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Nuit de l’excellence de l’AJSB : Des interrogations sur le choix du meilleur entraîneur de football

Publié le vendredi 30 novembre 2007 à 12h12min

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Le choix du meilleur entraîneur de football de l’année 2007 par l’Association des journalistes sportifs du Burkina (AJSB) lors de sa nuit de l’excellence est au coeur de l’article qui suit. Son auteur s’adresse au président de l’AJSB et s’interroge sur les critères qui ont prévalu au choix de l’entraîneur du football club de Ouagadougou (CFO), Seydou Kroll, au détriment d’autres, plus méritants à ses yeux.

"L’AJSB a gratifié les téléspectateurs en ce jour du Ramadan d’une nuit des champions riche en animation dans une organisation qui se passe de commentaire.

Cette belle initiative de l’AJSB qui honore le sport burkinabè dans son ensemble est une précieuse contribution à la promotion de l’excellence dans tous les sports. Aussi apprécions-nous avec satisfaction la fin d’un climat délétère qui a longtemps régné au sein des journalistes sportifs, concrétisée par l’existence aujourd’hui d’une seule structure, creuset d’intervention de tous les journalistes sportifs du Faso.

Monsieur le Président de l’AJSB, le choix de meilleur entraîneur de football de l’année semble être à la tête du client. Nous n’allons pas peser nos termes, car le football burkinabè est gravement malade. En effet, il souffre de :

- mauvaise gestion des dirigeants plus préoccupés à leurs affaires qu’à l’intérêt supérieur des clubs, transferts illicites des joueurs des clubs qui profitent à des filoux et non à nos clubs, tricherie dans les compétitions de petites catégories et même dans le recrutement de jeunes pensionnaires des centres de formation, ce qui ne permet pas de préparer une relève sûre et honorable dans la mesure où ces jeunes ne disposent plus d’une bonne marge de progression.

Pour revenir au sujet, nous parlions de choix à la tête du client pour ce qui concerne le choix du meilleur entraîneur de football de l’année.

Si Seydou Zerbo, dit Kroll, entraîneur du CFO, a été désigné meilleur entraîneur de l’année 2007 parce qu’il a remporté le titre, le critère est alors sans ambiguïté, car Bamour Fall de l’EFO et Tchanilé Bana de l’ASFA-Y ont, eux aussi, été récompensés sur cette base. Mais là où le bât blesse, Monsieur le Président, Séraphin Dargani, après avoir réalisé l’exploit inédit de remporter le titre de champion du Faso Foot deux années consécutives avec deux clubs différents, RCK en 2005 et ASFA-Yen 2006, n’a même pas été convié à un magazine de sport comme invité de l’émission. Rien n’a été fait à l’honneur de cet entraîneur. Face à ce constat, on est en droit d’émettre toutes sortes d’hypothèses, notamment celle de récompense à la tête du client. Nous aimerions juste comprendre pourquoi un entraîneur qui a remporté 2 fois le titre n’est pas distingué ne serait-ce qu’une fois.

Des entraineurs exemplaires

En remettant le prix du meilleur entraîneur, pour vous paraphraser, Monsieur le Président de l’AJSB, vous avez laissé échapper qu’il s’agissait de bons résultats enregistrés sur ces dernières années. Nous allons d’abord accepter cette affirmation et l’analyser sur la base des résultats enregistrés par quelques entraîneurs du Faso Foot sur une période de trois années.

1. L’entraîneur ghanéen de l’USO a enregistré les résultats suivants : finaliste malheureux de la coupe du Faso en 2007, 3e du Faso Foot en 2006, champion de la coupe du Faso en 2005.

2. Brama Traoré du Racing. Depuis plus d’une décennie, les clubs de la ville de Sya ont perdu de leur rayonnement et sont loin de jouer le titre pour les raisons qu’il serait superflu d’évoquer car elles sont connues du public. Ce préalable est important à préciser car, en dépit de cela, Brama Traoré a été champion de la coupe du Faso en 2007, vice-champion de la coupe du Faso en 2006 ; aussi a-t-il stabilisé le Racing durant ces trois années au milieu du tableau et parfois même dans le quatuor.

3. Le jeune entraîneur de Banfora, disposant de moyens modestes et d’un effectif de qualité très moyenne, est arrivé à maintenir le club de la capitale du Paysan noir au sein de l’élite.

4. Ousmane Compaoré, dit Lato. Avec l’EFO, cet entraîneur au tempérament calme a travaillé dans une ambiance où il est pratiquement impossible d’obtenir de bons résultats : vente anarchique des joueurs clés, pression constante de supporters influents et violents... Cependant, en moins de deux saisons, Lato a offert à la Reine des stade, une place de vice-championne du Faso Foot en 2007, la coupe du Faso, la coupe AJSB et la coupe de la mairie en 2006.

5. Séraphin Dargani, avec l’USY cette fois. Ce club, un des promus en Dl en cette saison, a été au centre de tous les problèmes qu’un club devrait éviter : insuffisance de matériel sportif, arriérés de salaires, éviction de plus de la moitié des titulaires par indiscipline, obligeant l’entraîneur à jouer la phase retour du championnat avec son équipe réserve, absence de moyens logistiques adéquats pour effectuer les déplacements, etc. Sans baisser les bras, Dargani, de main de maître, est arrivé non seulement à maintenir le club du Yatenga en Dl, mais l’a aussi conduit en demi-finale de la coupe du Faso. A cette performance s’ajoute les deux titres de champion du Faso Foot non distingués et énoncés plus haut.

Face à ces entraîneurs, monsieur Kroll, à qui le titre a été décerné, a, à son actif, ces trois dernières années :

- le titre de champion du Faso Foot et de la coupe AJSB avec CFO en 2007 ;

- sixième au championnat 2006 ;

- montée en Dl en 2005.

Les résultats de monsieur Kroll sont certes excellents seulement en 2007, et ont besoin d’être confirmés les années à venir. C’est vrai qu’une équipe qui remporte le championnat avec deux années d’expérience en Dl vient de loin, mais, à analyser le contexte de notre championnat, CFO avait assez d’atouts pour remporter ce championnat pour les raisons suivantes :

1. nos fameux "grands clubs" sont en réalité de petits clubs car ils sont mal gérés et déchirés par toutes sortes de clivages ;

2. CFO a juste deux années en D2, mais une grande partie de son effectif est constituée de joueurs de la Dl et très expérimentée ;

3. CFO est l’équipe de la mairie, donc dispose du minimum dont a besoin un club pour réussir ;

4. CFO joue sans pression, ni sur ses joueurs ni sur son entraîneur.

Monsieur le président, au regard de ces données, si le critère est d’avoir de bons résultats sur un certain nombre d’années, monsieur Kroll est moins méritant que chacun des cinq entraîneurs cités en exemple. Notre remarque ne vise pas à contester pour remettre en cause, encore moins jeter l’anathème sur qui que ce soit, mais tout simplement demander à l’ AJSB d’être plus critique en établissant des critères qu’elle voudra bien porter à la connaissance du public sportif pour la désignation de l’entraîneur de l’année.

Veuillez bien nous excuser, Monsieur le Président, si, par moments, nous avons fait recours à des termes excessifs. Ceci s’explique par le fait que le charme du football, c’est aussi son côté passionnel.

Arzouma Adama Porgobr>
En service à la DRINA

Le Pays

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