jour 19 juin 2008, aux abords de l’ambassade des Etats-Unis, située dans le quartier Koulouba non loin de l’agence principale de téléphonie mobile Zain, à Ouagadougou. Le parking est bondé de vélos et motos de toutes sortes. Un vigile, assis non loin, surveille d’un œil attentif la porte

d’entrée du bâtiment. Un jeune en sort et se dirige vers le parking. Wenceslas Bougma est un jeune étudiant en première année de lettres modernes à l’Université de Ouagadougou. Interrogé sur les raisons de sa présence en ce lieu, il répond en ces termes. "Si je suis là, c’est pour une demande de visa étudiant. Je désire poursuivre mes études dans une université américaine, à Boston de préférence. Là- bas, les études sont plus rigoureuses et les diplômes sont prestigieux. Une fois que tu as fini tes études, tu es recherché pour être embauché et tu es bien payé. Mes parents se chargent des coûts pour mon départ si j’obtiens le visa.

Ils espèrent qu’une fois sur place, je travaillerai pour leur envoyer de l’argent. Si tu n’es pas paresseux, tu peux t’en sortir. Travailler et étudier en même temps n’est pas facile mais si tu sais ce pourquoi tu es là-bas, tu n’auras pas de problèmes J’ai des amis qui y sont déjà, j’irai les rejoindre très bientôt". Après s’être excusé, M. Bougma enfourche son vélo et s’éloigne à grand coups de pédales. Comme Bougma, ils sont nombreux ces jeunes qui désirent traverser l’océan à la recherche d’une vie meilleure pour eux et pour leurs familles.

Mme Ouédraogo Sibdou, agent de renseignements à l’ambassade : "Pendant les vacances, il y’a foule ici. Etudiant ou non, les jeunes se bousculent pour déposer ou retirer les demandes de visa. Les lundis et jeudis étaient les jours réservés aux dépôts et retraits de visas, mais vu l’affluence, nous nous sommes vu contraints d’ajouter un autre jour, le mercredi. Toutes les demandes ne sont pas forcément acceptées, mais beaucoup d’étudiants l’obtiennent et même certains jeunes qui n’ont pas forcément fait d’études".

"La vie est dure à Ouaga !" nous confie Moussa Ouédraogo, réparateur de vélos, assis avec un groupe de jeunes sous son hangar. “ Si j’ai moi-même la moindre occasion de partir, je n’hésiterai pas. Pour nous qui n’avons pas fait d’études, c’est plus compliqué. Il faut beaucoup d’argent et moi avec mon travail, ce n’est pas suffisant. La vie là-bas et ici c’est différent. Ici, tu peux travailler dur sans même avoir de quoi assurer ton repas de tous les jours, hors là-bas, le travail est bien rémunéré, l’effort récompensé. Moi je suis mécanicien, mais je peux tout faire, laver, balayer, garder, réparer, couper, descendre, tout quoi ! Une fois aux Etats-Unis, tu peux mieux aider ta famille grâce à l’argent que tu vas obtenir et leur envoyer ; tu peux acheter un terrain et construire, tu peux faire des économies.

Ça fait longtemps que je suis mécanicien et j’ai toujours des difficultés pour satisfaire mes propres besoins à plus forte raison ceux de mes parents »`. « Le pays est saturé, il n’y a pas de débouchés, pas de travail, rien », nous explique un jeune agent commercial. « Si demain on m’offre un billet d’avion pour n’importe quelle ville des Etats-Unis, je m’en irai sans un instant d’hésitation. Mon but sera de faire fortune avant de revenir au pays. Je suis prêt à faire n’importe quel travail, pourvu que je gagne assez d’argent » Ajoute-t-il. Le constat général qui se dégage est que les jeunes fuient le désœuvrement, ils se sentent inutiles pour leurs familles en restant dans la même « galère ».

Mme Héma Makoura, témoigne : "Cela fait plus de 15 ans que mon mari est mort, me laissant dans les bras, deux petits garçons. Je ne suis jamais allé à l’école, je me débrouille dans la vie pour élever mes deux enfants. Pendant longtemps, j’ai fait la navette entre Abidjan et Ouagadougou pour revendre des denrées prisées comme l’attièkè, l’huile de palme etc. Mes fils ont suivi le cursus scolaire normal grâce à ce commerce, puis quand le poids de l’âge s’est fait ressentir, j’ai pris une place au marché de pissy où, jusqu’à aujourd’hui, j’écoule les produits que je vais payer à la gare. Quand l’aîné a obtenu son BAC avec mention et qu’il a obtenu une bourse d’études pour les Etats-Unis, j’ai béni le ciel. Deux ans après son départ, il m’envoya de quoi construire un bâtiment plus grand que celui que nous occupions auparavant, il y a fait mettre l’électricité, le téléphone. Il a terminé ses études et travaille aujourd’hui comme ingénieur en architecture dans une société là-bas. Dernièrement, il m’a même acheté un téléphone portable. Souvent je suis assise derrière ma table au marché et mon téléphone sonne : c’est lui qui m’appelle. Ce fils est un don pour la famille. Depuis quelques temps, il paie la scolarité de son petit frère qui va bientôt le rejoindre. Que puis-je demander de plus à Dieu ? Je ne peux pas vous dire à quel point cet enfant me soulage de mes peines. Je ne suis pas sûr que s’il était resté ici au pays, il aurait pu faire tout cela. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je veux que son frère le rejoigne. Il y’a de l’avenir là bas pour eux. Ici tout est saturé ». M. Kagambèga, agent comptable dans une société de la place nous raconte : « Afin de pouvoir fournir le document nommé capacité financière, il m’a fallu emprunter une grosse somme à un ami que j’ai fait virer dans mon compte, le temps de l’examen du dossier de demande de visa. Il me fallait coûte que coûte faire partir ma fille aux études au Canada. Depuis qu’elle y est, c’est un soulagement pour nous. Elle poursuit ses études normalement, ce qui n’aurait pas été forcément le cas, si elle était restée ici. Nous savons qu’elle sera très bientôt financièrement indépendante et qu’elle pourra même de temps à autre envoyer de l’argent de poche à ses frères ».

Linda Marlyse SOMDA
(Stagiaire)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 3 septembre 2008 à 06:32, par Zoodo En réponse à : Migration de jeunes Burkinabè : Les Etats-Unis, destination de rêve

    Effectivement beaucoup de Burkinabe pensent qu’en Amerique meme les arbres produisent de l’argent. Bien sur il ya des immigres qui reussissent ici. Mais comme l’a deja dit quelqu’un ils n’etudient pas. Moi je suis au US depuis une annee mais je n’arrive pas a payer mon ecole( seulement les cours d’Anglais). Alors que je suis eberger et nourrit gratuittement(du moins pour le moment). L’universite est tellement chere que j’ai regrete le fait que je n’ai pas appris l’anglais avant de venir. C’est trop moins cher au Faso. Je travaille mais cela ne suffit pas. Ceux qui veulent venir etudier au US doivent prendre tous les renseignements avant de prendre l’avion au lieu de se laisser flatter par certaines personnes. Les etudes en Amerique sont pour enfants de riches ; evidemment je n’oublie pas la grace de Dieu. Mais il faut avoir les moyens de sa politique avant de bouger. Sinon tu deviendras homeless et tu n’auras meme pas l’argent pour le billet d’avion. Les africains vivant ici mettent des vestes et cravattes quand ils repartent dans leur pays. Vous ne savez pas comment ils vivent ici. Je veux justes que les gens se renseignent avant de venir au States. Merci

    • Le 4 février 2011 à 03:08, par Le Saint En réponse à : Migration de jeunes Burkinabè : Les Etats-Unis, destination de rêve

      Tu es tres ingras mon frere,surtout remerci le ciel de t’avoir permi de fouler le sol americain,ici c’est la liberter et l’egalite pour tous,et il faut se battre tous les jour meme quand on est americain pour gagner son pain.
      Beaucoup d’immigrees passe le temps a dormir,mais ceux d’entre eux qui se batteent pour s’en sortir,peuvent etre fiere de porter des vestes quand ils rentrent au pays.Fait la genese de ton histoire avant l’obtention de ton Visa,et surtout met toi au travail,car seul le travail paye.
      Le reve Americain est toujour d’actualite,meme malgrer la crise. il faut bosser.

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