Une impatience qui peut être de bonne guerre lorsque les "enfants" ne mouillent pas le maillot, mais qui était déplacée en l’occurrence, les Etalons ayant joué à leur main tout au long de la partie, marquant quand il le fallait et temporisant à bon escient. C’est qu’en face, l’adversaire n’était pas un foudre de guerre, ce qui a amené le coach Duarte à "séquencer" son jeu et à expérimenter des combinaisons qu’il n’aurait osé pour rien au monde devant un adversaire de calibre supérieur. Sur le premier point, on a vu que les Etalons ont assuré dès la demi-heure de jeu, avec deux buts dont le second, celui de Kéré, illustre toute l’inculture tactique des Pirates.

Une défense qui s’est laissée totalement "aspirer" par l’appel de balle de Dagano sur le flanc droit, ce qui a permis à ce dernier d’offrir un caviar à son capitaine. On se serait presque cru à un match de quartier où le "huriah-football" est de mise, la tactique étant reléguée au second plan. Une lacune que Duarte a perçue dès le match-aller ce qui l’a amené, et, c’est le deuxième point, à faire jouer deux milieux offensifs (Maïga & Alain Traoré) et un joueur de couloir, Pitroipa, à l’apport défensif quasi-nul. Une option qui lui permettait de gérer les états d’âme de certains éléments (Traoré Sibiri Alain) à peu de frais et surtout de les voir et de les juger en situation de compétition.

Curieusement, nombre d’observateurs n’ont pas compris cette option, fustigeant "l’imprudence" du coach, alors que celui-ci jouait sur du velours. Dans le football moderne, on ne parle plus de défense et d’attaque stricto sensu mais d’animation défensive et offensive. Laquelle est dévolue au bloc-équipe, la déficience de l’une entraînant celle de l’autre comme l’équipe de France nous l’a montré à l’Euro 2008. En faisant sortir Tassembédo pour Alain Traoré, Duarte avait Kéré comme pièce de rechange défensive pour contrer un éventuel réveil des Pirates. Du reste, le capitaine s’est repositionné dans l’axe et Paul Coulibaly a "glissé" comme latéral.

Il faut donc que nos supporters se mettent au diapason des Etalons "new-look", s’ils veulent donner des chances à notre football de progresser réellement. Quand on vient au stade sans avoir une culture footballistique, il est difficile de lire les phases de jeu et les schémas tactiques élaborés par un entraîneur. Il sied dans ce cas de se contenter de supporter, plutôt que de crier sur les joueurs au risque de les "paniquer". Les patrons des supporters burkinabè ayant eux cette culture "foot", il leur revient d’élever le niveau de leurs ouailles sauf à vouloir laisser ceux-ci se transformer en ennemi public numéro un des Etalons.

Face à une équipe comme la Tunisie en septembre prochain, le débat sera autrement plus élevé et, la pression des supporters pourrait se transformer en arme de destruction massive. Les supporters (?) peuvent donc être le talon d’Achille dans la renaissance des Etalons. Marshall et les autres ont deux mois pour jeter les bases de ce travail de conscientisation, dont la réussite conditionnera pour beaucoup l’admission des Etalons dans la cour des grands. Comme quoi, la formation toutes tendances confondues est vraiment la priorité des priorités.

Boubakar SY

Sidwaya