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Football burkinabè : Une année de turbulences

Publié le lundi 31 décembre 2007 à 11h03min

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Seydou Diakité, président démissionnaire de la FBF

Quand il sera minuit ce lundi 31 décembre 2007, cela signifiera que l’année 2007 est désormais derrière nous. Une année au cours de laquelle beaucoup de choses se sont passées dans la vie de chacun. Pour parler sport, notamment du ballon rond, qui reste la métaphore préférée des amateurs d’émotions sportives, un coup d’œil sur le football burkinabè nous apprend que rien n’a marché comme l’an passé.

On a plutôt vécu une année de turbulences, qui a divisé les uns et les autres. Les choses se calmeraient-elles en 2008 ou les remous vont-elles continuer avec cette problématique élection qui se profile à l’horizon à la Fédération burkinabè de football (FBF) ?

L’équipe nationale de football, dans un pays, c’est quelque chose qui ne peut vous laissez indifférent. Quand elle cueille des lauriers, vous ne pouvez pas ne pas en tirer une juste fierté. Mais quand les résultats sont en deçà des attentes, les acteurs servent de cible aux critiques et souvent on ne s’est pas faire la part des choses. Le milieu est toujours comme ça avec des divergences d’opinion et la passion qu’est son lot quotidien.

Après notre absence à la CAN 2006, nous ne serons pas non plus au Ghana pour l’édition 2008, qui débute le 20 janvier prochain. Tout le Burkina Faso avait rêvé de voir son équipe nationale chez le voisin ghanéen, mais on a encore récolté la déception. Même le Ghana souhaitait notre qualification et voulait qu’on soit basé à Tamalé, une grande ville que les Burkinabè connaissent bien. Imaginez un moment, si les Etalons avaient transformé le rêve en réalité, le nombre de personnes qui auraient pris la route de Po pour Tamalé.

L’ambiance aurait été à la fête en route avec les cars des supporters qui n’auraient pas manqué d’être de la partie. La police ghanéenne aurait sûrement facilité leur tâche en leur souhaitant bonne chance. Mais la réalité est là aujourd’hui, implacable et il faut l’admettre. Et pourtant, après le tirage au sort de ces éliminatoires de la CAN 2008, on était au départ convaincu que le Burkina Faso aurait son mot à dire dans le groupe 7, qui était quand même jouable. Ses trois adversaires étaient le Sénégal, le Mozambique et la Tanzanie. A défaut de la première place, qui nous qualifiait d’office pour la phase finale, on espérait être parmi les trois meilleurs deuxièmes des groupes de 4, qui pouvaient accompagner les autres qualifiés.

Et Saboteur survint

A quelques mois du début de la compétition, les Etalons étaient sans entraîneur, le technicien français Bernard Simondi ayant fait faux bond à la Fédération burkinabè de football (FBF). Dès lors, le bureau exécutif n’avait pas d’autre choix que de recruter un nouvel entraîneur. Alors qu’on s’attendait encore à un Européen, on n’est pas allé cette fois-ci chercher loin :on a fait confiance à l’expertise nationale et c’est Drissa Traoré Malo dit Saboteur qui a été sollicité pour manager de nouveau le onze national après sa dernière éviction spectaculaire en pleine CAN 96 à Bloemfontein en Afrique du Sud. Un entraîneur connu comme le loup blanc, dont beaucoup de gens avaient salué le retour, parce qu’ils voyaient en l’homme un patriote rigoureux dans le travail. Mais d’autres, par contre, avaient une autre opinion de lui, réputé difficile et capable d’avoir la tête près du bonnet pour la moindre observation.

Le premier test de Saboteur, c’était à Dar-es Salam, en septembre 2006, où son équipe a essuyé une défaite face à la Tanzanie (2-1). Les Etalons, après ce mauvais galop, allaient se racheter à Ouagadougou en octobre 2006 en prenant, à la grande surprise, le meilleur sur les Lions de la Teranga (1-0). Avec cette victoire, du coup, l’espoir renaissait et il fallait confirmer ce réveil. Mais les Etalons ne le feront pas, puisqu’ils seront tenus en échec par les Mambas du Mozambique (1-1) au stade du 4-Août en mars 2007.

En trois sorties, les Burkinabè totalisaient 4 points après la phase aller. Les matches retour étant prévus trois mois après, Saboteur, dans ce laps de temps, accorde un entretien à une radio de la place et promet de faire des révélations quand il ne sera plus entraîneur. La Fédé, son employeur, au cours d’une réunion, décide purement et simplement de le limoger. On estime qu’il parle trop au lieu de faire son travail, surtout que les Etalons sont mal lotis au classement. Pendant que Saboteur constitue un dossier pour intenter un procès contre la Fédération, Diakité et ses hommes sont en quête d’un nouvel entraîneur. Celui à qui on fait appel connaît déjà le pays et répond au nom de Didier Notheaux. Malheureusement, les trois derniers matches du onze national se soldent par des défaites. D’abord contre le Mozambique à Maputo (1-3), ensuite contre la Tanzanie (0-1) et enfin contre le Sénégal (1-5). Le miracle n’a pas eu lieu.

Le fait marquant de ces éliminatoires, c’est que lors de la 5e et avant-dernière journée on a frôlé la catastrophe au stade du 4-Août. Des hooligans ont balancé des projectiles de toutes sortes dans la main courante et pire, mis du feu dans des tribunes. Comme si cela ne suffisait pas, à la sortie du stade, ils avaient cassé les vitres des guichets. Les jours qui ont suivi cette prestation indigne des Etalons il y avait une véritable levée de boucliers. Les critiques étaient de plus en plus acerbes, ce qui a amené la Fédération a rencontré les clubs de D1, de D2, les ligues, les districts et les clubs féminins au centre technique national, sis à Ouaga 2000. Au sortir de cette assemblée générale, ils ont tous renouvelé leur confiance au comité exécutif. Mais quelques jours plus tard, la Fédération finira pas démissionner, puisque le climat était devenu insupportable.

Un comité transitoire a été mis en place avec pour mission de faire le toilettage des textes. Ce travail terminé, on s’achemine vers des élections pour élire un nouveau président de la FBF le 12 janvier prochain même si, là aussi, les choses sont en train de se corser. L’année 2008 nous serons sur plusieurs fronts, notamment les éliminatoires jumelées de la CAN 2010 et le mondial en Afrique du Sud. Va-t-on cesser de se jeter les peaux de banane pour permettre aux nouveaux venus de travailler dans la sérénité ?

Justin Daboné

Observateur Paalga

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