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Contre L’Observateur : Saboteur obtient son franc symbolique

Publié le mardi 12 février 2008 à 09h43min

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En 35 ans d’exercice de la profession de journalisme, c’est bien la première fois que notre journal perd un procès. A ce jour, il en avait toujours réchappé, et pourtant Dieu seul sait combien de fois il a été attrait devant les tribunaux.

Et ironie du sort, le voilà aujourd’hui sous le coup de la loi du fait d’une plainte déposée contre lui par une de ses anciennes plumes, en l’occurrence Drissa Traoré dit Saboteur, animateur en son temps d’une rubrique sportive à travers ses colonnes.

L’ancien international et ex-sélectionneur des Etalons s’était résolu à ester en justice contre Edouard Ouédraogo, directeur de publication du quotidien L’Observateur Paalga et Lassina Traoré, 2e vice-président de l’Union nationale des supporters des Etalons (UNSE) pour diffamation et déclaration injurieuses.

La source du litige, une tribune signée par le 2e vice-président de l’UNSE et publiée le 6 novembre 2007 dans les colonnes de L’Observateur sous ce titre : « Lassina Traoré à Saboteur : Comme ton nom l’indique, c’est la pagaille qui t’arrange ».

Estimant que cet écrit n’était qu’un tissu de mensonges et d’injures qui portait atteinte à son honneur, Saboteur, par exploit d’huissier, a cité à comparaître devant le tribunal correctionnel de Ouagadougou, l’auteur de l’article et le journal, pour diffamation et déclarations injurieuses. Le dossier a été appelé le 28 janvier 2008 (ndlr : pour plus d’information, lire notre édition du mardi 29 janvier 2008). Les débats ont duré plus de trois heures.

A la barre, Edouard Ouédraogo et son conseil, Me Mahamoudou Bambara, ainsi que Lassina Traoré et son avocat, Me Issouf Sawadogo, ont tenté de montrer qu’en fait, ils n’ont jamais voulu nuire à Saboteur. L’auteur de la tribune a même demandé pardon à l’ex-entraîneur des Etalons et justifié son écrit par le contexte national footballistique très tendu lors du dernier semestre de 2007.

Pour sa part, Saboteur et son conseil, Me Prosper Farama, ont soutenu le contraire. Pour eux, il y a eu bel et bien diffamation et déclarations injurieuses par voie de presse. Et ils ont été suivis en cela par le parquet. Ce jour-là, à la fin des débats, le plaignant avait même refusé le pardon que lui demandait Lassina Traoré. Le délibéré avait été fixé au 11 février 2008.

Hier donc, les protagonistes de ce dossier étaient au tribunal pour prendre connaissance du verdict. Dans ses délibérations, le tribunal a rejeté les exceptions soulevées par les prévenus et les a déclarés coupables des faits à eux reprochés. C’est pourquoi, en répression, Edouard Ouédraogo a été condamné à une peine d’amende de 300 000 F ; le prévenu Lassina Traoré a écopé d’une peine de prison de 3 mois avec sursis et d’une amende de 300 000 F. Le tribunal a reçu la constitution de partie civile de Drissa Traoré mais l’a déclarée partiellement fondée.

En conséquence, les prévenus ont été condamnés solidairement à payer au plaignant la somme de 1 F symbolique au titre des dommages et intérêts et 300 000 F au titre des frais exposés (honoraires d’avocat) par la partie civile. Le tribunal a condamné les prévenus aux dépens (à payer les frais générés par ce procès) et enfin, à publier à leurs frais, le verdict, et cela, en 5 parutions dans les journaux suivants : "Le Pays", L’Indépendant, L’Observateur Paalga et Sidwaya.

Saboteur a donc gagné son procès. Et naturellement, selon son avocat, Me Prosper Farama, « mon client est satisfait mais n’en tire aucun orgueil ». Une fois encore, Me Farama a dénoncé « l’incohérence de la loi sur la presse qui fait qu’en toute circonstance, le journal est poursuivi comme l’auteur principal de l’infraction tandis que l’auteur de l’écrit ne comparaît qu’en qualité de complice.

Je peux à la limite comprendre quand c’est le journal qui signe l’article. Mais quand c’est une tribune signée par un individu qui ne fait pas partie du journal, on doit revoir les choses. Si on maintient la législation actuelle en l’état, cela prédispose les médias à s’autocensurer ». Pour lui, ce procès montre qu’il est temps d’aller rapidement à la dépénalisation des délits de presse.

San Evariste Barro

L’Observateur

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