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Dédougou, ville morte le 3 juin

Publié le vendredi 21 mai 2004 à 07h28min

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La marche des travailleurs du Mouhoun qui devait aboutir au
haut-commissariat pour la remise du cahier des doléances des
travailleurs le 1er mai dernier a été bloquée par la police.

Face à
cette situation qualifiée d’atteinte grave à la liberté syndicale, le
Comité de coordination des activités syndicales du Mouhoun a
décidé d’observer le 19 mai un arrêt de travail de 24 heures suivi
de sit-in pour protester contre ce qu’il qualifie d’abus de pouvoir.

Les travailleurs n’ont pas de nouveau eu accès au
haut-commissariat. Ils ont encore été bloqués par des éléments
de la Compagnie républicaine de sécurité. Cette fois-ci, la
tension est montée d’un cran au sein des travailleurs qui,
visiblement, en avaient ras-le-bol. Ils l’ont d’ailleurs exprimé aux
responsables de la police. Il a fallu l’intervention de la délégation
des centrales syndicales venue de Ouagadougou en soutien à
leurs camarades de Dédougou pour calmer les esprits.

Finalement, c’est une délégation de cinq personnes qui a été
autorisée à se rendre au haut-commissariat pour remettre la
lettre de protestation.
Encadré par des policiers, le haut-commissaire dira que c’est à
titre exceptionnel qu’il accepte recevoir ladite lettre. Selon lui, la
demande des syndicats n’a pas suivi les normes. Il ajoute aussi
que si la prochaine fois les conditions n’étaient pas remplies, il
ne les recevra pas. Après quelques échanges infructueuses, les
deux parties se sont séparées d’une manière cavalière.
Visiblement insatisfaits, les travailleurs entendent entreprendre
d’autres actions pour ce faire entendre.

Cependant, ils tirent une
réelle satisfaction de la mobilisation. Cette grève n’est
véritablement pas sans conséquence. Les 3/4 des
établissements des enseignements primaires et secondaires
du public sont restés fermés. Plusieurs unités de soins du CHR
(Centre hospitalier régional) de Dédougou sont restées fermées
au point qu’on a eu besoin de faire appel aux stagiaires et
autres inscrits sur titre pour assurer le service minimum à
l’hôpital. Les travailleurs du Mouhoun sont décidés à aller
jusqu’au bout.

Ainsi à l’issue de la conférence-débat sur le
thème, "1er mai et droit syndical", les travailleurs ont décidé
unanimement d’observer une autre grève, suivie d’une ville
morte le 3 juin. Les travailleurs sollicités dans les différentes
commissions pour les 8e Journées des communes du Burkina
qui doivent se dérouler à Dédougou, seront également retirés.

Par serge COULIBALY


Issa Madré,
haut-commissaire
du Mouhoun

"Les organisations syndicales nous ont informés seulement
qu’elles allaient en grève. Je crois que ça, ce n’est pas un
préavis. De mon point de vue c’est une grève sauvage,
puisqu’elle n’est pas autorisée. Le minimum aussi dans le
syndicalisme, c’est la discipline, c’est la courtoisie. Je considère
cette grève comme sauvage et nous allons prendre des
dispositions dans le sens de gérer cette grève sauvage. C’est
de notre responsabilité.

Autant nous devons les protéger, autant
nous devons protéger la population. Celui qui veut marcher, se
soumet aux conditions. Si les conditions sont respectées, il n’y a
pas de problème. Les manifestations sont garanties par la loi,
mais ce n’est pas n’importe comment. Il y a des préalables. Tout
le monde est assujetti à la loi. De mon point de vue, il y a
quelques personnes qui sont irresponsables, qui ne
connaissent pas les limites de leurs prérogatives et qui sont en
train d’embarquer les travailleurs sur de fausses pistes.

Djibrilou Tamboura, l’un des trois membres de la délégation de
Ouagadougou

"On remarque qu’il y a toujours la volonté des autorités, des
représentants des autorités ici, de restreindre la liberté. Aucune
situation ne justifie aujourd’hui au Burkina d’empêcher les
travailleurs de marcher le 1er mai. C’est un abus d’autorité qui
ne dit pas son nom.

Comme l’a souligné les centrales
syndicales, c’est un abus de pouvoir, c’est un zèle et c’est un
gâchis inutile. Vous voyez aujourd’hui que tout travail est arrêté
dans la commune et même à l’intérieur de la province pour rien.
Dans les autres pays, on ne parle pas de manifestation ou de
marche. On parle de défilé des travailleurs. Tous les pays qui
reconnaissent le 1er mai laissent faire et les autorités ont la
possibilité d’encadrer le défilé.

Toutes nos marches ont toujours
été pacifiques. C’est donc cette volonté de nuire. Certaines
autorités croient que la démocratie c’est la liberté pour ceux qui
ont le pouvoir, de faire ce qu’ils veulent. La démocratie suppose
aussi que l’autre aussi a des droits. Empêcher un travailleur de
fêter le 1er mai est très grave et les travailleurs ne vont jamais
accepter cela. Ce matin encore, vous avez vu : le maire qui dit de
s’adresser au haut-commissaire, le haut-commissaire qui ne
réagit pas, et les travailleurs ne savent pas à quoi s’en tenir.
Finalement ils sont obligés d’aller dans la rue pour se faire
entendre. Espérons que la prochaine fois les autorités vont
quand même lâcher du lest pour que les travailleurs puissent
exprimer leurs revendications.

Propos recueillis par Serge COULIBALY

Le Pays

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