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Nouvelle subdivision de Ouagadougou : Simon Compaoré a trop de problèmes

Publié le vendredi 11 avril 2008 à 11h05min

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Simon Compaoré

Est-il possible d’obtenir suffisamment d’informations, en deux minutes, sur un sujet aussi important que celui portant sur la nouvelle subdivision de Ouagadougou, avec le maire Simon Compaoré ? Cela n’a pas été facile, mais dans une ambiance tantôt détendue, tantôt surchauffée, le bourgmestre de la capitale rencontré le 9 avril 2008 dans ses locaux, a craché ses vérités sur le projet. En une vingtaine de minutes d’entretien, Simon Compaoré a avoué qu’il est trop préoccupé.

Sidwaya (S.) : D’où vient l’idée de découpage de la commune de Ouagadougou en 10 arrondissements ?

Simon Compaoré (S.C.) : Attention, il ne faut pas aller trop vite en besogne ! Personne ne vous a dit que c’est dix, plus ou moins. Cela est-il sorti de ma bouche ? J’ai reçu une lettre, datée du 18 mars 2008, du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD), Clément Sawadogo me disant qu’au regard de l’évolution constatée dans la ville de Ouagadougou, il fallait agir. On remarque que la population s’est accrue et les problèmes de délivrance des services sociaux de base sont devenus complexes de même que ceux de l’état civil. Le nombre de la population dont chaque maire a la charge, est devenu trop lourd. Egalement, l’étendue des territoires des arrondissements, est devenue très importante si bien qu’il devient de plus en plus difficile de contrôler et de gérer. Il est donc apparu la nécessité de revoir le découpage de la commune de Ouagadougou en des entités qui permettent aux maires et aux conseillers municipaux de mieux gérer et d’offrir des prestations de qualité aux populations. Le MATD nous a alors demandé de prendre les dispositions nécessaires pour faire des consultations afin de recueillir des propositions pertinentes, pour porter cela à l’attention du gouvernement. Celui-ci examinera et portera les amendements utiles qui s’imposent.

S. : Avez-vous consulté vos collaborateurs avant de passer à la phase d’exécution du projet ?

S.C. : Non, non, non. Ecoutez ! Ne parlez pas de ce que vous ne savez pas. J’ai reçu la lettre du ministre Sawadogo au moment où je m’apprêtais à voyager. Immédiatement, j’ai informé les cinq maires d’arrondissement. J’ai aussi informé les responsables des trois groupes politiques qui sont au sein du conseil.
Vous faites bien de venir, car si vous aviez écrit, j’allais ouvrir le feu sur vous. C’est clair, c’est net parce qu’il n’est pas bien de procéder ainsi. Nous avons fait preuve de transparence totale. Les trois groupes politiques au sein du conseil, à savoir le CDP, l’UNIR/MS et l’ADF/RDA dont les 162 conseillers dépendent, étaient informés. J’ai lu la lettre du MATD en leur présence avant que je ne voyage. Les maires ont été informés qu’à mon retour, ils devront organiser des sessions élargies pour échanger sur le projet. Le redécoupage de la commune de Ouagadougou n’est pas de notre initiative, cela vient du MATD. J’ai déjà pu rencontrer les maires des cinq arrondissements en compagnie des conseillers et des personnes-ressources. Pour le faire, il fallait qu’on émette des hypothèses et donner une carte de travail. Ce n’est pas une camisole de force, c’est aux maires et à leurs collaborateurs de voir ce qui sied le plus. S’ils ont des propositions, ils le feront. C’est responsable de ma part de procéder ainsi. Je ne peux pas aller dire de discuter sans un minimum d’orientations. Nous, nous avons proposé que pour qu’un arrondissement soit gérable, il faut que la population soit comprise entre 50 000 et 150 000 habitants. Et comme nous estimons la population de Ouagadougou de nos jours, à 1,5 million, si on prend 150 000 par arrondissement, cela fait 10 arrondissements. Mais si on se réfère à la borne inférieure, nous pouvons avoir plus d’arrondissements à Ouagadougou. C’est donc des hypothèses et non des "trucs" arrêtés.

S. : D’aucuns pensent que c’est un "deal" entre vous et le MATD, Clément Sawadogo. Est-ce vraiment le cas ?

S.C. : Ecoutez, ça ne m’intéresse pas. J’ai autre chose à faire que de patauger dans la médiocrité ! Mais quel arrangement ? Arrangement, pourquoi ? Ça c’est parce qu’on veut nous associer. Quand on faisait le découpage en 1983, a-t-on appelé les gens pour leur demander de faire des propositions ? Si vous n’étiez pas là, renseignez-vous pour savoir comment les arrondissements ont été taillés. Mais c’est sorti là ! On me demande de consulter les gens, et il en sort de la médiocrité. Si le gouvernement voulait, il pouvait tracer les limites des arrondissements et envoyer ce qu’il a arrêté. Et point ! J’estime que sa démarche nous honore et respecte les élus. C’est pour une démarche participative qu’on demande notre point de vue. Au dernier découpage, j’étais là à Ouagadougou, au Burkina Faso et je parle en connaissance de cause, on n’a consulté personne.

S. : Cinq arrondissements de plus, ce sont cinq mairies à construire. Avez-vous les moyens de votre politique ?

S.C. : Ecoutez, qu’est-ce qui vous regarde ? On a dit pareille chose pour les communes rurales. C’est créé ou pas ? Il y a des maires ou il n’y a pas des maires ? Laissez ça ! Si on fait comme ça, on allait vous demander si vous pourrez tirer le journal tous les jours. Bon an, mal an, avec vos machines, vous faites sortir le journal. Quand on veut travailler, on ne se fait pas remorquer sur des considérations de ce genre. Si c’était le cas, telle que la ville de Ouagadougou est, elle ne le serait pas de nos jours. Nous avons vu la physionomie de la ville en 1985. C’est parce que nous avons osé déplacer les anciennes bornes. Quand on est un gestionnaire, il faut prendre son courage à deux mains, parce que pour changer, c’est difficile, mais pour rester dans le statu quo, il n’y a rien de plus facile. Si vous êtes responsable et que vous vous plaisez dans le statu quo, c’est l’histoire même qui vous
condamnera.

S. : Certains de vos adversaires politiques estiment que c’est un manège pour permettre à votre parti, le CDP, de mieux contrôler la commune de Ouagadougou lors des futures élections municipales. Le confirmez-vous ?

S.C. : Je m’en fous de ce qu’ils pensent. Ma préoccupation, c’est que la ville de Ouagadougou soit bien gérée, bien maîtrisée du point de vue de son évolution. Nous voulons édifier une ville, dont les responsables sont en mesure de donner des services de qualité aux populations, de travailler à améliorer la qualité de vie des populations et d’être proches d’eux. Le reste, je n’en ai cure.

S. : Que feriez-vous si la population rejette le projet ?

S.C. : (Rire) mais, vous-mêmes, vous êtes en brousse ou quoi ! Ecoutez, les propositions qui seront faites vont remonter. Qui vous a dit qu’on fait un référendum ? Moi, je ne suis pas ces gens-là pour gérer la ville. C’est la population que moi j’écoute. Je n’écoute pas des politiciens...

S. : Quels ont été les critères du découpage que vous proposez ?

S.C. : On ne découpe pas au hasard. Il faut que vous puissiez montrer qu’en procédant de telle entité, c’est tel nombre de personnes qui vivent dans telle entité. Si on ne vous donne pas des éléments, vous ne pouvez pas imaginer que c’est tel nombre de personnes que renferme un secteur. Par contre, l’urbaniste qui a fait la carte peut estimer la population. Il faut faire des découpages à proportions équilibrées. C’est pour cela qu’il fallait qu’on donne des éléments de base. C’est aussi une occasion pour corriger certaines anomalies. Par exemple quand vous prenez la route de Pô jusqu’à Ouaga-inter. A gauche, c’est le secteur n°15. Savez-vous qu’à droite aussi, en allant vers le mur de l’aéroport, c’est le secteur n°15 ? Cela crée une confusion. La limite n’est pas nette, or, pour éviter les contestations, il faut prendre des limites qui sont suffisamment claires. Si on me demandait, je donnerais comme limite la route de Pô.
C’est clair et à gauche, autre chose, mais pas n°15. Nous profiterons donc pour préciser les limites des arrondissements et celles des secteurs. Même moi, il y a des coins où je faisais des confusions. C’est pourquoi dans mes éléments d’hypothèses, j’ai proposé comme limites, les éléments naturels comme les barrages, des bandes vertes. Est-ce que ça, c’est faire de la magouille ? Ce sont ces gens qui n’ont rien à faire qui pensent voir la magouille partout. Moi, j’ai trop de problèmes. Mes préoccupations, c’est pouvoir terminer les routes qu’on bitume, les caniveaux avant la saison des pluies et terminer les ponts en construction. Le reste, je m’en fous. Nous, nous sommes là pour un certain temps. Il y a d’autres qui vont venir ! Pourvu que celui qui vient pose une brique, c’est tout.

Ali TRAORE (traore-ali2005@yahoo.fr)

Sidwaya

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