Réajustement ministériel : Ce n’est pas le casting de rupture !
Le léger réajustement ministériel intervenu dans le courant du week-end de la fête pascale vaut, déjà, au Premier ministre, des tombereaux d’intrigues politiques, grosses matinées d’accusation fractionniste du CDP (le parti au pouvoir) et de l’exécutif.
Du coup, les analystes politiques qui prétendent être dans les secrets des dieux sont sortis brusquement des réjouissances festives de la Pâques pour ronronner dans les cercles d’amis et babiller dans les débits de boisson sur ce que d’aucuns appellent le « séisme politique » gouvernemental de la IVe République. La dynamique d’un gouvernement est à la fois une exigence et un équilibre au service de la République. Et c’est en cela que les volontés à solliciter et les hésitations à vaincre, etc. ne sont jamais de trop pour consolider les fondements de la démocratie et le ciment unitaire et réunificateur de la Nation burkinabè.
Où est donc l’os, si Salif Diallo quitte le gouvernement ? Nul, absolument nul, n’est politiquement inamovible. Du reste, si ce qui lie Blaise Compaoré à Salif Diallo va au-delà d’une vieille amitié épurée, le départ du ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques du gouvernement vient honnêtement confirmer la sincérité d’une complicité jamais écorchée entre les deux hommes.
Il y a vraiment lieu d’arrêter de surchauffer intentionnellement les esprits en faisant croire à l’opinion publique que Tertius Zongo a été cornaqué par les adversaires politiques de Salif Diallo qui paierait ainsi le prix fort de son non-allégeance à l’équipe gouvernementale. Ce n’est pas juste de conclure hâtivement que le départ surprenant de Salif Diallo n’est que l’ombre de la victoire personnelle de François Compaoré qui ne fait pas partie, du reste, du gouvernement et qui ne détient non plus aucun mandat électif. Salif Diallo est parti, mais il lui appartient de prouver le contraire. Car il y a des soleils qui ne se couchent pas : ils se réorientent et éclairent d’autres facettes inexplorées de la terre nourricière.
L’entrée de la députée Cécile Béloum, femme de fer de la machine électorale du CDP-Yatenga, au gouvernement est encore la preuve politique qu’il y a encore une poignée de revenants proche de l’ancien ministre, qui ternit ainsi le casting de rupture d’avec l’ère Salif Diallo. Il n’appartient pas à Salif Diallo d’inventer l’éternité. Son combat politique permanent et sa longue fidélité à Blaise Compaoré ont beaucoup été des données déterminantes d’appréciation pour le président du Faso sur, bien sûr, le chemin de son destin national.
Blaise Compaoré et Salif Diallo ont donc la singularité d’avoir fait harmonieusement coïncider leur combat politique et leur longue amitié à ce que tous les deux tiennent pour vrai pour le peuple burkinabè. On aura remarqué. Au plus fort des rumeurs affolantes et destructrices à Ouagadougou, l’homme est resté serein et toujours disponible pour dénouer la parole et les silences des méchantes gens. De là d’ailleurs, il en a puisé toute sa force et nourri ses doutes.
En quittant le gouvernement au moment même où l’on s’attendait le moins, l’enfant du Yatenga sort blanchi de toutes les épreuves de la vie comme d’une machine à tambour. Du coup, il évite ainsi d’entrer en concurrence avec sa propre légende. Salif Diallo est entré sous les ors de la IVe République. Il est donc souhaitable qu’il continue à mêler ses applaudissements à ceux du gouvernement de Tertius Zongo. Il appartient maintenant au Premier ministre et à l’entourage du chef de l’Etat de donner suffisamment la preuve aux Burkinabè, juges de l’opportunité et de la durée électorales, que le départ de Salif Diallo du gouvernement est loin de lui porter l’estocade.
Idrissa NOGO
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